L'afrique en marche

Terrorisme/ Mozambique : Les djihadistes maitres de Palma, que feront la France et la Sté ‘’Total’’

Les groupes djihadistes ont lancé une attaque d’envergure contre la ville  de Palma (nord-est) du Mozambique  mercredi après-midi. Malgré la contre-attaque des soldats mozambicains lancés 24 heures après, l’armée régulière n’a pas pu repousser les jihadistes. Conséquence, Palma est dans les mains des insurgés. Que fera la France dont l’urne des multinationales en occurrence le groupe français ‘’Total’’ est à pied d’œuvre pour installer un mégaprojet gazier ?
Luc GUIDIBI, correspondant en Afrique du Sud.
Palma ressemble à une ville fantôme après un siège qui a duré 16 heures. Les chanceux parmi les populations ont dû quitter à la halte cette localité pour ne pas se faire assassiner. Les dégâts humains et matériels sont lourds. On parle de plusieurs dizaines de morts du côté civil dont un chef traditionnel qui a perdu la vie.
A Palma désormais, des jihadistes armés, connus sous le nom d’Al Shabab (« les jeunes » en arabe) et qui ont fait allégeance au groupe Etat islamique (EI) en 2019 règnent en maitres. Mercredi dernier, ils ont attaqué simultanément sur trois fronts. Malgré l’offensive des forces régulières, rien n’y fit. Ils ont gagné la bataille de Palma.
Après l’Afrique de l’Ouest plus précisément le Sahel et dans une certaine mesure la région des Grands lacs, voici le Mozambique (de Samora Machel, le père de la Nation de ce pays)  qui est écumé par des insurgés fondamentalistes sous la bannière de Daech dès 2015.  Mieux, ces contingences sont survenues alors que la paix est revenue avec l’accord entre le Frelimo, le parti au pouvoir depuis 1975, date de l’indépendance du Mozambique et la rébellion séculaire de la Renamo.
Il faut remonter à octobre 2017 pour mieux comprendre ce qui se joue actuellement. A cette date, le pays caressait l’espoir d’un boom économique spectaculaire. Sept ans auparavant une compagnie pétrolière américaine avait découvert de gigantesques réserves de gaz dans les sous-sols du pays, dans le nord plus exactement dans la région de Cabo Delgado. Son exploitation pourrait faire du Mozambique le premier producteur africain de gaz. Ce qui va multiplier son PIB par huit. Mais cette assurance d’un avenir économique radieux va basculer depuis lors avec l’insurrection des Al Shabab. Et voici l’attaque la plus meurtrière attribuée à cette secte islamiste établie dans le nord du pays et qui prône un islam radical.
Que fera la France ?
Hasard de calendrier, cette attaque est survenue le jour même de l’annonce par le géant français ‘’Total’’ de la reprise des travaux de construction sur le site gazier qui devrait être opérationnel en 2024. Au regard des contingences survenues, la société ‘’Total’’ a publié un communiqué.  « La remobilisation du projet qui était envisagée en début de semaine est bien sûr suspendue », ajoute le groupe.
Dans trois ans, un mégaprojet gazier auquel participe ce groupe français devrait voir le jour. Rappelons que les travaux du mégaprojet ont été paralysés par des violences durant plusieurs mois. Au regard de la situation, ‘’Total’’ a annoncé samedi suspendre la reprise du chantier de son projet de gaz naturel liquéfié (GNL) au Mozambique après ces combats à Palma. «Total suit très attentivement l’évolution de la situation en liaison avec les autorités et avec les équipes sur place.», déclare dans un communiqué le géant pétrolier. Rappelons que ‘’Total’’ a fait un investissement de 20 milliards de dollars soit 16,9 milliards d’euros. Que fera le gouvernement français ? Viendra-t-il à la rescousse de sa multinationale en difficultés ? Si oui de quelle sera la nature de ce soutien ? Logistique, miliaire ou sécuritaire ? Les observateurs avertis ne croient pas à la thèse d’un soutien franc du gouvernement français ni à ‘’Total’’ ni au gouvernement mozambicain. La seule piste probable dans ces conditions pour les spécialistes des faits et gestes du gouvernement français est de venir en aide de manière déguisée à cette multinationale française par le renforcement des mesures de sécurité du site et du personnel. Dossier à suivre.
Journal L’Afrique en Marche du lundi 29 mars 2021 

Bénédicte DEGBEY

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.