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Tchad/mort du président. : Déby, blessé par les rebelles ou trahi et assassiné par ses proches ?

Tchad/mort du président. : Déby, blessé par les rebelles ou trahi et assassiné par ses proches ?

Enquête de nos correspondants en France, aux USA sans oublier des témoignages au Tchad.
De quoi est mort Idriss Déby ? A-t-il été blessé aux combats par les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) ? Nos correspondants aux Etats Unis et en France et au Tchad ont mené l’enquête.
Idriss Déby Itno, le maréchal du Sahel, le ‘’Renard du désert’’ et président du Tchad est passé subitement de vie à trépas, le mardi 20 avril 2021. Il a rendu l’âme des suites de ses blessures lors de la contre-offensive contre les maquisards du FACT. Que s’est-il passé ?
De nos recoupements, certaines chancelleries occidentales accréditées près le Tchad de même que nos contacts avec des sources proches de l’Armée de ce pays sans oublier l’avis de conseillers militaires en France, il ressort que le vendredi 16 avril 2021, Idriss Déby brulait d’impatience pour rejoindre le front. Il voulait comme à l’accoutumée aller au front pour galvaniser l’armée puis impulser la dynamique de la contre-attaque contre les maquisards qui ‘’moussaient’’ depuis deux semaines la province du Kanem et la région du Borkou-Ennedi-Tibesti. Le président Déby s’y est résolu et a rejoint le théâtre des opérations le samedi 17 dernier.
Sous son égide et grâce à l’attirail imposant acquis grâce à l’argent du pétrole tchadien, l’Armée loyale porta de sérieux coups de boutoirs à l’ennemi.
Malgré sa supériorité
Au-delà du matériel mécanisé dont dispose l’Armée tchadienne, Idriss Déby aurait bénéficié (le conditionnel est important), d’un appui en renseignements de drones ‘’Reaper’’ qui lui ont permis de localiser avec plus de précisions, les positions ennemies pour des frappes chirurgicales plus précises contre les rebelles. Conséquence, le bilan des pertes en matériels et en hommes du côté du FACT est lourd. Ce n’est pas une surprise. Idriss Déby a écumé toutes ces provinces qu’il connait par cœur. Idriss Déby était convaincu qu’il a fait du bon boulot quand survint l’instant fatal.
Le lundi 19 avril 2021, le président Déby fin connaisseur des tactiques et stratégies de guerre et de guérilla tenait un dernier ratissage dans la zone avant de regagner N’Djamena. C’est alors qu’un obus tomba à quelques encablures de sa position. Avec les jets, il est grièvement. Ce fut la panique, car le cerveau pensant de l’Armée depuis plus de 30 ans a été atteint, lui que ses proches prenaient pour un invulnérable.
On lui administra les premiers soins sur place. Rien n’y fit. Son pronostic vital est entamé. Il fallait le ramener en urgence d’abord dans la capitale pour des soins appropriés puis envisager après son évacuation sanitaire. Transporté d’urgence à Ndjamena, le lundi 19 avril 2021 il rendit l’âme.
Questions légitimes ?
Si Idriss Déby a été bombardé et touché là où il se trouvait, il y a lieu de se poser des questions. Ce bombardement qui a été fatal au maréchal Déby Itno est-un simple fait du hasard, une coïncidence ou une prouesse des rebelles ?
Quant à la première piste, de nos recoupements, des doutes persistent. Si ces tirs ont atteint Idriss Déby, ils ne peuvent être le fruit du hasard.
Vint alors la seconde piste. Nos informateurs privilégieraient cette thèse, car les rebelles étaient bien armés. Et cela n’est pas exclu quand on sait que leur base-arrière est la Libye, un pays où l’on peut s’approvisionner dans les garnisons à ciel ouvert en armes sophistiquées de premier plan. Les rebelles du FACT ont-ils eu recours aussi à des drones avec leur technologie avancée pour atteindre Idriss Déby ? Au regard de nos éléments d’appréciation, cette piste semble la plus raisonnable.
Mais contre toute attente, certains de nos informateurs se sont s’avancés également sur deux autres pistes que nous n’avions pas envisagées dans nos plans de traitement de cette actualité. Il s’agit de la trahison et de l’assassinat par ses proches.
Il se pourrait que Idriss Déby ait été trahi par ses proches. Des taupes dans l’entourage du président tchadien auraient fourni des renseignements sensibles à l’ennemi sur sa position. Quand on sait les liens de parentés entre les ethnies du Nord dont est originaire Idriss Déby et les autres de l’Est de ce pays qui fournit l’essentiel des troupes, on ne peut totalement pas fait grise mine évoquant cette piste.
Et la dernière piste, celle de l’assassinat, quel crédit lui donner ? Que des proches de Déby aient décidé de l’assassiner pour avoir la paix, lui l’éternel tourneur en rond depuis 31 ans ? Mais cette thèse de l’assassinat perd toute sa crédibilité, d’autant plus que le fils du président Déby qui a pris la tête du directoire militaire pour une transition de 18 mois a-t-il accepté de ‘’comploter’’ contre son père pour goûter aux délices du pouvoir ?
Voilà autant de questions qui restent pour couvrir l’étendue de immeuble après la mort subite de Idriss Déby.
Par Murielle MENSAH, correspondant aux USA, Firmin TEKLY, correspondant en France sans oublier la collaboration de Alassane NANADOUM, Tchadien en France.
Journal L’Afrique en Marche du mercredi 21 avril 2021

Bénédicte DEGBEY

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