Relancer l’économie : Les propositions de Joël Aïvo qui restent pertinentes

La crise alimentaire dont souffre le Bénin depuis quelques semaines révèle davantage la pertinence de la vision économique du constitutionnaliste. Dans la perspective de la dernière élection présidentielle, le professeur Joël Aïvo, dans sa marche vers le magister suprême de l’Etat béninois, suggérait la relance de l’économie comme troisième des cinq axes prioritaires de son offre de gouvernance.
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La pandémie de la Covid-19 qui frappe la planète depuis un an et demi suggérait déjà d’envisager la relance des économies nationales fragilisées. Cette raison ne fut pas la seule à inspirer au candidat recalé à la dernière présidentielle béninoise, Joël Aïvo, la relance de l’économie comme troisième des cinq axes prioritaires de son offre politique. La flambée des prix des denrées alimentaires qui prévaut depuis peu au Bénin, alors que le pouvoir d’achat des populations ne s’est pas accru, vient révéler les bases fragiles de l’économie nationale. Toute chose qui apporte de la crédibilité au projet que nourrissait pour le Bénin le professeur titulaire de Droit constitutionnel.
La fin des monopoles et l’émergence de champions nationaux
Pour étayer sa proposition de relancer l’économie béninoise, Joël Aïvo dans son ‘’Dialogue itinérant’’ avec les Béninois en 2020, disait qu’il faut ouvrir tous les secteurs de l’économie nationale à tous ceux qui veulent y opérer. Et quand il voulait être grave dans son propos, on pouvait l’entendre dire qu’il faut « casser les monopoles».
Dans son entendement, le contrôle par un groupe restreint d’opérateurs économiques des secteurs productifs ne permettait pas à l’économie nationale de respirer, car le revenu national ne se distribuait pas suffisamment pour que prospère le grand nombre. Il s’était alors engagé à remplacer la politique du népotisme économique par celle d’un nationalisme économique qui favorise l’émergence de « champions nationaux capables de se lancer à la conquête de la région». Ce passe entre autres, précise-t-il, par la mise en place d’une justice commerciale indépendante et qui inspire confiance. Aussi, à l’en croire, le Bénin ne pouvait-il attirer dans ces conditions de nouveaux investisseurs privés, nationaux en particulier.
La fin de « la dictature du coton »
Si l’économie béninoise mérite de s’ouvrir à tous les opérateurs économiques, il existe également, selon le constitutionnaliste, des risques réels à continuer de donner autant d’importance à la production cotonnière, au détriment d’autres spéculations notamment vivrières. Il faut croire que la survenue de la crise des prix des denrées alimentaires, et les justifications fournies par le gouvernement lui donnent raison. La fin de ce qu’il appelle « la dictature du coton » devrait permettre de consacrer plus de moyens à la production vivrière et ainsi prévenir des crises aussi graves que celle à laquelle doivent faire face les Béninois depuis quelques semaines.
Partenariat avec le Nigeria
Sur la question de l’économie, plusieurs épisodes au fil du temps ont mis en exergue combien Joël Aïvo en était préoccupé. C’est d’abord lorsqu’il a invité l’élite à s’intéresser au concept de l’économie fondamentale que prônait un certain Bertin Koovi (passé depuis lors du côté du régime) et qui pouvait se résumer en « produisons ce que nous mangeons et mangeons ce que nous produisons ».
Ensuite c’est lorsque qu’il se désola du fait que les embellies macroéconomiques du Bénin vantées ces dernières années n’impactaient pas le panier de la ménagère, pourfendant ainsi « l’économie des statistiques » destinées aux institutions internationales.
Enfin, pour le Constitutionnaliste, l’arrimage de l’économie béninoise à celle du Nigéria voisin était devenu vital, convaincu qu’il était que la première économie du continent ne pouvait que nourrir l’économie béninoise.
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L’on pouvait à raison reprocher à Aïvo d’évoquer ce sujet qui n’était pas son fort, mais face au silence des spécialistes hier et aujourd’hui encore, il reste celui qui aura eu le mérite, dans son offre politique pour le Bénin, de mettre sur la table le sujet de l’économie qui interpelle toujours décideurs et sachants.
Par Christian AFFAME.
Journal l’Afrique en Marche du 23 juin 2021.