VIRGILE L’Editorial de Titus FOLLY

VIRGILE Ahouansè, le directeur de « Crystal News », est en garde à vue depuis.hier. Convoqué à la Brigade criminelle, il n’est plus libre de ses mouvements. La Loi sur le numérique une fois encore sera-t-elle une parenthèse enchantée pour les acteurs des médias ? Analyse dans l’exercice de L’Editorial du jour.
Il fallait poser la question à VIRGILE en personne. Ni les aînés, ni moi, (l’un de ses très proches), malgré nos « testos » n’avions eu le courage de le faire avant les contingences survenues hier nuit, suite à la notification de sa garde à vue. A cette question, je réponds OUI et NON.
Oui, car le journalisme demeure encore une profession où le libre arbitre a tout son pesant. Pour la distribution des cloches et des faire-parts, après les arcanes de la collecte de l’information sur la base des points cardinaux, le journalisme en tenant compte de son libre arbitre peut décider d’écrire ou de diffuser en fonction du cadre réglementaire..NON d’autant plus que depuis juin 2017, la législature Houngbédji a adopté un volumineux code du numérique avec 662 dispositions, un code en vigueur depuis avril 2018.
Depuis que ce cadre réglementaire a trouvé grâce chez le législateur béninois, les journalistes (pointus) doivent s’éviter certains sujets très sensibles sur la « lune » et le « soleil ». En effet, avec ce code, le dernier clou a été mis dans le cercueil de la presse, car dans la pratique, il s’est révélé comme un instrument de répression de la liberté d’expression et de la liberté de la presse.
La dénonciation et le plaidoyer des médias et des ONG des droits humains n’ont pu changer notre destin..Si on doit saluer ce code pour la transformation structurelle de l’économie béninoise, mais au-delà, il n’est plus seulement une concentration d’investissements pour faire du Bénin, un hub numérique avec un accès individuel et collectif à toutes les utilités du digital. Avec le code, on a eu l’écrit électronique comme élément de preuve.
Ensuite, on a eu le cachet électronique qui vient compléter le dispositif d’identification électronique de la personne sans oublier la certification de la signature et autres avancées…
AVANT TOUT UN CODE..
Cependant, depuis 2018, on assiste à une parenthèse enchantée, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, ce texte juridique cache d’importantes menaces pour la liberté de la presse puisqu’il a arraché en moins de deux ans, le peu que nous avions obtenu après 20 ans de lutte.
En effet, ce code est venu marcher sur les circonvolutions de la Loi No 2015-07 du 20 mars 2015 portant information et communication, qui a partiellement depenalisé les délits de presse.Les journalistes sont convaincus que le code du numérique sort la loi sur l’information et la communication de son champ d’application en consacrant le retour des peines privatives dans un climat de censure et de peur.
Aussi, doit-on prendre en considération l’état d’âme des « censeurs » C’est le cas de l’autre qui a fait les 7 ème et 8 ème législatures que j’ai rencontré lors d’un dîner dans un restaurant à Cotonou hier. « Titus, on connaît aussi le « métier ».
A l’école, on vous enseigne que tout n’est bon à publier même si…», me disait-il avec « conviction ». Dans un tel contexte, il faut donc désormais avoir la loi sur le numérique sur sa savonnière avant tout.
Et pour longtemps, il faut éviter (comme je le fais d’ailleurs depuis 2018), les sujets sensibles qui fâchent et se contenter de la beauté du paysage qui savoure le Bénin dans ses odeurs tropicales de la nuit à l’aube. Je croise les doigts comptant sur la dextérité ou la clémence de la justice béninoise, car la place d’un journalisme n’est pas AILLEURS.
En dépit de cette procédure de garde à vue enclenchée, elle saura épargner VIRGILE avec ses espérances.
Site www.lafriqueenmarche.info du 21 décembre 2022 No 310
« La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.».