L’éditorial de Titus FOLLY : Joli coup de Talon, gaffe des diplomates ?
Le leader de la ‘’Rupture’’ vient de réaliser un coup de lune en faisant déplacer au chevet des éléments des forces de défense et de sécurité blessés et soignés à l’hôpital des Armées, une très importante délégation de diplomates accrédités près le Bénin. Patrice Talon fait tout pour légitimer son pouvoir. C’est humain. On ne peut le lui reprocher. Cependant, faut-il plaindre ces diplomates qui ont accepté le rôle de juge quand Patrice Talon leur a tourné le visage ? Analyse dans l’exercice de l’éditorial du jour.
Quand les coléreuses secouent le Bénin par des troubles, il y a une histoire de sommeil qu’il ne faut pas raconter. Il faut donc déplorer les violences et œuvrer pour la paix.
Il n’est plus loisible de s’attarder sur la prouesse de Patrice Talon. Le leader de la ‘’Rupture’’ a donc réussi à convaincre tout ce beau monde de diplomates qui s’est rendu à l’hôpital des Armées. A cette étape, on pourrait se demander que viennent faire ces diplomates de France ; de Belgique ; d’Allemagne ; de la délégation de l’E.U ; de l’ambassadrice du Niger et doyenne du corps diplomatique et surtout des USA dans un dossier encore à chaud, sans actes et sans filtres ?
Cette démarche n’est pas inédite. C’est une tradition chez les diplomates. Elle couvre donc des théories classiques des relations internationales. Les diplomates sont donc partis s’enquérir de l’état de santé des soldats blessés. Et ceci grâce aux recettes de l’information en boucle et grâce au plaisir d’apprendre à la bonne source du guichet des enquêtes.
Cependant, ce déplacement était-il opportun au regard des lignes d’action entre le gouvernement et l’opposition ?
Au regard de la disparition du débat de l’espace, cette démarche du monde diplomatique donne l’air d’une prise de partie dans une bagarre de plateau. Il est donc aisé pour certains de croire à un aveuglement international de la diplomatie sur ce qui se passe au Bénin. Il fallait donc éviter cette perspective d’équations impénétrables, de courbes énigmatiques et de raisonnements nébuleux. Mieux, il fallait éviter que cette démarche soit reconvertie en alliance avec la dictature.
Quelles peuvent être les conséquences de cette démarche des diplomates ?
Après ce moment qui s’est produit, l’initiative de la réconciliation et du dialogue pourraient définitivement changer de camp. Il ne peut en être autrement surtout que Patrice Talon aussitôt son vote fini le 11 avril dernier, a dit sans ambages qu’il n’y aura pas d’assises.
Mieux, il n’y a pas de doute, le régime de la ‘’Rupture’’ va davantage théoriser l’insurrection qui couvre de sa plus belle végétation, le débat public actuel.
En outre, il se peut qu’on ait davantage un large éventail socio-professionnel de terroristes. Sans oublier que cette démarche peut être un emprunt total pour une gouvernance à la main déjà trop forte.
De tous les ambassadeurs pourquoi, celle des USA est au ban des accusés ?
De tout ce beau monde, la présence de l’ambassadrice des Etats-Unis, Patricia Mahoney analysée sous toutes les coutures, gêne dans une certaine mesure plusieurs observateurs. Il se fait qu’avant la présidentielle, l’ambassade américaine a été la plus active du monde diplomatique accrédité au Bénin. Récemment encore avant la présidentielle, cette ambassade au nom des valeurs républicaines a légitimé le débat d’idées. Mieux, elle a formulé des demandes expresses de liberté et de démocratie contre les forteresses de la dictature. Mais contre toute attente, cette histoire traumatisante des terres brulées est passée aux oubliettes.
En cela, la lettre ouverte en date du 17 avril 2021 de deux anciens ambassadeurs du Bénin, en occurrence Ruffin Zomahoun qui était près le Japon et Omar Arouna, près les États-Unis, lettre dans laquelle, ils demandent aux ambassadeurs d’être impartiaux est plus que pertinente. Pour eux, pour équilibrer les cristaux, il faut que les ambassadeurs rendent aussi visite aux blessés de Tchaourou, Bantè, Savè et Parakou. Il revient donc aux ambassadeurs de laisser libre cours ou de récuser le ‘’noir silence’’.
La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.
Journal L’Afrique en Marche du lundi 19 avril 2021