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L’éditorial de Titus FOLLY : Talon réélu, Blinken gâche la fête

Joseph Djogbénou a donné les résultats définitifs de la présidentielle. Patrice Talon est réélu. Il prêtera serment le 23 mai prochain. Mais 72 heures après le verdict de la Cour, avec un communiqué d’une trame intellectuelle digne de la première puissance, Antony Blinken a passé des couches de peintures sur la joie des mouvanciers. Et depuis lors, on a un calme plat. Et si on interprétait ce communiqué comme une assistance à peuple en danger ? Explications dans l’exercice de l’éditorial du jour.
La Cour proclame les résultats dans un silence de cimetière. Antony Blinken, le secrétaire d’Etat américain publie un communiqué et le peuple jubile. Mieux, Reckyath Madougou et Joël Aïvo peuvent bien dormir pour une fois dans leur cellule depuis leur incarcération.
Pourquoi cette euphorie de la part de la majorité des Béninois après le communiqué de Blinken ?
Cet avis du secrétaire d’Etat américain donne l’impression d’agir contre la morale qui impulse cette force pour soumettre les opposants et faire taire un peuple. La décision de la Cour de Djogbénou assure la légalité et la légitimité. Cependant, le communiqué de Antony Blinken permet d’éviter un état de fait relatif aux louanges de deux catégories de ‘’terrorisme’’.
D’un côté, il y a la Cour Djogbénou qui assure la victoire de Talon sur fond de conflit romain. De l’autre, on a des références et extraits constitutionnels de la part de Blinken pour sauver le peuple du Bénin meurtri.
Et tout cela se joue autour d’un terme, celui de ‘’terrorisme’, vu de Cotonou ou de Washington. Sous les tropiques de Cotonou, le ‘’terrorisme’’ est un élément lexical appartenant à un inventaire ouvert. Tout y est. On peut tout y mettre.
Antony Blinken est-il de cet avis ?
Pour lui, le ‘’terrorisme’’ est un morphème grammatical appartenant à un inventaire fermé et non ouvert. Pour cela, il a imprimé un « bulletin d’informations » relatif à ce terme éternel ‘’terrorisme’’. Et à Cotonou, on ne peut lui dénier ce droit. Il est un érudit mondial par excellence bien avant les fantasmes pulvérisées de Cotonou.
Si ‘’Terrorisme’’ veut dire à Cotonou, la possibilité d’orchestrer tous les coups tordus contre les opposants, et d’impulser une grande répression contre les activistes, Antony Blinken n’est pas de cet avis. Pour le secrétaire d’Etat, le ‘’Terrorisme’’ ne doit être une plongée inédite dans un monde terrifiant. D’où son communiqué fort intéressant en guise d’assistance à peuple béninois en danger.
En outre quels sont les attraits de ce communiqué ?
A ne point douter, ce communiqué rappelle un certain nombre de principes démocratiques. Il y a d’abord, une urgence à court terme contre la répression qui s’abat sur l’opposition politique au Bénin. Ensuite, il y a le refus de cautionner la construction et l’accomplissement « des modes légitimes’’ qui décapitent l’opposition politique. Ce communiqué de Blinken fixe aussi un certain nombre de compétences et de vertus nécessaires pour l’enracinement de la démocratie. Ce communiqué est à l’opposé du ‘’droit de faire’’ qui fonde une moralité biaisée ou parallèle à la Constitution.
Ce communiqué du patron de la diplomatie américaine égrène également les bonnes mœurs politiques, judicaires, sécuritaires sur la base du respect de certains principes de morale politique.
Moralité pour moralité, même en politique souterraine, Antony Blinken dit qu’on ne saurait bannir à jamais l’opposition en usant du terme ‘’Terrorisme’’. Et il le dit de manière frontale qu’en dépit de certaines conjonctures, on ne peut jamais accepter les vives luttes de définition relatives à l’assertion ‘’Terrorisme’’. Qui mieux que l’expert mondial en décryptage du terrorisme ? Patrice Talon a gagné mais Cotonou recadré gardera en mémoire pour longtemps ce communiqué inquisiteur.
La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.
Journal L’Afrique en Marche du lundi 26 avril 2021

Bénédicte DEGBEY

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