L'afrique en marche

‘’Sexting’’/réseaux sociaux : Vidéos à caractère sexuels, bombes à retardement

Se témoigner l’amour réciproque passe aujourd’hui dans notre monde hyper connecté par la transmission de petites vidéos à caractère sexuel. Mais quand il y a rupture, ces vidéos sensibles se retrouvent dans la ‘’rue du numérique’’.  
Par Anielle DAGBEWATO
Nike et sa copine Nancy aiment bien s’envoyer des photos et petites vidéos à caractère sexuels pour se témoigner leur amour réciproque. Mais c’est sans compter que la rupture peut intervenir à tout moment et chacun prendra son chemin. Ainsi quand tout est rose, on s’envoie des SMS, et en un rien de temps on s’échange des photos coquines.
Pour certains adolescents voire des adultes, avoir sur son téléphone une photo de sa copine ou de son copain, de son ou sa partenaire tout nu, démontre qu’on a une vie sexuelle. Avoir des images érotiques via le numérique relève de la mode. Une adolescente ayant requis l’anonymat parle même du ‘’sexting’’ comme d’une forme de ‘’rapports sexuels protégés’’. « Avec ce genre d’images qui excite, on ne peut pas tomber enceinte ou attraper des IST », explique-t-elle.
Aussi, des jeunes s’envoient ces images pour des raisons diverses et variées. Par exemple: pour draguer quelqu’un avec qu’on espère avoir dans son lit. Quand la première vidéo part, la ou le partenaire, se sent l’obligation d’envoyer une photo à caractère sexuel. Et dès qu’ils sentent que l’être désiré affiche un certain consentement, ces images accélèrent sa décision et rendent plus romantique la relation.
‘’Sexting’’, le revers de la médaille…
« Une fois que tu as envoyé une photo avec ton portable, elle ne t’appartient plus, et tu ne peux pas maîtriser la façon dont les destinataires vont s’en servir ni l’effet que cela aura sur ta réputation.», explique Léonard Adjako, conseiller en .e réputation et coach formateur.
Amanda Lenhart, chercheuse au centre de recherche Pew et auteur d’une enquête sur le sexting a fait savoir que : « Il n’a jamais été aussi facile de transmettre et de sauvegarder les traces d’une erreur ou d’une mauvaise action pour les montrer à d’autres. Des témoignages sur comment le ‘’sexting’’ a détruit la réputation de jeunes et d’adolescents innocents et naïfs fusent depuis quelques années mais cela ne décourage pas encore ceux qui s’y adonnent. « Je suis élève et je sortais en cachette avec un garçon. Un jour, elle lui a envoyé une photo d’elle toute nue, et lui également a fait pareil. À peine deux jours après, mon père a contrôlé mon téléphone. Il a découvert les messages, et cela a été un coup terrible. Alors, face aux menaces de mon père, j’ai tout avoué. Mes parents étaient vraiment choqués et bouleversés ! Ils ne savent même pas s’ils peuvent encore me faire à nouveau confiance », narre une élève mineure d’un collège privé de Cotonou. C’est un fait que le ‘’sexting’’ créé tant celui qui envoie les messages que celui qui les regarde. « Je me dégoûte tellement. Je suis franchement déçue par moi-même », confie une ado dont le copain l’a poussée à lui envoyer un sexto.
…l’autre forme de vengeance…
Des photos d’une personne nue sont transférées en masse par le destinataire pour amuser ses amis. Après avoir été plaqués par leur copine, des garçons se vengent en diffusant des photos d’elle toute nue. Il suffit pour qu’une relation amoureuse prenne fin pour que la spirale de la vengeance se mette en place. Et c’est bien tard de chercher à rattraper le coup. Le cas Clara en est une illustration. Dans de nombreux cas, l’envoi de photos d’une fille ou d’un garçon nus a été assimilé à un abus sexuel sur enfant ou à la diffusion d’images pornographiques de mineur. « Les jeunes qui envoient ou publient ses images peuvent être jugés comme des délinquants sexuels.», explique Gérald Agbéko, un jeune juriste.
Journal L’Afrique en Marche du jeudi 29 avril 2021

Bénédicte DEGBEY

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