Après la formation du gouvernement et l’enterrement du ministère de la Communication, les réactions d’indignation sont toujours enregistrées suite à cette décision irréaliste.
Voici celle de Daniel Bossikponnon.
Excellence Monsieur le Président de la République,
J’ai suivi votre intervention sur l’émission de E-TV, en réponse aux inquiétudes de l’éminent journaliste Constant Agbidinoukoun, relatives à la suppression du Ministère de la communication dans votre nouveau Gouvernement.
Sauf votre respect, Monsieur le Président, nombre de points dans votre intervention ne me convainquent pas. On sent bien que vous n’étiez pas coaché avant cette intervention.
1- C’est vous qui aviez décidé de confier le rôle de porte-parole au Ministre de la Communication (ou des communications si vous voulez). Votre intervention donne l’impression qu’il avait tort de porter la parole du Gouvernement alors qu’il ne faisait que jouer son rôle, celui que vous lui aviez demandé. Bon! Si vous vous rendez compte que c’était une erreur, tant mieux ou tant pis, selon le point de vue de chacun sur cette question.
2- Je suis un peu perplexe qu’on veuille réduire la poste au seul rôle financier. Si vos références sont les pays développés comme vous le dites, la poste dans ces pays n’est pas visible avec le chapeau de prestataire financier, mais bien avec celui de la gestion du courrier. En optimisant l’adressage de nos cités aujourd’hui, la poste aura tellement à faire qu’elle n’aura même pas le temps de s’occuper des questions financières. La prestation financière n’est qu’une vocation secondaire de la poste. sa vocation principale est le courrier. Les mandats postaux sont d’abord des courriers.
3- je suis fasciné par votre penchant pour la technologie, Mais Je suis tout autant peiné que vous vouliez régler tous les problèmes par là. En tant que spécialiste de l’information, on appelle cela dans mon jargon la « techno-utopie ». La France l’a connue et s’en est rendu compte plus de 20 ans après. Monsieur le Président, la technologie, c’est le contenant, c’est un soutien facilitateur aux processus et aux activités. Tous les secteurs d’activité en ont besoin. Et le contenu alors? n’a-t-il pas d’importance? On ne vit pleinement les merveilles de la technologie que quand une grande attention est portée aux ressources humaines qui vont générer de leurs savoirs et savoir-faire de la matière qui sera broyée par les contenants mis à disposition par la technologie. Quand un journaliste qui veut écrire du vrai ou du faux, ou traiter l’information suivant un angle particulier, ce n’est pas la technologie qui va l’empêcher de le faire. On ne peut pas réduire la communication simplement aux canaux de diffusion. Et puis le principe de la sécurité même de l’information veut que toutes les transactions informationnelles ne se fassent pas uniquement par des moyens technologiques. Est-ce la technologie qui va donner des habiletés et des moyens aux journalistes de notre pays de mener des enquêtes de la trempe de ENVOYÉ SPÉCIAL? Faire de grands reportages, analyser et filtrer l’information, bien conduire un débat de grande facture, et tutti quanti, nécessitent des aptitudes que la technologie ne donne pas, mais qu’elle peut faciliter. Et il en va de même dans plusieurs secteurs.
4- Maintenant je repose autrement la question, objet de la préoccupation de Monsieur AGBIDINOUKOUN, question à laquelle vous n’avez pas répondu. Quel ministère s’occupe des médias et de ses acteurs? et là je ne parle pas de canal de communication. Je parle bien de l’information en elle-même, celle qui doit professionnellement être recherchée et retrouvée, traitée avec tout l’art requis, communiquée avec doigté.
NB : Je sais que, parce que je n’ai pas applaudi ce que vous avez dit, je serai traité de tous les noms par certains. Mais dans mon for intérieur, la meilleure manière de vous soutenir est de porter un regard critique sur vos faits et gestes. Vous n’êtes pas un ange que nous avons élu, mais bien un homme avec ses forces et ses défauts. Et sur le terrain des idées, il n’y a pas d’amis.