L'afrique en marche

L’éditorial de Titus FOLLY : Diplomatie, en attendant la descente de l’aigle

Il faut dénouer rapidement la crise diplomatique entre les pays voisins et nous. Il faut le faire au nom de la coexistence pacifique et du bon voisinage. Pourquoi ce crédo doit-il être une priorité pour Patrice Talon? Analyse dans l’exercice de l’éditorial du jour.

Patrice Talon est en froid avec le président Gnassingbé du Togo. Ce n’est plus un secret. Patrice Talon l’a dit publiquement sur RFI. Le chantre du ‘’Bénin révélé’’vient de sortir d’une relation très glaciale avec le président Buhari du Nigeria surtout après le blocus des frontières de notre géant de l’Est. Au moins, le président Kaboré du Burkina ne dit rien à personne. Il est dans son coin tranquillement à s’occuper de ses oignons (terrorisme, affaire Sankara, procès Compaoré…). Patrice Talon peut se frotter les mains. Quant au président Bazoum du Niger, il vient d’arriver. On attend de voir l’état de ses relations avec Talon. On est qu’il n’y aura pas de problème à ce niveau au nom du gazoduc Niger-Bénin. Voilà donc une rapide radioscopie de l’état de notre diplomatie avec nos voisins.

Choix difficile, mais pas impossible.

Même si Patrice Talon a raison ne doit-il pas renouer le fil du dialogue avec le Togo? Ce n’est pas impossible même après le réquisitoire contre notre voisin de l’Ouest attaqué publiquement sur RFI par les pères tutélaires de la ‘’Rupture’ qui ont déclaré que les autres sont fournisseurs de valises bourrées de thaler pour déstabiliser le Bénin à l’occasion de la dernière présidentielle.

Patrice Talon n’a donc pas le choix même s’il a raison, il doit trouver les moyens pour rétablir la confiance entre les autres et le Bénin. Ce qui passe par des principes tangibles et des efforts louables surtout que nous vivons une crise qui menace durablement la paix entre voisins.

Mais cette formule de compromis peut-elle intéresser Patrice Talon?
Le chantre de la « Rupture », au-delà de toutes les grandes questions qui divisent déjà son pays, n’a pas le choix. Il a même l’obligation de renouer le fil du dialogue pour desserrer l’étau et sortir de l’autarcie. Mieux, béninois a dévoilé durant la dernière campagne présidentielle ses propres ambitions sur le plan diplomatique. Au nombre des ambitions de Patrice Talon au cours des cinq années à venir, il y a donc la promotion du multilatéralisme comme mode de gestion des affaires relatives à l’avenir du Bénin. Fort de cette ambition, il doit agir, il doit passer à l’acte et tendre la main.

Cependant, au regard de la connaissance du corpus de la gouvernance Talon, le concepteur du « Bénin révélé » fera-t-il le geste utile? Certains sont sceptiques, car avec le régime de la ‘’Rupture’’, il faut toujours avoir en idée, la manière ‘’élégante’’ dont les plus sujets les plus graves de discorde ont été toujours ‘’évacués’’.

Cependant, au regard des enjeux qu’il y a cette fois-ci, au nom de la coexistence pacifique et du bon voisinage, Patrice Talon pourrait procéder autrement le moment venu. Il sait qu’il doit trancher dans le vif des plumes de cet aigle qui chasse à la fois les problèmes structurels et maintenant conjoncturels de sa diplomatie. Il doit le faire au nom des intérêts supérieurs du Bénin et revigorer la diplomatie béninoise visiblement chancelante.

Et pour cela, le gouvernement du Bénin doit cesser de penser qu’il est peut espérer continuer d’esquisser les contours de sa réussite ( par exemple le PVI à la frontière Bénin-Togo) dans des errements diplomatiques. Et dans un souci de prise en compte de ce champ du consensus diplomatique jusqu’ici négligé, il s’agira au moins d’accepter, l’acte fondateur d’une nouvelle dynamique. En somme, l’éventualité du « sacrifice suprême » au nom du Bénin.

Les raisons?

D’abord, le rayonnement du Bénin est fonction de la diversité féconde et stimulante de sa diplomatie. Mieux, la problématique évoquée doit prendre en compte l’autre versant politico-relationnel du champ des stratégies entre chefs d’État de la région. En outre, ce champ doit être également perçu à travers le filtre des diverses relations entre les peuples. Et c’est ici qu’il faut saluer la non-ingérence des peuples togolais et béninois dans les « ambiguïtés » plus ou moins latentes et désormais connues de ceux qui nous dirigent au-delà des frontières.

La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.

Journal L’Afrique en Marche du mercredi 02 juin 2021

Bénédicte DEGBEY

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