L'afrique en marche

Palestine/Israël : État juif, sionisme, des concepts à cerner

Palestine/Israël : État juif, sionisme, des concepts à cerner

Pour comprendre les dessous de cartes du conflit israélo-palestinien,
évacuons quelques définitions

Qu’est-ce qu’un juif ?
D’après la définition du père de l’indépendance d’Israël, David Ben Gourion : « est juif, celui qui se sent juif ». Mais cette définition est rejetée par les gardiens de la loi du judaïsme qui tiennent pour juif, « tout individu né d’une mère juive ou converti au judaïsme », et c’est cette définition adoptée par le Parlement israélien qui est en application jusqu’aujourd’hui.

Qu’est-ce que le sionisme ? Le sionisme plonge ses racines dans la tradition religieuse juive et la nostalgie de Sion, une colline située à Jérusalem et considérée comme un lieu saint pour les Juifs, comme l’est la Mecque pour les Musulmans. Si au début il y avait deux branches, l’une religieuse, qui considère Jérusalem comme lieu de pèlerinage, et l’autre lieu d’installation et de colonie, le sionisme est connu aujourd’hui comme une doctrine qui prône une installation d’un foyer juif en Palestine. Ce sont les tenants de la fondation de l’Etat d’Israël. « Le sionisme définit sa colonisation de la Palestine comme celle du « peuple élu pour une terre sans peuple ».

L’histoire retient des citations des dirigeants sionistes de droite et de gauche.

En voici quelques-unes tirées du Journal français Médiapart .

Discours de David Ben Gourion en 1938, cité dans Simha Flapan, « Zionism and the Palestiniens », 1979 : « Un État Juif partiel n’est pas une fin, mais seulement un début. Je suis certain que nous ne pourrons pas être empêchés de coloniser d’autres parties du pays et de la région » avant d’ajouter : « Entre nous, il doit être clair qu’il n’y a pas de place pour deux peuples dans ce pays… Il n’y a pas d’autre solution que de transférer les Arabes dans les pays voisins, de les transférer tous ; pas un village, pas une tribu ne doit subsister. ».

Moshé Shertok [Sharett], ministre israélien des Affaires étrangères, dans une lettre à Goldmann, 15 juin 1948 :« Je ne connais pas cette chose appelée Principes Internationaux. Je jure que je brûlerai tout enfant palestinien qui sera né dans ce secteur. La femme palestinienne et son enfant est plus dangereuse que l’homme, parce que l’existence des enfants palestiniens implique que des générations continueront, mais l’homme cause un danger plus limité ».

Golda Meir, premier ministre israélien de 1969 à 1974: « Comment pouvons-nous rendre les Territoires occupés ? Il n’y a personne à qui les rendre.».

Ariel Sharon, dans une interview avec le Général Ouze Merham en 1956 :« Je jure que si j’étais juste un civil israélien et que je rencontre un Palestinien, je le brûlerais et je le ferais souffrir avant de le tuer. J’ai tué 750 Palestiniens d’un seul coup (à Rafah en 1956). Je voulais encourager mes soldats à violer les filles arabes, car la femme palestinienne est une esclave pour les Juifs, et nous leur faisons de toute façon ce que nous voulons et personne ne nous dit ce que nous devons faire, mais nous disons aux autres ce qu’ils doivent faire ».

Abba Eban, ministre israélien des Affaires étrangères, devant l’Assemblée Générale des Nations-Unies le 4 juillet 1967: « Nous devons tout faire pour nous assurer qu’ils [les Palestiniens] ne reviendront jamais dans leurs maisons. (…) Les vieux mourront et les jeunes oublieront ». (Diagne Fodé Rolland, La colonisation sioniste et la question nationale palestinienne, 10/10/23).

Qu’est-ce que l’antisémitisme ? Normalement « l’adjectif sémite ou sémitique doit s’appliquer à des langues et non à des races ou des ethnies ; d’autre part, si l’hébreu est une langue sémitique, l’arabe en est une autre ». (Que sais-Je ? Histoire de l’antisémitisme François de Fontette). Petit à petit, le terme a d’abord commencé à s’utiliser comme une haine des Juifs. Aujourd’hui avec l’évolution du langage, et surtout la pression des milieux sionistes, le terme antisémite est étendu à une opposition au sionisme et à l’Etat d’Israël, alors que beaucoup de Juifs sont antisionistes, et que plein d’antisionistes ne sont pas antisémites.

Source : « La Flamme » No 519 du 13 octobre 2023

Site www.lafriqueenmarche.info du 26 octobre 2023 No 517

Bénédicte DEGBEY

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.