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Libye/ Diplomatie : Le Maroc a eu raison d’avoir misé pour la paix

Libye/ Diplomatie : Le Maroc a eu raison d’avoir misé pour la paix

Algérie, Tunisie, Egypte et Maroc, sont les pays voisins de la Libye plongée dans une guerre fratricide depuis 2012. Pour la sortie de crise, au moment où les autres sont dans des calculs d’apothicaires, le Maroc a délivré un message intéressant relatif à la situation en Libye, le 08 juillet dernier au Conseil de sécurité des Nations Unies.
«La Libye n’est pas seulement voisine du Maroc. C’est un pays frère avec lequel nous partageons une histoire commune, des liens communs, des intérêts et un destin commun. Pour nous, la Libye n’est pas seulement une question diplomatique. Notre stabilité et notre sécurité dépendent de la situation en Libye.». Ainsi s’exprimait Nasser Bourita, le ministre des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains Résidant à l’étranger. Il intervenait lors d’une réunion virtuelle du Conseil de sécurité sur la Libye qui réunissait une trentaine de ministres des Affaires étrangères.
En effet, face à la détérioration continue de la situation en Libye, le patron de la diplomatie marocaine, se dit préoccupé des conséquences de cette guerre. Poursuivant, il a déclaré que « La solution doit être politique, pas militaire ». Il a également regretté le fait que les bonnes volontés de la Communauté internationale se multiplient sans que la Libye ne sorte du bourbier. Parlant de cette communauté internationale, le ministre marocain a estimé que : « Il y a lieu d’être réaliste et pragmatique dans le traitement de la situation. La prolifération des initiatives produit un effet contraire ». D’où sa déclaration sans ambages : « La Libye n’est pas un fonds de commerce diplomatique ». En clair, il condamne les interventions étrangères qui ne servent pas les intérêts de la Libye et n’aident pas les protagonistes libyens à transcender leurs intérêts particuliers pour s’élever vers l’intérêt commun de tous les libyens ».
Après avoir fait ce décryptage, il a critiqué les ingérences étrangères en Libye et s’est également prononcé sur les situations critiques sur les plans politique, humanitaire et économique.
Etat des lieux
En effet, sur le front politique faisant le point de la guerre civile en cours en Libye, le ministre Bourita a souligné que la situation sécuritaire est alarmante. Cela découle selon lui du fait qu’il y a une forte présence sur le terrain de groupes armés incontrôlés, de milices et d’acteurs terroristes. Sur le plan humanitaire, en l’espace d’une année, 2.356 personnes sont mortes en Libye, dont 400 civils des statistiques avancées par le ministre marocain. Aussi, a-t-il évoqué le nombre de réfugiés qui continuent d’augmenter de même que celui des déplacées. 400.000 personnes et près de 50.000 réfugiés et demandeurs d’asile, a mentionné le patron de la diplomatie marocaine.
Au niveau économique, le diplomate en chef marocain a déploré la baisse de la croissance du PIB estimée à 58,7% en 2020 en Libye. Il a également pointé du doigt, l’augmentation du taux d’inflation qui affiche 22%.
Face à ce tableau apocalyptique, Nasser Bourita, a lancé un appel à la mobilisation. De ses dires, il ressort qu’il faut trouver un consensus international qui doit être traduit par des actions fortes et concrètes. Dans cette optique, il a précisé que cette solution doit venir des Libyens eux-mêmes, et doit garantir l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale libyenne. Mieux, selon lui : « l’Accord de Skhirat n’est pas parfait. Mais aucune alternative valable n’est sur la table. Ses dispositions doivent être ajustées et mises à jour, par les frères libyens », a souligné le ministre marocain des Affaires étrangères. Il a également préconisé que la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) reste un instrument important, qu’il convient de renforcer et de restructurer.
Point de vue de Rabat
« La solution doit être politique, pas militaire ». C’est la position du royaume chérifien. En effet, dans ce face-à-face virulent entre le maréchal Khalifa Ḫalīfa Bilqāsim Haftar et le premier ministre Fayez el-Sarraj, tous les autres gouvernements de l’Afrique du nord voisins de la Libye jouent diverses cartes. En effet, en plus du Maroc, On a désormais deux camps. Le premier, c’est celui de l’Egypte. Au Caire, l’homme fort, Abdel Fattah al-Sissi ,bande les muscles, fixe une ligne rouge dans la ville de Syrte et menace de représailles les forces du premier ministre Fayez el-Sarraj soutenues par la Turquie si elles franchissent le rubicond.
Quant aux autres pays, Tunisie et Algérie, ils tiennent un discours ouvertement de recherche de la paix. Cependant, nombre d’observateurs pensent que Kaïs Saïed de Tunisie et Abdelmadjib Tebboune d’Algérie tiennent des discours ambigus.
Mais dans ce contexte flou de géopolitique des ficelles tirées en Libye, le royaume de Mohamed VI vient de se démarquer avec un discours mémorable pour la paix.
Par Firmin TEKLY correspondant en France

Bénédicte DEGBEY

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