L'afrique en marche

L’éditorial de Titus FOLLY : Sauf les USA, le Bénin seul au front

Sans le communiqué de Antony Blinken, le peuple béninois allait se retrouver seul au front. Jusqu’à présent, aucune des institutions régionales et panafricaines (CEDEAO, Uemoa, UA) n’a réagi par rapport à la situation du Bénin, un pays englué dans une crise électorale. Analyse dans l’exercice de l’éditorial du jour.
Les institutions régionales et panafricaines ne font rien pour le Bénin qui vit une grave crise politique suite à la présidentielle. Le silence de toutes ces instances ne donne-t-il pas un point d’entrée à une analyse générale : « Le cas du Bénin n’est pas une priorité pour eux.».
Alors, aucune de ces institutions n’a eu l’impératif de s’atteler ni avec opiniâtreté ni avec rigueur du missionnaire sur le sort du Bénin. Conséquence, elles sont depuis le début de la crise politique, toutes chloroformées, endormies, assoupies, anesthésiées, ankylosées, engourdies.
Le cas gambien, autres temps, autres mœurs ?
Pas si loin, on a vu la CEDEAO sur le cas gambien. Entre le Bénin et la Gambie, faut-il chercher et recouper les comparaisons et les différenciations ? Quelles sont les logiques politiques qui s’ignorent ? Le cas gambien était-il une exemption ? Autant d’interrogations qu’on peut soulever relativement à la situation actuelle du Bénin.
L’actualité du Bénin abonde dans une lecture critique et pessimiste. Ce qui n’a pas été le cas de la Gambie. Au regard de tous les éléments d’appréciation, il faut souligner la ‘’malchance’’ de Yaya Jammeh, l’ex président de Gambie et la chance de Patrice Talon.
Yaya Jammeh a croisé les gangs avec un certain Marcel de Souza (de vénérée mémoire). En son temps à la tête de la CEDEAO, il a été une cheville ouvrière au chevet de la Gambie. Et ce n’est pas une surprise. On connait les fulgurances de ce sémillant cadre béninois, décidé, hardi, résolu, déterminé pour régler le cas gambien. Malheureusement, Marcel de Souza relève désormais de l’histoire ancienne.
Il a été remplacé en 2018 par l’ivoirien, Jean Claude Brou, à la tête de l’instance de gestion de la CEDEAO. Sans offense, Jean Claude Brou n’est pas Marcel de Souza. C’est deux tempéraments aux antipodes de l’efficacité. Marcel de Souza, dans ses attributs et spécificités, refusait d’être enrégimenté dans un quelconque modèle de pensée. Ce qui n’est pas le cas de l’ivoirien qui ne s’est pas émancipé de son tuteur et président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara dont les atomes politiques le rapprochent trop aisément de Patrice Talon. Celui qui devrait impulser la charge contre Patrice Talon, n’a donc pas les coudées franches. Alassane Ouattara veille aux grains donc pour Patrice Talon. Cela n’a l’air de rien, mais apparait comme un détail important. Conséquence, l’un dans l’autre, les tenants de la ‘’Rupture’’ n’ont pas à craindre pour leur numéro matricule. Ils ont alors les coudées pour mener à bien leur plan d’arrestations d’opposants et autres activistes de la société civile.
Dans ces conditions, la CEDEAO qui est restée amorphe durant les législatives de 2019 pourra-t-elle gommer et régler le cas du Bénin ? Mais en réalité que peut faire également Jean Claude Brou pour le Bénin quand récemment la Côte d’Ivoire (son pays) a été confrontée à une présidentielle porteuse de cristallisation ethnique, identitaire et de violences ?
La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.
Journal L’Afrique en Marche du mercredi 05 mai 2021

Bénédicte DEGBEY

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