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Taïwan/Visite de Nancy Pelosi: tensions USA- Chine

Taïwan/Visite de Nancy Pelosi: tensions USA- Chine

Taïwan/Visite de Nancy Pelosi: tensions USA- Chine
La visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, à Taïwan attise les tensions sur l’échiquier politique mondial, envenimant les relations déjà tendues entre Washington et Pékin. Voici ce qu’il faut comprendre.
La cheffe des députés américains, Nancy Pelosi, est arrivée à Taïwan ce mardi 2 août 2022. Une visite qui met le feu aux poudres entre la Chine et les États-Unis. On vous explique les enjeux de ce déplacement sous haute tension.
Pourquoi cette visite suscite-t-elle des tensions ?
Alors que la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi effectue une tournée en Asie, sa potentielle visite à Taïwan envenime les relations déjà tendues entre Washington et Pékin, qui refuse de reconnaître la souveraineté de Taïwan.
Selon le journal taïwanais Liberty Times, Nancy Pelosi atterrirait à Taïwan mardi soir – ce qui s’est confirmé – et rencontrerait la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen à Taipei mercredi, avant de repartir dans l’après-midi. Mais pour la Chine, cette visite serait lourde de sens note www.ouest-france.fr
Car depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949, Pékin revendique Taïwan comme l’une de ses provinces. La Chine considère la visite de la haute responsable comme une provocation majeure, estimant qu’elle remettrait en cause sa souveraineté sur Taïwan.
Quelle est la situation politique de Taïwan ?
Taïwan a un statut particulier puisqu’elle fonctionne comme un État indépendant politiquement, avec son propre gouvernement et son propre drapeau. Pékin y défend le principe d’« un pays, deux systèmes ». Avec la fin du parti unique en 1986, puis la levée de la loi martiale l’année suivante, l’île se démocratise. Les relations entre Pékin et Taïwan sont ponctuées de rapprochements et de tensions.
En 2016, la présidente Tsai Ing-wen a été élue. Son parti, le Parti démocratique progressiste (PDP), rejette le principe d’« une Chine unique » revendiqué par Pékin, qui, de son côté, menace de « réunifier » Taïwan en cas de proclamation d’indépendance.
Les 23 millions de Taïwanais vivent sous la menace constante d’une invasion de la Chine, cette crainte s’étant renforcée depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping, qui a fait de la réunification une priorité.
Quelles sont les menaces que brandit la Chine ?
La Chine a prévenu ce mardi que les États-Unis porteront la « responsabilité » d’une visite de Nancy Pelosi à Taïwan et qu’ils devront en « payer le prix », a mis en garde une porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying.
« Les États-Unis auront assurément la responsabilité (des conséquences) et devront payer le prix de leur atteinte à la souveraineté et à la sécurité de la Chine », a indiqué devant la presse une porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying.
La Russie, alliée majeure de la Chine, a renchéri, accusant Washington de « déstabiliser le monde », selon la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.
Quelle est la position de Washington ?
Pour Washington, Nancy Pelosi « a le droit de visiter Taïwan », a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, qui prévient que Pékin, « semble se positionner » pour des manœuvres militaires autour de l’île qu’elle revendique.
John Kirby a déploré le fait que Pékin fasse de cette visite tout un symbole, assurant que la politique américaine à l’égard de la Chine et de Taïwan reste la même. Les États-Unis reconnaissent un seul gouvernement chinois, celui de Pékin, tout en continuant à apporter un soutien décisif à Taipei. « Rien n’a changé, rien n’a changé », a répété John Kirby. « Nous nous opposons à tout changement du statu quo de part et d’autre. […] Nous avons déclaré que nous ne soutenons pas l’indépendance de Taïwan », a rappelé le porte-parole.
Washington s’abstient toutefois de dire si les États-Unis défendraient ou non militairement l’île en cas d’invasion.
Y a-t-il un risque de conflit armé ?
L’affaire s’accompagne de tensions militaires. Plusieurs avions de chasse chinois ont volé ce mardi matin près de la ligne de démarcation du détroit de Taïwan, alors que plusieurs bâtiments de guerre chinois se trouvent déjà dans la zone depuis lundi, rapporte Reuters. Une démonstration de force appuyée par une vidéo publiée lundi sur internet dans laquelle des soldats chinois crient qu’ils sont prêts au combat, avec des chasseurs en train de décoller ou encore une pluie de missiles anéantissant diverses cibles.
De son côté, Taipei a « renforcé » son niveau d’alerte militaire, selon l’agence de presse officielle taïwanaise. Dans un communiqué, le ministère de la Défense taïwanais s’est dit « déterminé » à protéger l’île contre les menaces de la Chine.
La semaine dernière, l’armée taïwanaise a effectué ses plus importants exercices militaires annuels, qui comprenaient des simulations d’interception d’attaques chinoises. En réponse, la Chine a organisé samedi un exercice militaire dans le détroit de Taïwan, près des côtes chinoises, a fait encore savoir www.ouest-france.fr
« La probabilité d’une guerre ou d’un incident grave est faible », a toutefois analysé Bonnie Glaser, directrice du programme Asie du think tank américain German Marshall Fund, sur Twitter. « Mais la probabilité que (la Chine) prenne une série de mesures militaires, économiques et diplomatiques pour montrer sa force et sa détermination n’est pas négligeable », a-t-elle ajouté. « Il est probable qu’elle cherchera à punir Taïwan de multiples façons ».
La présidente de la Chambre des représentants serait, si sa visite se confirme, la plus haute responsable américaine à visiter Taïwan depuis son prédécesseur Newt Gingrich en 1997.
 
www.lafriqueenmarche. info du 02 août 2022 No 254

Bénédicte DEGBEY