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Numérique/Changement de comportements : Déperdition des cybercafés au profit des smartphones

Numérique/Changement de comportements : Déperdition des cybercafés au profit des smartphones

A l’ère du numérique, les smartphones ont submergé le marché des cybercafés dont l’ultime but était la fourniture de connexion Internet. Mais pour rentabiliser le marché, les promoteurs sont contraints de nos jours d’associer la prestation d’autres services.

Après deux décennies de succès, tout est au ralenti dans les cybercafés. « Seuls les vieux viennent encore consulter leur boîte mail au cyber. Avec mon téléphone portable, j’ai réglé ce détail. », ironise Gratien, un jeune étudiant en deuxième année de sociologie. Nous sommes dans un cybercafé à Calavi dimanche dernier. Le gérant, un jeune, la trentaine tourne ses pouces. Juste trois jeunes, venus travailler lui tenaient compagnie.

Ce constat témoigne du désintéressement des jeunes aux cybercafés qui autrefois étaient des lieux très fréquentés. Ce qui permettait aux propriétaires des cybers de faire des chiffres d’affaires intéressants. « Avant, nous faisions beaucoup de recettes. Par semaine, on pouvait réunir jusqu’à 150.000 voire 200.000 mais aujourd’hui, difficilement nous réunissons 100.000 le mois. Très peu de personnes fréquentent encore les cybers. », explique Damien Apkovi, propriétaire de trois cybers dans la zone universitaire.

Vigile, un jeune informaticien rencontré sur les lieux se confie : « l’époque des cybers est révolue à mon avis. Certes, les gens s’y rendent toujours mais plus comme avant. Je pense même que les gérants de cyber doivent se reconvertir ou changer d’activité.». Deux jeunes rencontrés sur un banc public à l’UAC justifient le faible engouement des jeunes à se rendre encore dans les cybers. « Nous avons de nos jours des Smartphones à portée de main. Tout le monde peut se procurer les portables androïdes. De plus, les Chinois nous facilitent la vie avec des imitations à petits prix ». Au second de renchérir : « Ce que je trouve encore intéressant, c’est que les compagnies de téléphonie mobile GSM mettent à la disposition des populations, des forfaits internet. La connexion à coût réduit donc permet de naviguer depuis la maison et même n’importe où. »

Des activités connexes pour s’en sortir

Photocopie, impression, scannage, mise en page de mémoire ou documents administratifs sont entre autres activités qui permettent aux gérants de cybers d’équilibrer leurs comptes.

La plupart des propriétaires de cyber sont devenus réalistes. A défaut de fermer, ils y associent la vente des bureautiques et la prestation de petits services rentables. « Depuis le phénomène des androïdes et des forfaits Internet, j’ai opté pour la relecture des mémoires, la mise en page des rapports de séminaires et même la vente d’appareils informatiques. J’ai dû développer des stratégies pour ne pas me retrouver en faillite avec mes deux cybers. », confie Jules, père de trois enfants et propriétaires de cyber café. A Zogbo, Luc T. gérant d’un cybercafé depuis une dizaine d’années confie : « J’ai fini par diversifier mes services. Je confectionne sur commande, des cartes d’invitation, des factures, des calendriers. Je fais aussi des photos d’identité. Ce n’est plus seulement un cyber, c’est une petite entreprise à présent ».

Les cybercafés, un avenir hypothéqué ?

Le mauvais débit de la connexion Internet est souvent indexé comme étant à l’origine de la baisse de fréquentation des cybercafés. A cela, s’ajoute la lenteur des ordinateurs, sans compter les interminables coupures d’électricité. Alors que tout le monde, a une connexion Internet à portée de main, l’on se demande jusqu’à quand les cybercafés vont encore tenir le coût.

Même si le pessimisme gagne les cœurs, Il y a des activités qu’on ne peut faire que dans un cyber. Ils ne peuvent donc pas mourir de sitôt. « Lorsque tu as des téléchargements de musiques et de films à faire sur deux ou trois heures d’horloge, tu ne peux t’amuser avec tes forfaits.

Pour jouer aussi sur le Net et aux différents jeux de games et autres, à moins de te rendre dans un cyber, tu dépenseras énormément », raconte, Yvan un habitué des cybercafés. Il poursuit : « il va falloir que les tenanciers des cybers revoient la connexion Internet et renouvellent leur équipement parfois vétustes qui n’offrent plus un certain confort dans le travail. Ce n’est qu’à ce prix, qu’ils pourront maintenir la clientèle actuelle ». Même avec ces efforts, l’avenir des cybercafés reste hypothéqué.

Par Anielle DAGBEWATO.

Bénédicte DEGBEY

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