L'afrique en marche

L’éditorial de Titus FOLLY : Législatives 2019, il y a deux ans

On a eu un scrutin inédit, il y a deux ans exactement. Depuis lors, le Bénin a changé. Après ces législatives, Patrice Talon a amorcé inexorablement sa marche pour un autre quinquennat. Dans l’exercice de l’éditorial du jour, à la place des analyses habituelles, je vous propose un simple narratif (avec une situation initiale, un élément modificateur, une évolution du récit et une situation finale.)
Pour ne pas cautionner la nomination des députes de la mouvance, dont seuls les candidats étaient en lice au nom des deux partis siamois, le Bloc républicain et l’Union progressiste, il y a eu des manifestants dans certaines localités du Bénin. Objectif, empêcher la tenue du scrutin à cause de l’exclusion des partis de l’opposition. L’exclusion des partis de l’opposition a été donc un facteur de mobilisation pour dire « NON » de manière farouche à la vision monolithique du régime Talon.
Quelques jours avant et le jour du scrutin, un peu partout au Bénin, on a vu des foules importantes de manifestants. Ces foules ont sillonné de nombreux bureaux de vote. A chacune de leur étape, avec des cymbales retentissantes, les manifestants disaient en chœur : « Pas d’élections sans l’opposition.».
Dans de nombreux bureaux de vote, le matériel sensible (urnes, isoloirs, et autres), a été emporté. Dans certaines localités, des lieux de stockage du matériel électoral ont été incendiés.
Boycott record
Le scrutin a été donc compromis à plusieurs endroits du territoire national. Dans plusieurs localités du pays, soit le matériel sensible a été vandalisé, soit il a reçu la visite des flammes.
Au-delà du matériel électoral, les biens publics ont été dégradés du fait de l’exaspération des manifestants. Ainsi, certaines voies d’importance, comme la voie inter-Etats Cotonou-Parakou était par endroits infranchissable. Des pneus en flamme, des détritus de diverses sortes et des herses de différentes natures ont permis aux manifestants de bloquer ces voies dont l’importance en ce qui concerne la circulation des personnes et des biens n’est plus à démontrer.
Cependant, cette volonté inébranlable affichée d’empêcher la tenue du scrutin, n’a pas prospéré. Le scrutin a eu lieu avec un faible taux de participation, car les Béninois ont boycotté le scrutin. La Commission électorale nationale ‘’très très’’ autonome a annoncé 22%. Ce taux est passé à 27% grâce au coup de pouce de la Cour constitutionnelle.
Contre toute attente, Adrien Houngbédji, le président du parti PRD et du Parlement sortant a été solidaire avec le peuple béninois. De tous les présidents d’institutions qui ont pris part à la réunion du lundi 1er avril 2019 au Palais de la République, réunion qui a entériné le scrutin monolithique, seul Adrien Houngbédji n’a pas été aux urnes.
Pluie de balles sur Cadjèhoun.
Après le scrutin du 28 avril 2019, la tension n’est pas retombée, loin de là. Les partis de l’opposition et ceux de la mouvance se regardèrent en chiens de faïence. On en était là quand une folle rumeur due à la présence des forces de l’ordre à quelques encablures de la maison de Boni Yayi déferla sur Cotonou.
Des centaines de républicains, démocrates et de militants acquis à l’opposition y convergèrent pour former un bouclier humain autour de la maison de l’ancien président du Bénin sise au quartier Cadjèhoun. On était au 1er mai 2019. Le lendemain, un escadron des forces et de défense a donné l’assaut et a tiré à balles réelles sur les manifestants. Bilan près d’une dizaine de décès dont Prudence Amoussou, celle qui est devenue héroïne et martyre des événements de Cadjèhoun, les 1er et 2 mai 2019,.
Quant à Boni Yayi, il a été caserné pendant 52 jours. N’eut été le carnet d’adresses de Nicéphore Soglo qui a actionné ses relations à l’international pour obliger Patrice Talon à desserrer l’étau, Boni Yayi allait moisir chez lui.
Talon en route pour 2021
La suite, on la connait. Patrice Talon a eu son Parlement de 83 députés sur 83, tous acquis à sa cause. Dès lors, le vote des lois liberticides qui a commencé sous la férule de Adrien Houngbédji a connu une vitesse de croisière. Tout y passe désormais y compris le parrainage et la révision de la Constitution.
Le premier, c’est-à-dire le parrainage, deux ans après a permis de mettre des digues sur le parcours des candidats de l’opposition dans la perspective de la présidentielle. La seconde a octroyé un bonus de 45 jours à Patrice Talon au terme de son mandat, le 5 avril 2021.
Et à partir de cette date fatidique du 5 avril 2021, Patrice Talon a eu de hautes vagues qui ont submergé son fauteuil présidentiel. Comme un roseau qui a plié mais n’a pas rompu en 2019, il a tangué, plié, titubé en 2021, mais n’a pas cédé.
La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.
Journal L’Afrique en Marche mercredi 28 avril 2021

Bénédicte DEGBEY

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