« Route de la soie »/10 ans ce jour : Afrique entre espoirs et illusions
Le projet chinois de la « Route de la soie » lancé le 7 septembre 2013 a 10 ans ce jour. Dans sa matérialité, ce projet est dénommé du côté africain : « Une ceinture, une route pour l’Afrique » . 10 ans après que peut-on retenir?
Concrètement sur le terrain en Afrique, ce projet a permis surtout à l’Afrique de l’Est d’investir pour la réfection ou la construction de ports, pipelines, chemins de fer, centrales électriques financés par des prêteurs chinois.
Les projets emblématiques sont par exemple la voie de chemin de fer reliant Monbassa à Nairobi au Kenya. C’est l’investissement le plus important de ce pays depuis l’indépendance. Il y a également le chemin de fer électrique qui relie Addis-Abeba à Djibouti avec un port en eau profonde.
Ce projet » Une route, une ceinture pour L’Afrique » permet depuis Djibouti de relier la route maritime de la soie à un groupe de ports chinois déjà construits ou programmés au Soudan, Mauritanie, Sénégal, Ghana et Nigeria. D’autres pays comme la Gambie, la Guinée/Conakry et Sao Tomé et principe, Cameroun, Angola et Namibie aussi figurent sur la liste.
Une autre route relie Djibouti à Gwadar, Hambantota, Colombo, Birmanie et Hong-Kong.
Le dernier arc de ce corridor relie Walvis Bay aux groupes de ports chinois situés au Mozambique, en Tanzanie et au Kenya avant de rejoindre GwadarIl y a aussi un passage économique bleu entre la Chine et l’océan Indien, l’Afrique et la Mer Méditerranée et qui vise à relier l’Afrique à de nouveaux corridors au Pakistan au Bangladesh au Sri Lanka et en Birmanie.
VISION DE XI JUPING ET…
« L’Afrique doit tirer partie du projet dans la mesure où l’insuffisance des infrastructures est le principal obstacle au développement de Afrique.», avait dit Xi Jinping, le président chinois.
L’initiative chinoise a permis des liens économiques et politiques entre la Chine et l’Afrique. Avec ce projet initié par Xi Jinping, le continent noir a servi de faire-valoir aux intérêts géopolitiques de Pékin.
Par ce projet, l’Afrique a été « reliée » par une route maritime de la soie qui établit un passage économique bleu qui s’étend de la mer de Chine méridionale à l’Afrique et aiguille les échanges avec elle.
L’objet de ce projet est la construction d’un nouveau système mondial d’interdépendance économiques alternatives au centre duquel se trouve la Chine. Pour cela, l’investissement chinois en Afrique comme dans les autres continents s’est focalisé sur l’accès aux ports et sur les chaînes d’approvisionnement.
Mieux, ce projet vise aussi à mettre en exergue les retombées potentielles telles que l’augmentation des investissements chinois privés dans les secteurs comme le tourisme, l’immobilier, l’agriculture et l’intégration de l’Afrique avec une compétitivité économique régionale de l’Afrique.
…GRINCEMENTS DE DENTS EN AFRIQUE
Une étude de la Commission économique pour L’Afrique des Nations-Unies révèle que ce projet de la « Route de la soie »a favorisé les exportations des pays africains d’Afrique de l’Est ont augmenté de 15%.
Cependant, les pays africains s’interrogent sur la pérennité économique compte tenu de l’endettement croissant qu’implique ce projet. Aussi, un sentiment hostile à l’égard des travailleurs chinois débarqués en Afrique aux dépens de la main-d’œuvre locale dans les contrats de construction et d’infrastructures est-il observé.
C’est le constat en Ethiopie, Kenya, Tanzanie, Ouganda et en Zambie.
La « Route de la soie » c’est également un endettement de certains pays africains et qui sont confrontés à un défaut de paiement C’est le cas de la Zambie.
Au bilan 10 ans après, la « Route de la soie », c’est quelques réalisations concrètes, mais aussi un contexte de désenchantement.
Nourou TIDJANI
Site www.lafriqueenmarche.info du 7 septembre 2023 No 490.
