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Restitution oeuvres d’art, mauvaises nouvelles La Chronique internationale de Murielle MENSAH (Canada)

Restitution oeuvres d’art, mauvaises nouvelles   La Chronique internationale de Murielle MENSAH (Canada)

En France, sur la table du ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, un projet de loi relatif à la restitution des oeuvres d’art vient d’y atterrir il y a quelques heures.

Tout porte à croire que les perspectives s’annoncent difficiles pour les prochaines restitutions. Dans la trame de ce projet de loi, les États africains les plus concernés doivent justifier la paternité des oeuvres.

Mieux, les pays africains doivent prouver les conditions dans lesquelles ces oeuvres d’art ont quitté leur territoire. En somme, il s’agit pour les États africains comme le Bénin d’avoir des preuves matérielles irréfutables pour que telle ou telle oeuvre identifiée soit désormais restituée.

MESSAGE…

Avec ce projet, tout porte à croire que la France veut opter pour un mouvement nourri d’objectifs punitifs. En effet, s’il y a depuis quelques mois, un début de clarté, voici curieusement des perspectives avec une prépondérance aux atermoiements.

Contrairement à la communauté de destins autour des oeuvres d’art mise en exergue par Emmanuel Macron, le risque d’un horizon de tensions avec les pays propriétaires des trésors est grand. Il ne peut en être autrement pour plusieurs raisons.

Quand les légionnaires de l’armée française dépouillaient sans gêne, les rois africains qui ont refusé l’allégeance n’avaient que l’oralité comme seule tendance du temps dans leurs aspects originaux. Alors que dans la sémantique de la mission civilisatrice française, l’oralité n’a pas le même pesant que l’écrit.

S’agit-il pour la France de profiter de ces nuances pour assouvir des nécessités historiques non achevées ? Heureusement que Joseph Ki-Zerbo et Cheick Anta Diop ont déjà valorisé l’oralité comme une preuve matérielle….

ET HORIZON

Ensuite, avec ce projet de loi qui aiguillonne en fonction d’éléments d’appréciation compliqués, la France semble avoir cédé à ses groupes de pression. Ces derniers en ont fait leur fonds de commerce autour des « musées receleurs ».

En effet, au début des efforts, ces groupes de pression avec leur analyse combinatoire ont fait savoir leurs réticences et refusé des reliquats.

Malgré les manoeuvres pour torpiller la dynamique culturelle récemment amorcée, les pays africains sont prêts à la subversion pour défendre leurs droits. La restitution des oeuvres d’art aux pays africains ne pourrait donner lieu à un chantage.

Site www.lafriqueenmarche.info du 4 mai 2023 No 413

Bénédicte DEGBEY

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