L'afrique en marche

L’éditorial de Titus FOLLY Mitterrand et ‘’Bob Marley’’ : 40 ans d’hier à aujourd’hui.

François Mitterrand devint le locataire de l’Elysée, le10 mai 1981. Il y a donc 40 ans. L’euphorie de cette victoire du socialiste a été malheureusement endeuillée le lendemain 11 mai 1981 par la mort de Robert Nesta Marley dit ‘’Bob Marley’’ qui a rejoint l’Eucharistie éternelle. Deux noms, deux icônes, deux personnalités qui se retrouvent ce jour et demain dans leur histoire, dans leur art, dans leur passé pour nous permettre de faire le bilan de leurs ambitions pour l’Afrique. François Mitterrand et ‘’Bob Marley’’ sont donc à l’honneur dans l’exercice de l’éditorial du jour.
François Mitterrand, le président français d’alors, et la vedette de la chanson reggae, Robert Nesta Marley étaient liés par un pont de pionner pour changer le destin de l’Afrique.
Le premier a compris que la démocratie n’était pas un luxe pur l’Afrique contrairement à Jacques Chirac, son successeur. Le second quant à lui a compris que la musique peut rendre les hommes libres.
Chacun avec son créneau porteur, chacun avec sa truelle a su apporter sa pierre à l’édifice pour construire ce pont pionnier qui trace l’histoire de l’Afrique grâce à ces deux figures emblématiques éternellement dans la dynastie des grands hommes.
Que retenir de leur œuvre pour l’Afrique ?
Pour le cas de ‘’Bob Marley’’, il suffit de faire un arrêt sur sa carrière époustouflante pour faire remarquer que ses chansons ont su imposer un idéal politique novateur. Presque aussi connu que le Che (rebelle jusqu’aux ongles) ou le Christ (sans blasphème avec qui il partage certaines allures prophétiques), il a su injecter un peu de sacré dans la notion de liberté et de démocratie.
Le plus célèbre des chanteurs reggae qui a connu le succès de son vivant a mis la majorité de ses 200 millions de disques vendus pour dire : « NON » à l’oppression d’un système unique qu’il appelait : « Babylone ».
Sans oublier qu’il prônait la nécessité d’accomplir un retour en Terre Promise pour « ceux qui souffrent ».
Et pour parler de lutte contre la pauvreté, il puisait dans un dépassement de proverbes, prophéties, confessions et analyses. Ce n’est pas une surprise si son regard des années 1970 et début 1980, garde encore une certaine acuité…
Le lien entre cet humaniste et l’Afrique puisait allégrement sa source nourricière dans la Sainte Bible qu’il lisait chaque jour, autant que dans la sagesse populaire qu’il a cultivée.
On retiendra en outre qu’au-delà de la liberté et de la démocratie, le pape du reggae, première superstar issue du Tiers-Monde a pensé et projeté l’Afrique dans la mondialisation avant que ce concept ne soit pensé et analysé par les autres, des décades et des décades après.
Et 40 ans après, on constate que la puissance musicale de ses chansons encore jouées, remixées, reprises et traduites chaque jour aux quatre coins du globe exalte dans le divertissement, le panafricanisme et le devenir du continent noir.
Que retenir de Mitterrand ?
Le président français a eu à cœur de baliser le boulevard pour la démocratie en Afrique. Il n’a pas manqué de porter des coups de boutoir aux partis uniques qui écumaient le continent africain. Ce chantier était titanesque au regard du règne de certains présidents surtout du sérail français qui se comportaient comme des ‘’alligators’’, des ‘’caïmans’’, des ‘’crocodiles’’ dans leur étang de pays a été couronné par ce coup de semonce à la conférence de la Baule en 1990 : « Démocratie contre aide ». En quelques mois après, cette décision aussitôt s’est ancrée dans la réalité.
Malgré cette cure de jouvence qui émanait du président Mitterrand, il faut regretter que certains dossiers comme la mort au Burkina-Faso de Thomas Sankara en 1987 qui a payé pour son ‘’culot’’, pour son ‘’audace’’ aient déjà brouillé son élégance. Et après la Baule, sa myopie au Rwanda en 1994 qui a fait près de 800.000 morts n’est pas également à passer sous silence.
En somme, François Mitterrand était souvent dans des discours d’apparat alors que les réseaux de la ‘’FrançAfrique’’ agissaient comme à l’accoutumée. Tout cela a mis une touche rétrograde dans de son historique eu égard au torrent de polémiques qui perdure.
Il se fait que 40 ans après, le pont pionnier de la démocratie par François Mitterrand et Nesta Marley est devenu un chemin semé d’embûches avec les régimes autoritaires et dictatoriaux comme celui de Patrice Talon… qui déferlent sur l’Afrique.
La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.
Journal L’Afrique en Marche du lundi 10 mai 2021

Bénédicte DEGBEY

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