Les 60 ans de notre « jeune fille » La Chronique de Murielle MENSAH (Canada)

L’Union africaine ( UA) a pris le témoin chez l’Organisation de l’unité africaine ( OUA). 25 mai 1963 -25 mai 2023, l’Union africaine fête donc 60 ans d’existence. Avec un concentré d’échecs et de ratures doit-on nourrir des regrets pour le bilan?
On retiendra cette récente image. C’est au sujet de la médiation africaine entre Poutine et Zelensky. Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa et ses cinq autres collègues ont écarté l’Union africaine. A raison d’ailleurs, car notre jeune dame a trop de rides pour une telle opération de séduction en Ukraine et en Russie.
ESPOIRS DÉÇUS….
L’Union africaine fête ses 60 ans avec une sueur abondante sans que le bilan des 60 ans ne soit concret. L’unité des peuples africains à travers une monnaie unique, une diplomatie commune et une armée avec une unité d’action n’a pu se concrétiser. En effet, la vision du début de Kwame Nkrumah du Ghana et des autres pères tutélaires de l’intégration africaine est restée à l’étape de théorie. L’ex guide libyen Khadafi, à la suite de Nkrumah a tenté une cure de jouvence.
Malheureusement, les choses n’ont pas bougé avant et après son assassinat par les forces occidentales. Dans les gratitudes du jour, comment ne pas saluer le Guinéen Diallo Telli, le 1er secrétaire général de l’OUA. Il a joué le rôle de moelle épinière en ce qui concerne la rédaction des textes fondamentaux de la faîtière. On salue ce précurseur qui a fini sa vie, car mort au camp Boiro à Conakry.
L’UA 60 ans après, n’est qu’un simpliste syndicat de chefs d’Etat. La vision d’intégration de départ n’ayant pu se concrétiser, l’UA génère aujourd’hui davantage une déception démocratique, une trahison représentative et une crise de confiance.
Comme dans une cité barboteuse, tout se joue donc dans ce cercle d’amis, de satrapes et de dictateurs accrochés au pouvoir. Ils le font avec savoir-faire pour cloner leur Constitution. Accrochés à leur pouvoir, ils font tout pour geler les décisions importantes comme dans une chambre froide. Les présidents à vie entre choix et probabilités, entre relations binaires et mécaniques ont toujours torpillé la marche de l’UA.
Les résolutions contre les coups d’Etat, la limitation des mandats ont quitté les places fortes de la démocratie pour rester en rase campagne d’une gouvernance inique dans le dos africain.
Quant à l’usage des cartes, il faut déplorer l’incapacité de l’Union africaine à assumer les identités remarquables. La République Sarahouie n’est pas indépendante depuis 50 ans après le départ de l’Espagne, l’ancienne métropole. Le Maroc ne l’entend pas de cette oreille et bloque tout. On salue ici Edme Kodjo, le secrétaire général de l’OUA pour son courage à oeuvrer pour la reconnaissance de cet État par l’organisation africaine.
Au-delà de ce cas emblématique d’autodétermination, il y a l’incapacité de l’UA face à l’expérience traumatisante des guerres fratricides. Le dernier cas, c’est la situation au Soudan. Mais avant, il faut déplorer les velléités du Rwanda en RDC. …
RENOUVEAU ESPÉRÉ
Pour le centenaire qui n’est pas loin, ( 40 ans passent vite), la vision 2063 ne doit être un rendez-vous manqué. Mais avant, il faut faire l’épuration des coupoles L’Union européenne qui engrange plus de succès pourrait être un exemple.
Pour ce faire, l’UA dès demain, dès l’aurore doit abandonner le lexique des frioritures pour un modèle États-Unis d’Afrique.
A l’opposé des cancres démocratiques actuels, la génération future ne doit trahir. Il lui revient de prendre ses responsabilités pour faire repousser l’UA comme un cèdre du Liban.
Site www.lafriqueenmarche.info du 25 mai 2023 No 421