L'afrique en marche

L’Editorial de Titus FOLLY : Peuple béninois fier, peuple togolais fier.

 Patrice Talon et Faure Gnassingbé ont fait la paix des braves. L’accolade des ‘’frères amis’’ devenus ennemis à cause des ‘’valises bourrées de Thaler’’ de la petite sœur Réckya Madougou a eu lieu à Accra en marge du sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO. Dès que l’instant des montagnes aplanies a eu lieu le samedi 19 juin 2021, la pléiade des partisans de Patrice Talon a ovationné son champion à tout rompre. Au lieu de célébrer le chantre de la ‘’Rupture’’, et si on donnait au contraire la standing ovation au peuple togolais et à celui du Bénin ? Après Accra ne faut-il pas libérer Madougou, Aïvo, Houdou, Hountondji et les autres ? Analyse dans l’exercice de l’éditorial du jour. 

La solennité de la paix des braves n’est pas à banaliser. Dans l’affaire de terrorisme et de velléités de déstabilisation du Bénin à charge de Réckya Madougou, qui aurait été soutenue par le président Togolais contre son homologue du Bénin, le moratoire ou le délai de réflexion entre Patrice Talon et Faure Gnassingbé a été déjà trop long au nom du bon voisinage Pendant ce temps, au moment où les deux chefs du Togo et du Bénin se regardaient en chiens de faïence, les deux peuples vaquaient à leurs préoccupations quotidiennes. Sans animosité l’un envers l’autre, les deux peuples ont royalement ignoré le tourbillon des forts au sommet entre les deux présidents. « Ce n’est ni Faure ni Patrice qui diviseront Togolais et Béninois », fredonnait-on à Cotonou et à Lomé. Pour cela, au lieu de célébrer ce qui les retrouvailles d’Accra, il faut au contraire rendre une fière chandelle au peuple togolais et béninois.  

Pourquoi une fière chandelle aux peuples togolais et béninois ?

Face à la politique instrumentaliste de cette affaire de ‘’valises bourrées’’, il faut louer la solidarité de proximité entre Togolais et Béninois. Ces deux peuples n’ont jamais pensé ni au nom de Faure ni de Patrice activer les réflexes de vendetta, d’expéditions punitives, de courses-poursuites… comme c’est souvent le cas quand les grands se battent au sommet. On a encore en mémoire les tristes événements de 1989 entre la Mauritanie et le Sénégal.

Mieux, dans cette affaire de ‘’valises bourrées’’ à aucun moment, ni à Lomé, ni Porto-Novo, ni à Lama-Kara, ni à Cotonou, la guerre des chefs dans une double réduction de problématiques n’a pris le pas sur la solidarité de proximité et de bon voisinage entre les deux peuples. Au comble de la guerre des chefs au nom des ‘’valises de la petite-sœur’’, les conditions sociales, relationnelles et territoriales susceptibles de participer à la prévention de tout conflit et à la sauvegarde des continuités du voisinage ont primé. Les deux peuples ont royalement ignoré leur chef d’Etat, tant la frontière du différend Patrice-Faure apparait floue et ridicule. Résultat des courses, les deux peuples ont été dignes et n’ont pas cherché à surfer sur la xénophobie.   

Peut-on alors arrêter les annonces prématurées des janissaires de la ‘’Rupture’’ qui célèbrent leur champion, car la crise est derrière eux ? 

Pour ceux qui ont cru qu’après Accra, il faut répandre l’applaudimètre en échos, car la crise électorale est derrière eux, leur analyse est tronquée.  

Après Accra, il faut un dialogue inclusif sans aucune exception au Bénin. Après Accra, il faut libérer Madougou, Aïvo, Houdou, Hountondji et les autres. Après Accra, Patrice Talon ne doit plus garder dans les geôles tout ce beau monde que le jargon gouvernemental appelle ‘’terroristes’’. Ne pas le faire au regard des différentes vues d’ensemble de la crise électorale, c’est qu’on a choisi de garder les dossards de l’autoritarisme.

Au regard de la présidentielle exclusive et ensanglantée, il faut choisir la bonne trajectoire entre l’absolutisme actuel le resserrement autoritaire et la démocratie qui n’exclut personne. Dans le cas contraire, la crise est donc encore réelle. Il faut donc sortir des lointaines périphéries pour des réflexions qui retrouvent les dynamiques du dialogue.    

Bénédicte DEGBEY

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