Prétendue responsabilité de l’ancien président/ violences électorales : Yayi, le gouvernement sur une fausse route.

Après la proclamation des résultats de la présidentielle du 11 avril 2021, le gouvernement a enclenché une vague d’arrestations de personnes présumées impliquées dans les violences pré-électorales qui ont secoué le pays du 06 au 10 avril dernier. Selon des rumeurs distillées sur les réseaux sociaux, l’ex- chef d’Etat, Boni Yayi serait aussi sur les tablettes de la Police républicaine commise pour traquer les potentiels fauteurs. Si c’est vrai, cette option a tout l’air d’une vraie fausse solution. La cause de ces violences étant l’exclusion électorale dont il faut imputer les responsabilités à des personnalités politiques. Identifier une autre piste, et chercher des boucs émissaires comme le président Boni Yayi serait pure illusion.
Selon plusieurs sources concordantes, le président Yayi a quitté le Bénin depuis plusieurs semaines avant la présidentielle. Sollicité pour diverses raisons à l’extérieur, il n’aurait pas pu suivre le choix du candidat de son parti à cette élection. Cependant, il y a une fixation sur lui comme l’un des instigateurs de la violence.
Après la victoire par un K.O au premier tour avec un score soviétique de 86% à la dernière élection présidentielle, on s’attendait à voir le chef de l’Etat et son gouvernement s’engager sur la voie de la concorde et de la paix durable. On s’attendait à une recherche de solutions vraies, durables et efficaces pour sortir le pays de la crise politique profonde actuelle qu’il traverse suite aux dernières violences pré-électorales. Au lieu de la quête de la concorde, le gouvernement a semblé faire l’option de la loi du talion. La Police républicaine a entamé depuis quelques jours un vrai ratissage politique avec l’arrestation par vagues successives de prétendus manifestants et de leaders politiques de l’opposition accusés tous de ‘’terrorisme’’ ou d’être des ‘’bailleurs du terrorisme’’. Reckya Madougou et Joël Aïvo, les deux candidats de l’opposition écartés de ce scrutin sont tous deux aujourd’hui embastillés après ces manifestations.
Fixation sur Yayi, fausse piste.
Dans la même foulée, il est distillé abondamment sur les réseaux sociaux depuis quelques jours, que la Police républicaine rechercherait l’ex-président Yayi. Les éléments de cette Police auraient ceint ses maisons de Cotonou et de Parakou et seraient en état d’alerte pour l’arrêter. Selon des proches de l’ancien chef d’Etat, ces rumeurs colportées par les réseaux sociaux et non vérifiées font marrer. « De sa position de président de la République, Patrice Talon sait bien que le président Boni Yayi n’est plus au Bénin depuis plusieurs mois. Pourquoi envoyer la police tourner autour de ses maisons ?», répond un proche collaborateur de l’ancien président.
Selon plusieurs sources concordantes, le président Yayi a quitté le Bénin depuis plusieurs semaines avant la présidentielle. Sollicité pour diverses raisons à l’extérieur, il n’aurait pas pu suivre le choix du candidat de son parti à cette élection. Il a dénoncé comme beaucoup d’autres Béninois la tricherie constitutionnelle qui a consisté à accorder un bonus de 45 jours de plus sur le mandat présidentiel qui devrait prendre fin de 05 avril 2021 à minuit. Il n’a pas eu le temps pour jouer au ‘’chef de rébellion’’, pour demander aux populations de manifester et de détruire des infrastructures. Pacifiste, il l’a prouvé pendant les 10 ans où il est resté au pouvoir et les Béninois peuvent bien témoigner de son engagement pour la paix et la concorde nationale. « Il y a eu des mouvements de contestation dans beaucoup de communes dont Cotonou, Porto Novo, Calavi…Yayi a-t-il appelé tous ces Béninois pour leur donner l’ordre de manifester ? », se désole une autre source.
L’exclusion, la vraie cause des violences
A-t-on besoin d’aller à l’école pour comprendre que l’exclusion et la frustration sont souvent les causes des mouvements d’humeur et des violences ? Ici au Bénin comme ailleurs, les exclusions surtout pour des élections ont engendré des conflagrations plus violentes. Le cas le plus éloquent est l’exemple de l’Algérie où une simple annulation des élections législatives gagnées par le Front islamique du salut(FIS) en 1989 a conduit le pays dans les incertitudes du lendemain.
Aujourd’hui, la situation politique du Bénin fait le tour du monde. La communauté internationale s’inquiète de la montée en flèche d’un régime autoritaire au Bénin avec son lot d’arrestations d’opposants, de violation des droits de l’homme, d’injustice et d’embrigadement de la liberté d’opinion et de presse.
Personne ne peut attester de la destination et de la voie empruntée par le Bénin aujourd’hui. Qui des acteurs de cette majorité politique au pouvoir peut dire quelles sont les perspectives de développement et de paix du Bénin ? Personne ne peut dire grand-chose de là où va le Bénin. Tout le monde s’accorde à dire « ça ne rassure pas » et que la voie choisie apparait comme celle du scénario « Wahala » fait de conflit, d’instabilité et d’insécurité humaine. Tout concourt à détruire la paix, la cohésion sociale et l’unité nationale. Le chef de l’Etat, garant de l’unité nationale devrait prendre les taureaux par les cornes pour tenir des discours de réconciliation et accomplir des actes de paix.
Mais hélas, on préfère accuser des individus alors que le système même va en vrille. La fixation sur Yayi, son accusation quasi permanente dans toutes les difficultés du régime ne peuvent nullement contribuer à rétablir un climat de paix et de concorde au Bénin. De même que les discours en vogue actuellement et qui visent à diaboliser l’opposition.
Vivement des solutions réelles et sincères pour l’instauration de la paix au Bénin. Notre pays en a grandement besoin pour amorcer son développement.
Alexis RODRIGUEZ
Journal L’Afrique en Marche du lundi 26 avril 2021