L'afrique en marche

Talon-Macron : Qui a gagné? Qui a perdu ?

L’Editorial de Titus FOLLY
Comme une torche éruptive, Emmanuel Macron était chez Patrice Talon. A l’annonce de cette visite en guise de caution à la gouvernance inique de la « Rupture », des Béninois sont restés estomaqués, interloqués, abasourdis. Au terme de cette visite, à l’évalue, qui a gagné entre Macron et Talon ? Analyse dans l’exercice de L’Editorial du jour.
 
Patrice Talon a-t-il cédé face à Emmanuel Macron en libérant 30 détenus, le plus fort contingent après 15 mois d’incarcération de nombreux détenus politiques ?
Jusque-là, personne n’a pu faire pression sur Patrice Talon. Le pape François, Mohammadu Buhari, Donald Trump, Joe Biden, et même Emmanuel Macron n’ont pu convaincre Patrice Talon.
A Cotonou durant 48 h, Emmanuel Macron a remis le couvert. Cette fois-ci, son initiative a eu un début de succès à la grande surprise des observateurs avisés.
En effet,  jusqu’au 27 juillet 2022, Patrice Talon est resté accroché à son artienne : « Ne jamais céder pour le bonheur de son Bénin.». Ni le convoi des sanctions diplomatiques, ni le gros-porteur des punitions économiques, deux menaces qui pourraient le mettre aux basques, n’ont rien pu.
 
Contre toute attente, après 15 mois de décrépitude juridique de sa « Rupture » , vint un début de bout de tunnel.
En présence de Macron et de la presse internationale, après avoir mis en exergue ses qualités intrinsèques dans l’usage des morphèmes « détenus politiques » (qui doivent se regarder dans la glace de leurs incartades), « exilés » (qui doivent revenir pour être blanchis), Patrice Talon a reculé devant ses propres principes de légalité « royale’’.
Et dans les minutes qui ont suivi, l’ancienne ligne de défense qui ne devrait jamais changer pour ne pas revigorer le substrat coutumier d’antan, a été mise de côté.  Résultat des courses, 30 détenus politiques ont été élargis avec un nouveau tempérament des princes.
 
A moitié vide…
Malgré les jeux de cartes de Macron en coulisses,  Madougou et Aïvo doivent continuer par subir l’authenticité du droit au regard du « caractère officiel » et en dépit des compilations privées.
En effet, en dépit des « prouesses » de Macron, Madougou et Aïvo vont rester en cellule et il serait surprenant qu’intervienne une grâce présidentielle avant le 1er août prochain. Tant que ces deux et les autres seront incarcérés, ce n’est pas l’expression d’une fierté qui se dessine derrière nos chaumières et nos cases.
La résonnance du séjour de Macron est la. Son passage a donc fait bouger les lignes inexpugnables à Cotonou en dépit des choix atypiques qui ne répondent qu’aux dessous inavoués.
Si Patrice Talon a cédé dans une certaine mesure, il n’a pas lamentablement perdu (il restera l’éternel stratège qu’on l’aime ou pas). Quant à Emmanuel Macron, il n’a pas non plus totalement gagné.
L’histoire retiendra que le séjour de Macron au Bénin n’a été qu’un redoutable message au nom d’intérêts inavoués  des uns et non pour la liberté des autres.
Site www.lafriqueenmarche.info du 28 juillet 2022 No 2022 No 249
« La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.».

Bénédicte DEGBEY