L'afrique en marche

L’Editorial de Titus FOLLY : D’Abidjan à Cotonou, c’est possible.

Laurent Gbagbo est retourné hier à ses pénates à Abidjan. Ce retour, Laurent Gbagbo le doit à Alassane Ouattara. Patrice Talon peut-il placer de jolis pions sur son damier et faire comme son homologue ivoirien ? Analyse dans l’exercice de l’éditorial du jour.

Sébastien Ajavon n’a pas tué un simple poussin. Il est bientôt trois ans hors de son pays natal, lui pourtant le premier contributeur national.   Léhady Soglo, Komi Koutché, Valentin Djènontin, Léonce Houngbadji…sans oublier Amissétou Affo Djobo qui s’est éclipsée clandestinement…sont aujourd’hui des exilés. Voilà autant de compatriotes qui attendent le geste utile comme vient de le faire Alassane Ouattara.  

Le rêve est-il permis ?

Dans l’hagiographie des symboles martyrisés, Patrice Talon qu’on l’aime ou pas, il faut lui reconnaitre cette vista de spécialiste en géostratégie. Il a cru qu’il ne peut développer ce pays si certains compatriotes sont présents. Il a donc opté pour l’obéissance des nouveaux ‘’subordonnés’’ dans une conception manichéenne du pouvoir.

Au finish, il fait fausse route, car en dépit de son ambitieux projet l’asphaltage, les nuages s’amoncellent de plus en plus dans le ciel béninois trop chargé. 

Peut-il suivre l’exemple de Alassane Ouattara qui a donné l’absolution à Laurent Gbagbo qu’il a pourtant voué aux gémonies, puis expédié à la CPI pour sa ‘’crucifixion’’ accusé d’être le responsable de la mort de 3000 personnes durant la crise politique de 2011.  Patrice Talon peut-il continuer à être insensible à un tel message ? Tout dépendant désormais de lui, et ce pour plusieurs raisons.

Au nom de la validation de la ‘’communauté de destins’’, l’artienne du chantre de la ‘’Rupture’’ depuis son serment du 23 mai dernier, il doit marquer comme Alassane Ouattara la conscience collective.

Il doit donc sortir le Bénin des récits détestables et des balafres funèbres contre ces ‘’bêtes politiques foncièrement noires’’ qu’il a déjà liquéfiées et qui sont obligées de fuir le Bénin. S’il veut réaliser la communauté de destins et espérer avoir les bonus royaux au terme de son magister du ‘’Bénin révélé’’,  il faut qu’il agisse au nom de la concorde nationale.

Sans un ratio de capital, il ne peut y avoir de développement pour le Bénin. La Côte d’Ivoire est déjà le premier pays le plus attractif pour les investissements en Afrique de l’Ouest. Elle le sera davantage avec le retour de Laurent Gbagbo. Alors à quoi bon isoler le ‘’mathématicien innovateur’’ de Cotonou qui veut offrir des ponts d’or en matière de développement ? Il faut que les biographes de Patrice Talon parviennent à lui souffler que la dextérité de ‘’développeur’’ va de paire avec la concorde nationale

Ensuite, pile, Patrice Talon a déjà gagné.    Face, ses cibles ont tout perdu. Il vient d’entamer son second mandat et ne sait-on jamais, il peut faire au-delà.  Malgré sa ‘’profession de foi œcuménique’’ lors de sa récente interview avec RFI, le 30 avril dernier, il peut toujours ne pas partir au terme de ce dernier mandat. Alors, va-t-il poursuivre sa méthode souvent frontale dans le rapport toujours délicat peuple-pouvoir depuis le 06 avril 2016 ?

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Comme on le voit,  l’agenda de la mansuétude ou de l’absolution à l’égard de nos exilés politiques ne doit plus avoir de contraintes. Patrice Talon sait désormais tous les éléments d’appréciation pour changer de cap. Le Bénin peut aussi copier le ‘’barbier’’.  

Bénédicte DEGBEY

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