L’Editorial de Titus FOLLY : Talon et le legs de Mgr Souza
Mathieu Kérékou vouait une grande admiration à Isidore de Souza. Résultat, il ne savait rien lui refuser. Il lui concédait tout. Boni Yayi quant à lui tentait souvent de faire une cure de jouvence au legs de Mgr de Souza. Mais pour l’essentiel, il savait ne pas dépasser la ligne rouge. Entre Patrice Talon et l’ancien archevêque de Cotonou, quels parallèles peut-on établir ? Analyse dans l’exercice de l’éditorial du jour.
Que vaut encore l’exhortation de Mgr de Souza restée dans les annales : « Plaise au ciel qu’aucun bain de sang… » ?
Pour nous qui avions déjà disserté sur les relations du prélat avec Mathieu Kérékou, ses liens avec Nicéphore Soglo et Boni Yayi, que retenir quant à Patrice Talon ?
En matière de convergence ecclésiale, on est persuadé que Patrice Talon pourrait ‘’chambrer’’ l’homme de Dieu dans son odyssée par ses antonomases et expressions quand il laisse à la postérité que : « Malgré mes charges, je n’ai pas renoncé à ma foi catholique. Patrice Talon ne fait pas un étiquetage simpliste. C’est important de le souligner.
Cependant, avec le recul historique les analystes vont s’accorder pour reconnaitre que derrière la figure tutélaire de Isidore de Souza, en tant que penseur politique et Patrice Talon, c’est le jour et la nuit.
Quelle peut être la place de la mémoire de Mgr de Souza dans la gouvernance de Patrice Talon ?
L’actuel locataire de la Marina se ressource-t-il dans l’héritage politique de l’homme d’église dont les ongles ont plus de ‘’vernis politiques’’ que quiconque ?
On n’a pas besoin de tourner autour de la palissade pour déposer les cristaux de sel surtout que les deux personnalités sont de Ouidah. En effet, dans sa première topique (dans le sens de dispositions et de prédispositions par rapport au pouvoir), Patrice Talon incarne un pouvoir fort. Il n’est pas détaché. Tout se concentre dans ses mains. A raison ? On dira quelques fois, il a raison au regard de notre démocratie à version pagailleuse et à jouissance mélancolique. Cependant, il faut déplorer le fait d’avoir trop vassalisé les autres institutions de la République.
Et quand on rejoint l’autre strate (celle d’une visée didactique), Si Mgr de Souza, l’un des grands architectes de l’Etat de droit était en vie, il allait constater que Patrice Talon ne laisse même pas de fragments découpés. C’est du Guillaume 1er pur.
Et face à Patrice Talon dans son exercice du pouvoir, il allait recourir à ses lettres épiscopales véhémentes dont lui seul avait le secret et le tout est joué. C’est contre cette façon monolithique de gouverner que Isidore de Souza s’est impliqué personnellement pour convaincre Mathieu Kérékou lors de la conférence nationale.
En trois de pouvoir, dire que le régime de la ‘’Rupture’’ a défoncé l’hôtel PLM et fouler ses acquis n’est pas un euphémisme disgracieux.
Il suffit de se référer au cadre règlementaire actuel pour s’en convaincre. Maintenant sous Patrice Talon, on des lois sciemment mal codifiées, en somme des ‘’lois sangsues’’ pour notre vivre ensemble.
Il est évident aujourd’hui qu’on est sorti de la logique des ‘’justifications’’. Cette dernière ne tient plus compte de l’action dans laquelle les lois sont votées et intégrées. Même le processus cathartique auquel on a recours n’est plus efficace, car c’est maintenant qu’on assiste davantage le peuple béninois face à son président de la République trop puissant.
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On peut donc parier que les conseils de Mgr de Souza ne seraient pas suivis s’il tentait de raisonner la légitimité d’un élu de gouverner, mais en phase avec la souveraineté du peuple. Avec Patrice Talon, c’est une autre pédagogie.
Journal L’Afrique en Marche du 16 juin 2021.