L'afrique en marche

L’éditorial de Titus FOLLY : Une voix d’opposant

La question du droit à l’existence de l’opposition se pose avec acuité ces temps-ci. C’est en cela que l’intervention sur RFI mardi passé de l’un des rares responsables du parti Les Démocrates encore en liberté, Eugène Azatassou est intéressante à plus d’un titre. Mais comment adapter le contexte actuel à un code pénal très dur qui criminalise à la moindre incartade tout acte de l’opposition ? Mais avant dans l’analyse de l’éditorial du jour, j’ai une grande pensée pour Joël Aïvo, Réckya Madougou, Houdou Ali, Alexandre Hountondji .. et tous les autres.

L’opposition s’autorise le droit d’exister. Mais elle est confrontée à l’effet dissolvant d’un pouvoir très fort qui a tout verrouillé par la répression. Apres le scrutin exclusif des législatives et l’instauration d’un Parlement monocolore, puis bis…nous voici au même scénario avec la dernière présidentielle. Et voici Eugène Azatassou qui pense à l’avenir. On peut résumer son opinion en une trilogie: «Talon, la loi et l’opposition».

Sa radioscopie est d’une bonne trame surtout après le scrutin du 11 avril 2021 où l’opposition qui a cru à l’éloge de la vitalité de la démocratie et qui a dû déchanter. Très tôt, elle a été confrontée aux vestiges de la main forte de la part du pouvoir de la « Rupture” comme depuis 2019 où on a eu une répression sans faille.

Face à l’effet immédiat de cette option, l’opposition n’a pas été capable de faire face ni au jeu délétère ni au rapport de forces. Eugène Azatassou dans son style lèché qu’on lui connaît a su faire ressortir toutes les nuances et subtilités du contexte sociopolitique actuel.

Dans les conditions actuelles de répression que faire ?

Tout se jouera au terme des procès d’opposants dès juillet prochain. Si Patrice Talon concrétise sa volonté de décrispation: «Les élections sont terminées», dans ces conditions, va-t-il opter pour la mansuétude? L’opposition accepetera-t-elle sa main tendue sur la base des rares principes juridiques supérieurs encore à sa portée pour pouvoir se réinventer?

Ce ne sera pas facile, car la citadelle est devenue l’épicentre de la raison du plus fort, citadelle où il est difficile de contester le pouvoir de la ‘’Rupture’’ au regard des expéditions punitives qui étouffent les initiatives de l’opposition. Comme on le voit, la tâche est immense surtout quand le régime de Talon est tellement conscient de sa force de frappe.

Contrairement à Azatassou

Quand il y aura la sortie de crise, il urge qu’on mette aussi le curseur sur les hommes qui constituent la légion d’honneur de l’opposition. Que ceux qui ne sont pas politiquement structurés changent de profil. Il ne s’agira pas de constituer un trust d’opposants de toutes obédiences. Sans cette mutation, les stratégies idoines pour contraindre le pouvoir du « Bénin révélé  » de renoncer à la voie du passage en force feront toujours défaut. Car sans cela et dans un tel contexte, le droit à la résistance ne peut être l’outil efficace qui permet de neutraliser une norme juridique contrevenant aux droits de l’Homme et des peuples. Pour rétablir l’équilibre, il faut une opposition de style

Sans cela, l’opposition sera criminalisée radicalement. Sans cela, l’opposition n’aura pas de ‘’prétoire’’ pour revendiquer son existence. Comment alors endiguer l’oppression érigée en système de gouvernance ? Comment exister et tenir donc à la préservation des acquis de la démocratie et ce en fonction de la construction psychique du régime Talon, un regime à rebours de la différence des opinions ?

Avant et après la fin des procès intentés aux opposants, l’éphéméride nous réserve autant de surprises.

La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.

Journal L’Afrique en Marche du vendredi 28 mai 2021.

Bénédicte DEGBEY

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