L’éditorial de Titus FOLLY : Biya, Condé, Museveni et Talon
Patrice Talon vient d’avoir ses adversaires à son goût pour la présidentielle. Il n’a reculé devant rien depuis 2019. Qu’on l’aime ou pas, il est un redoutable stratège. Il se fait que là où les satrapes les plus avertis du continent ont manqué d’imagination, Patrice Talon a réussi sur toute la ligne avec brio. Quelle est la différence entre Patrice Talon et les autres? Analyse dans l’éditorial du jour.
Moïse Kamto, l’opposant camerounais a été en lice contre Paul Biya. Celui-ci ne l’a pas empêché par des manœuvres subreptices. Il a été candidat et la ‘’messe a été dite après’’. Même si Bobi Wine, l’adversaire résolu de Yoweri Museveni en Ouganda a été dans les geôles à plusieurs reprises, le dictateur de Kampala n’a rien fait pour l’empêcher d’être candidat. En Guinée-Conakry, Alpha Condé n’a pas mis d’abord, des digues constitutionnelles pour écarter son adversaire viscéral, Cellou Dalein Diallo,
Comme on le voit, tous ces dictateurs ont laissé faire avant de ‘’déployer leurs talents d’athlète politique abruti’’ avant les derniers ordres de ‘’leurs juristes-constitutionnalistes’’ pour les résultats de la victoire.
Mais ici au Bénin, Patrice Talon a refusé de s’abreuver à la veille école des dictateurs.
ET QUELLE A ÉTÉ SA CONTRIBUTION A LA SCIENCE DE LA DICTATURE ?
Dans la matérialité des réformes politiques du chantre de la ‘’Rupture’’ à partir de 2018, Patrice Talon n’a jamais voulu faire comme ses autres homologues avec leur ‘’destin d’alpiniste’’. L’homme qui a juré Mieux contrairement à ses homologues qui troquent le piolet de démocrate contre le complet veston, Patrice a donné une touche particulière à la science politique. Ainsi, quand ce n’est pas le certificat de conformité aux législatives, il a misé sur les 10% aux communales, il parvint avec l’excellence à éliminer ses adversaires avec le parrainage. Patrice Talon n’a donc pas voulu faire comme les autres dans les arts aussi lointains que le pitonnage des stratégies anciennes. Avec le leader de la « Rupture », on a eu des lois actuelles taillées sur mesure, pour éliminer sans trop de risques ses opposants avant même la présidentielle. Pour lui, il n’est pas question de les laisser compétir et de faire après les ‘’exponentiels’’ de la nuit à la Cour constitutionnelle.
Même si la fin justifie les moyens et que sa stratégie qui consiste à recaler ses opposants déjà à la Cena manque d’élégance, Patrice Talon n’est pas un homme politique à aimer les calculs aléatoires. Moralité pour moralité, sous les tropiques, la contribution du fin stratège Patrice Talon ne passera pas inaperçue et fera certainement boule de neige en Afrique. Et pour cause ?
Grâce à Patrice Talon, les autres dictateurs africains tâcheront désormais de s’approprier ce modus pour garder le pouvoir sans élégance mais avec ses avantages certains. L’exclusion ou le bannissement des opposants dès les coups de semonce recèlent à ne plus douter d’énormes avantages pour s’assurer aisément la dernière ligne droite.
L’autre chose, la stratégie de Talon est très fructueuse pour les satrapes africains du continent noir, ils savent que la légitimité n’est jamais acquise d’un coup. Et comme ils sont tous très impopulaires, ils vont s’assurer davantage de payer les frais d’une légitimité ‘’hautement subversive’’.
Mais avant, les dernières thématiques intitulées comment éliminer les opposants avant même le 1er tour de la présidentielle, rappelons qu’ ici à Cotonou que tous les dictateurs africains ont appris comment on peut ‘’caserner’’ un opposant à domicile. Après Boni Yayi au Bénin, Moïse Kamto au Cameroun, Bobi Wine en Ouganda, Cellou Dalein Diallo en Guinée-Conakry, l’ont également été.
Comme on le voit, dans la galaxie des modules les plus innovants du cursus de la dictature, voilà comment Cotonou en cinq ans y a apporté une contribution indéniable.
La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.
Journal L’Afrique en Marche du lundi 12 avril 2021