Avec sa baïonnette, Assimi Goïta est rentré dans l’histoire. Depuis son premier coup d’Etat en août 2020, sa carrière politique suit un mouvement en essuie-glaces. Il est héros au début après le premier putsch. Il est devenu tartuffe après son nouveau pronunciamiento en mai 2021. Le voici maintenant qui force l’admiration de l’opinion africaine depuis qu’il a renoncé à des privilèges. Analyse dans l’exercice de l’éditorial du jour pour apprécier l’effet de service de Assimi Goïta et non de rente comme on le voit sous les tropiques.
Il n’a pas choisi une ‘’Porsche’’. Il n’a pas opté pour une ‘’Lamborghini Venono’’. Il n’a pas jeté son dévolu sur une ‘’Ferrari Sergio’’. Il n’a pas voulu d’une ‘’Bugatti Chiron’’. Le colonel Goïta n’a choisi qu’une simple voiture Pick up comme véhicule d’Etat.
Mieux, il n’ira pas faire les emplettes sur Les Champs Elysées comme certains chefs d’Etat africains. Il en aura pas les moyens, car le président de la Transition malienne, le colonel Goïta a décidé de renoncer aux 2/3 des 150 millions de F CFA par mois de fonds de souveraineté.
A-t-il détruit le virus doctrinaire du Crésus de certains présidents africains ?
Par cet acte qui rappelle un certain Thomas Sankara (l’ancien président du Burkina assassiné le 15 octobre 1987), de vénérée mémoire, le jeune officier malien démontre d’une certaine manière, l’exemplarité. Son acte qui consiste à retirer le brevet des privilèges à certains dirigeants africains pour insuffisance de générosité est fort. Oui en Afrique, on connait le modus de ceux qui nous dirigent. Le faste de leurs palais contraste avec l’indigence du grand monde populacier.
Cette conception de vie de l’officier malien est-elle dénuée de calculs d’apothicaires ?
Tout porte à croire que Assimi Goïta par ces actes indéniables d’exemplarité pourrait être à la recherche de l’absolution. Il ne peut en être autrement surtout après avoir recouru une seconde fois de la gâchette pour rectifier la démocratie malienne. Son acte est indéniable, car la démocratie malienne s’est assoupie dans son sofa et met du temps pour retrouver la force de se relever. Dès lors, quand l’officier malien, héros puis trublion et séditieux qui a déçu l’opinion africaine après son nouveau coup d’Etat, se met en mode séduction, il y a de quoi l’ovationner.
Mieux, ces calculs de reconquête interviennent dans un contexte où depuis 2012, la démocratie malienne avachie est terrassée dans l’ottomane, cherche depuis une porte de sortie honorable. En outre, cette opération de charme intervient dans un contexte où les djihadistes ont imposé au peuple malien, un visage vermeil et les yeux ternes de sommeil.
Et voici donc le patron de la junte malienne qui entame un carrousel pour un changement de comportement. Son acte démontre à plus d’un titre que les princes du moment ne peuvent être dans l’opulence alors que le peuple n’a droit qu’aux faméliques jarrets.
Ainsi, durant son magister, le train de vie de l’Etat en ces temps de crise transversale pour le Mali, cet officier fera de la pertinence de l’utilisation des fonds publics, une réalité. Par sa simplicité et sa normalité à l’image du Malien ordinaire qui tire le diable par la queue, il affiche sa vocation à servir de modèle pour changer dans une certaine mesure ce brandon de misère de son peuple.
En Afrique, certains dirigeants cachent leur rémunération et sont dans des comportements dispendieux, ostentatoires et conflits d’intérêts. Dans ces conditions, au-delà de son Mali natal, Assimi Goita mérite la haie d’honneur des Africains.
La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.
Journal L’Afrique en Marche du 11 juin 2021.