L’éditorial de Titus FOLLY : Mauritanie / Entre Cicéron et Candide.
Mohamed Ould Abdel Aziz n’est plus libre de ses mouvements. Il a été embastillé, car la justice de son pays estime qu’au-delà de ses péchés d’Israël en matière de mauvaise gouvernance, il a fait preuve d’indiscipline judiciaire notoire. Tout cela n’est-il pas bien beau ? Analyse dans l’exercice de l’éditorial du jour.
Une question mérite d’être posée. Quand l’ancien président de Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz vendait à vil prix, les viscères, les boyaux et les duodénums de la République, où étaient ceux qui le pourchassent aujourd’hui ? L’ancien président mauritanien a-t-il commis toutes ces incartades sans complices, auxiliaires et hommes de main ? Ceux qui sont chargés actuellement de son inquisition où étaient-ils ? Sont-ils capables de mettre leurs mains droites dans le brasier indépendamment de la tutelle et de la récompense ? Peuvent-ils user de la main gauche, puisque politiquement, ils sont privés de l’usage de sa main droite ?
Pour ceux qui sont dans les tranchées et les travées du pouvoir aujourd’hui à Nouakchott : « Mohamed Ould Abdel Aziz est le ‘’ grand bandit’’ devant l’Eternel. Il est l’illustre ‘’fossoyeur’’. Il est le ‘’prévaricateur’’ attitré.». Cette versification est très belle. Cependant, il faut que certains cessent d’être amnésiques. Pour cela, il faut leur rappeler que l’ancien premier magistrat de Mauritanie a été aussi le parapluie atomique de tous ces filleuls actuellement dans les arcanes du pouvoir. Alors, quelle a été leur part dans la gabegie qui déferlait sur ce pays en son temps ? Hier n’ont-ils pas eux-aussi profité des largesses de Mohamed Ould Abdel Aziz ? Alors qu’ils cessent d’être amnésiques sur ces détails qui ne comptent, et qui permettra de départager mentor, bienfaiteur, et profiteurs.
Doit-on consumer ici l’alternance au sommet ?
Tout porte à croire qu’il y a une volonté apocalyptique de détruire quelqu’un. Et ce pour plusieurs raisons.
D’abord, au nom du différend qui a toujours opposé le scribe et l’ancien roi, on sent, puis on constate qu’il y a des velléités pour occire l’ancien président. Mais quand un ‘’bandit’’ de la trempe de Mohamed Ould Abdel Aziz transmet le pouvoir, devrait-on le prendre ? Questions à qui de droit, surtout qu’en son temps, il n’y avait que des éloges dithyrambiques. Si l’ex chef d’Etat d’alors qui a pris la décision de quitter le pouvoir au terme de ses deux mandats a eu droit à l’encens apologétique au nom du pouvoir qu’il a transmis, alors que ceux qui profitent de ce pouvoir cessent la médisance.
Ensuite, la distribution des balafres funèbres de la part des nouveaux princes porte à croire que le seul objectif poursuivi, est de marquer davantage le territoire. « Jamais deux capitaines dans le même bateau », dit la maxime.
Doit-on comprendre que l’oraison funèbre à la Périclès n’est qu’une stratégie pour éviter la forte présence de l’ancien qui maitrise l’équilibre des ressorts du pouvoir ?
C’est en cela que le travail de torpille orchestré contre l’ancien président de Mauritanie a un parfum de suspicion.
24 heures seulement après avoir écrit l’acte No 1 de cette analyse, une décision de justice est intervenue en Afrique du Sud contre Jacob Zuma, l’ancien président ? Et à mon ami mauritanien, Moufa Noureddine qui m’a lu, de me demander s’il y a une différence entre Mohamed Ould Abdel Aziz et Jacob Zuma ?
Ma réponse a été sans ambiguïté. Il y a bel et bien une différence. Cyril Ramaphosa a arraché le pouvoir des mains d’un ‘’corrompu’’. Ce qui n’est pas le cas des nouveaux princes de Nouakchott qui ont reçu le pouvoir des mains d’un ‘’délinquant à col blanc’’ pour reprendre ces expressions d’inquisition en vogue contre Mohamed Ould Abdel Aziz.
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Dans le dossier de l’ancien président de Mauritanie, les gestes et faits des actuels hommes forts de ce pays me font perdre entre candeur, angélisme et règlements de comptes.
Journal L’Afrique en Marche du jeudi 1 juillet 2021