Tentative de coup d’Etat au Niger : Bazoum, le début du commencement ?

A deux jours de l’investiture du président élu, Mohamed Bazoum, Niamey, la capitale du Niger a été le théâtre d’échanges de tirs d’armes lourdes et légères nourris au petit matin de ce mercredi 31 mars 2021. Voilà qui démontre à plus d’un titre que Mohamed Bazoum vient d’être contraint de radicaliser son pouvoir.
Le quartier du Plateau qui abrite les bureaux et la résidence présidentielle a connu des tirs nourris dans la nuit de mardi à mercredi. Le gouvernement du Niger a dénoncé mercredi après-midi qu’une « tentative de coup d’État » pour « mettre en péril la démocratie » s’était produite et qui a échoué. La situation est sous contrôle avec la garde présidentielle qui a repoussé les assaillants. Ce groupe de militaires n’a pas pu s’approcher du palais présidentiel, car la Garde présidentielle a riposté.
De sources gouvernementales au Niger, il y aurait eu des arrestations de militaires. Il s’agit de quelques éléments de l’armée qui sont à l’origine de cette tentative de coup d’Etat.
Bazoum a-t-il mal commencé ?
A cette interrogation, il va de soi qu’affirmer que Mohamed Bazoum dans l’antichambre pour prendre le pouvoir a mal commencé n’est pas une vue étriquée de l’esprit. Et ce pour plusieurs raisons.
D’abord avec ces contingences survenues à Niamey, Mohamed Bazoum franchement élu qui n’a pas prévu une telle effervescence dans une partie de l’armée doit désormais prendre en compte cette nouvelle donne. De ce fait, il est contrait de développer un système de paranoïa sécuritaire pour s’éviter de très mauvaises surprises de la part des barbouzes de son pays. Il doit désormais avoir un œil vigilant sur l’armée. Essayer de dégager et d’établir une confiance avec certains militaires de sa région, lui qui est d’ailleurs soupçonné par ses détracteurs d’avoir usurpé la nationalité nigérienne. Et l’expérience a montré que dans ces conditions, la volonté de faire appel à ses proches ethniques de la grande muette est grande. Le bouclier militaire familial va-t-il s’instaurer ? Y aurait-il des fortifications militaires autour de Mohamed Bazoum ? L’autre donnée, après les enquêtes et après avoir eu ou établir les liens des putschistes avec les connexions politiques téléguidées, quel sera le sort des entités de l’armée qui sont trempées dans cette tentative de coup d’Etat ? Surtout dans un pays jalonné par les coups d’Etat dont dernier date remonte à février 2010 et qui a permis de renverser Mamadou Tandja, président de la République à l’époque.
Au-delà des questions de la sécurité rapprochée du nouvel élu, il faut souligner que sur le plan politique, Mohamed Bazoum n’est pas dans une situation favorable. Ces événements sont intervenus alors que son rival à la dernière présidentielle, l’ex-président de la République, Mahamane Ousmane, conteste les résultats du scrutin et continue de revendiquer la victoire. Il a appelé à des «marches pacifiques» dans tout le pays. Dans la capitale Niamey, le jour de la tentative de coup d’Etat, une marche prévue mercredi par l’opposition a été interdite mardi par les autorités.
Et pour finir, il a la question récurrente du péril djihadisme qui écume ce pays depuis au moins une décennie. Ici, il faut souligner que l’histoire du Niger, pays sahélien parmi les plus pauvres du monde est en proie à de récentes attaques djihadistes particulièrement meurtrières.
Voilà qui démontre à plus d’un titre que Mohamed Bazoum a du pain sur la planche.
Germain TEKLY, Correspondant en France.
Journal L’Afrique en Marche du jeudi 01 avril 2021