L’éditorial de Titus FOLLY : « Rupture » isolée a mangé son blé en herbe
Patrice Talon ne sera pas à Paris ce matin dans le cadre du sommet international relatif aux perspectives économiques de l’Afrique. Pourtant, au début de son mandat qu’il jurait être « unique », Patrice Talon forçait l’admiration en Afrique. Mais contre toute attente, son leadership s’est sclérosé. Comment est-il passé du rang de visionnaire africain à la posture d’oublié? Analyse dans l’exercice de l’éditorial du jour.
Acte 1. Patrice Talon publia une liste de pays qui n’ont plus besoin de visa pour venir au Bénin. L’acte était si fort qu’il suscita partout en Afrique une admiration remarquable.
Acte 2. Il afficha une volonté indéniable de rapatrier le patrimoine culturel du royaume d’Abomey volé par les Français surtout. Ce qui obligea Emmanuel Macron à se départir du « statut d’oiseau empaillé » de ses prédécesseurs pour faire au moins un service minimum d’une promesse de restitution.
Cette dynamique Talon s’est brusquement arrêtée. Pourquoi?
D’abord, l’image de visionnaire s’est étiolée quand son filleul de président de la Cour constitutionnelle a fait ruisseler grâce à sa gouttière rédhibitoire juridiquement parlant, le fameux « certificat de scolarité politique » ou certificat de conformité exigé aux partis. Ensuite, le curseur de Patrice Talon a été mis sur le fichier « dynamiter l’opposition ». Dès lors, les Africains ont déchanté. Le chantre de la « Rupture » se découvre être à l’identique des proconsuls et autres satrapes du continent. Patrice Talon conscient que son cran de poigne le desservait a tenté un retour au source.
D’où son acte 3. Il profita de la question relative à l’avenir du franc CFA pour lancer une bombe en ce qui concerne la gestion indépendante des réserves de change.
Patrice Talon, au cours d’une sortie médiatique sur France 24 et RFI, le jeudi 7 novembre 2019 a fait savoir que: « Le souhait de certains pays notamment de l’Uemoa utilisateur du Franc CFA est de faire en sorte que le trésor français ne garde plus une partie des réserves de change.». Un acte fort dont l’ effet n’est pas escompté, car Patrice Talon venait à peine (le 1er novembre), grâce à son Parlement monocolore de réviser la Constitution. Ce qui a désarticulé l’espace institutionnel du Bénin.
Cela a-t-il suffit pour que Patrice Talon sorte de l’almanach?
A cette question, on peut dire « OUI» sans ambiguïté. Si Patrice Talon est isolé sur la scène régionale et internationale et définitivement gommé de l’horizon des visionnaires Atlantique, tout ceci participe de cette réflexion. Alors, plus de doute sur la question de la causalité de la mise à l’écart du Bénin qui ne participera pas au sommet de Paris qui s’ouvre ce matin sur le financement de l’Afrique suite à la pandémie.
Plus personne ne peut douter de l’inflexion la plus nette comme un support privilégié de l’introduction à l’analyse causale de la situation du Bénin depuis cinq ans sous l’égide de Patrice Talon.
Mieux, l’erreur du chantre de la » Rupture » est qu’il pense que les faisceaux de sa mauvaise gouvernance politique n’étaient que de veines critiques linéaires. A lui désormais de comprendre qu’il y a toujours un lien entre la gouvernance interne et l’aura à l’international.
Que « L’idole des origines du Bénin révélé » au regard de ce tableau préalable explicitement articulé comprenne à plus d’un titre que dans le cycle de contestations pas aussi obsolètes, le Bénin n’a aucune chance d’être célébré à l’international.
A lui de saisir ce second message de Emmanuel Macron en moins d’une semaine et de mettre un terme a la superposition mécanique de sa gouvernance politique exécrable.
La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.
Journal L’Afrique en Marche du mardi 18 mai 2021