L'afrique en marche

L’éditorial de Titus FOLLY : Docteurs d’ici et d’ailleurs

Les constitutionnalistes de RDC sous le pennon du professeur André Mbata ont réagi à la détention arbitraire de leur collègue du Bénin, Joël Aïvo. Ici à Cotonou, alors qu’on observe un silence de cimetière de la part de la majorité des docteurs en droit et autres universitaires, ceux de la République démocratique du Congo viennent de montrer à leurs collègues béninois, la voie à suivre. Analyse dans l’exercice de l’éditorial du jour.
Joël Aïvo est incarcéré depuis le 16 avril dernier. A part Robert Dossou, Barnabé Gbago et Philippes Noudjènoumè qui ont protesté, les autres universitaires n’ont pas bougé tout au moins par solidarité de corps. Doit-on en être surpris? Je reponds «NON» sans tergiverser. Et les raisons de cet état de choses sont multiples.
D’abord, depuis le renouveau démocratique, mais surtout depuis 2016, la majorité des cadres du Bénin sont devenus des « tambourinaires » , des caudataires du pouvoir, des garçons de course, en somme des universitaires pratiquant une science du ventre… Et quand l’herbe sèche a commencé par tomber, la fleur aussi. Et ce n’est pas une surprise, il suffit d’analyser sous toutes les coutures, le tempérament de dignité de nos cadres, pourtant hommes de science pour constater qu’il on observe de leur part, un affaissement moral de leur part.
LES RAISONS ?
A cette étape de l’analyse, il y a deux conséquences qui font que les cadres sont chloroformés, tétanisés et incapables de réagir face à la torche éruptive de l’arbitraire au Bénin.
Premièrement, ils sont incapables de réagir, car comme de jeunes aigles, ils doivent continuer de descendre ( à quelques exceptions près ) vers les verts pâturages. Ce n’est pas un euphémisme disgracieux. La réalité est là.
Ensuite, tout porte à croire que les cadres de ce pays ont définitivement fait ce choix de vie qui est aux antipodes de l’idéal. Il suffit de voir comment ils assument pleinement leur posture de thuriféraire, de janissaire, de caudataire pour constater qu’ils ont une pleine satisfaction à assumer leurs émulations.
Si les cadres n’ont plus le choix que de faire des génuflexions, il faut reconnaître au passage, la capacité de Patrice Talon à soumettre tout le monde y compris les universitaires.
Face au régime actuel, il faut être fort pour ne pas trahir sa conscience. Il faut être fort pour lutter contre les abus de pouvoir. Il faut être fort pour parler de préservation des droits de l’homme. Il faut être même fou pour revendiquer le respect des libertés fondamentales et les principes démocratiques. Ce que l’illustre et premier docteur d’Etat de la RDC, Étienne Tchisekedi appelle les « propriétés d’un Homme».
Si les cadres font davantage la promotion de l’arbitraire en donnant sans coup férir, les clés de l’expertise juridique aux princes du moment pour violer les textes de la République, il faut souligner le rouleau compresseur de Patrice Talon.
On espère qu’avec les vagues successives de jeunes cadres et docteurs en droit qui déferlent déjà sur le Bénin, qu’on aura dans quelques années, de la bonne graine pour une relève de qualité. Il n’y a pas de doute. Tout se fera à l’instar des herbes de la savane toujours sur le chemin de la croissance après la sécheresse ou les grands incendies de brousse.
La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.
Journal L’Afrique en Marche du mardi 27 avril 2021

Bénédicte DEGBEY

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