Le métier d’influenceur prend de plus en plus d’ampleur aujourd’hui en Afrique et plus particulièrement au Bénin. Cela grâce en partie aux talents de certains dans le domaine des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Le youtubeur béninois, Axel Merryl, dont la grande passion est de s’amuser dans un style bien à lui fait son « buzz » aujourd’hui en est un exemple typique.
« Comédien hors pair », « talent inné »… sur la Toile, tels sont les qualificatifs qui affublent pour saluer les prouesses du jeune youtubeur béninois. Cependant, Axel Merryl reste égal à lui même.
Toujours souriant, Axel Merryl s’est fait un nom au-delà du Bénin, son pays natal, et du Sénégal où il effectue des études en réseaux informatiques.
Sa marque de fabrique, une simple phrase : « Ce que tu vas faire, tu vas te calmer.». Sa prononciation, avec ce brin d’humour qui lui est propre, fait rire des milliers d’internautes : « Entre copains, c’est même devenu la mode. On se taquine désormais avec cette formule. Et quand un ami te ‘’balance ça à la figure’’, tu lui réponds aussi en disant : ‘arrête de ramener ton Axel’ », témoigne Giscard un de ses fans.
Lorsqu’il s’agit de parodier les habitudes des Africains, Axel Merryl déborde d’imagination. Femmes, jeunes, hommes, vieux…avec lui, c’est sans tabou, chacun en prend pour son grade. Même si certains fans observent que les filles restent sa cible préférée. Rien de bien méchant, selon l’intéressé interrogé par une presse internationale : « J’ai grandi au milieu des filles. C’est pour cette raison que j’aime les titiller.». Mais pas seulement. « Il s’attaque surtout à celles ou ceux qui s’exhibent sur le net pour un rien », indique un internaute.
« La vidéo, c’est comme une drogue. quand je n’en fais pas, je sens un besoin énorme ».
Sur quoi repose un tel succès ? « Je veux juste rester moi-même dans mes vidéos, être naturel quand je joue », répond-il. « Axel a toujours été comme ça dans la vie. C’est quelqu’un qui aime trop les petites blagues.», confirme un de ses amis.
L’intéressé le reconnaît, il ne pourrait pas s’en passer : « C’est comme une drogue. Si je ne joue pas, je sens un grand manque. »
Une drogue qu’il a longtemps partagée avec son compatriote et ami Josué Vines. « On a commencé ensemble. On faisait tout avec nos portables et ça nous prenait environ 20 minutes pour sortir un contenu », assure-t-il. Et après « tout est allé vite, très vite. Les gens ont aimé et nous envoyaient des messages. »
La vidéo de leur premier grand succès a nom : ‘’Si les films chinois étaient tournés en Afrique’’, a fait le buzz sur la Toile et a fortement contribué à leur renommée : « En un mois, se souvient-il, on était super connu et ça m’a permis d’avoir des dizaines de milliers d’abonnés sur Facebook ».
Ambassadeur du Bénin
Fort de ses premiers succès, Axel évolue depuis peu en solo. Il a créé son propre style et essaie toujours lors de ses prestations de combiner le fon, langue locale, avec le français. Une manière pour lui de représenter son pays, sa culture et de les faire connaître au-delà du continent. « Je suis fier d’être noir et d’être Béninois », clame-t-il pour marquer son attachement à cette terre qui l’a vu naître et grandir. Fierté que partagent aussi ses parents : « Ils me soutiennent énormément parce que je suis studieux à l’école et mon activité n’a aucun impacte sur mes études. >>
Avec une licence obtenue cette année en réseaux informatiques, Axel Merryl, qui se définit comme un acteur et pas comme un clown, envisage de suivre un master en art numérique à la rentrée prochaine : « J’aimerais bien faire carrière dans l’audiovisuel et le cinéma. ».
Seul hic, selon lui, l’Afrique n’aide pas à la promotion de ses talents, contrairement à d’autres continents où, même en étant « moins » brillant, il est possible de faire une excellente carrière : « Les gens ici vont aimer ce que tu fais. Ils vont te dire ‘c’est bien’. Et ça va s’arrêter là. Rares sont ceux qui vont te donner un coup de pouce », déplore-t-il.
Des difficultés qui n’empêchent pas Axel de savourer son succès sur Internet. « Parfois, fait-il remarquer, je marche dans la rue et des enfants qui me reconnaissent viennent vers moi et me disent que leurs parents reprennent certains de mes propos pour leur prodiguer des conseils. Sur Facebook, il y a aussi énormément de personnes âgées qui me suivent. ça fait vraiment plaisir. »
De quoi le motiver pour franchir un cap et se hisser au niveau de tous ces grands acteurs Michel Gohou, Jamel Debbouze, Norman Thavaud qui l’ont tant inspiré.
Par Eméric OKOUPELI
Journal L’Afrique en Marche du jeudi 10 juin 2021.