L'afrique en marche

L’éditorial de Titus FOLLY : Afrique/ père président, enfant président

 Mahamat Idriss Déby, désormais l’homme fort du Tchad.
Au nom du père, et du fils…on constate qu’à l’ère des ‘’princes héritiers’’ et des maisons régnantes en Afrique, le règne des pères en fils se multiplient. Analyse dans l’exercice de l’éditorial du jour.
Il s’appelle Mahamat Idriss Déby. Il est le fils de son feu père, le maréchal du Sahel, Idriss Déby Itno, passé de vie à trépas. Général des corps d’armées, Mahamat Idriss Déby, à 37 ans, a désormais les rênes du pouvoir depuis le mardi 20 avril 2021 Il est à la tête du Conseil militaire de la transition (CMT). Si rien n’entrave cette montée en puissance, pour au moins 18 mois, l’enfant héritier du maréchal Déby qui a déjà pris service, dirigera ce pays.
Un couronnement ?
A première vue, cette promotion est bel et bien un couronnement pour le rejeton Déby. Dans un contexte de doutes et de suspicions légitimes de sa succession, Idriss Déby a préféré sortir son fils de l’antichambre et l’a préparé pour l’adoubement futur et final. On y est désormais.
En la matière, le ‘’maréchal du désert’’, Idriss Déby n’a pas voulu faire dans les sentiments. Il a donc jeté sans coup férir son dévolu sur son fils pur-sang que de laisser le pouvoir (au cas où) dans les mains d’un ‘’Messager intime’’.
Mieux, Idriss Déby a fait ce choix pour tuer toutes les autres ambitions du sérail des généraux qui l’entourait. Cette promotion de Mahamat Déby s’inscrit donc parfaitement dans une logique de dévolution dynastique voulue par Idriss Déby. Et ce pour deux raisons.
Lesquelles ?
D’abord, ce ne fut pas difficile pour Idriss Déby de parvenir à ses fins. En plaçant son fils comme le patron de sa garde de sécurité présidentielle, son père lui a permis d’avoir ‘’son’’ carnet d’adresses à l’international puis il a pu asseoir ‘’son’’ puissant réseau à l’interne, Dans cette posture, le prince héritier, Mahamat Déby a pu ‘’éliminer’’ les généraux rivaux qui agissaient comme des ‘’alligators’’, ‘’caïmans’’ et autres ‘’crocodiles’’.
Ensuite, depuis 2019 après la tentative de prise de pouvoir par les rebelles, Idriss Déby a commencé par préparer le passage de témoin entre lui et son fils. Et deux ans seulement après, la trouvaille pour cet échafaudage a fonctionné à merveille.
Mahamat Déby est-il le premier à être dans cette posture quand on regard dans le rétroviseur ?
Certains chefs d’Etat avaient sorti leur fils de l’éteignoir pour le prédestiner comme dauphin. Et au nombre des cas les plus emblématiques dans un passé récent, où le fils prédestiné à la succession de son père a effectivement pris les rênes du pouvoir, il y a le cas de Ali Bongo au Gabon, de Faure Gnassingbé au Togo et de Joseph Kabila en RDC.
A part ces cas, il y a l’autre catégorie de dauphins dans le schéma de dévolution monarchique, dauphin qui attend son heure. On peut citer Teodorin Nguema Obiang Mangue en Guinée Equatoriale qui est déjà sur le dernier escalier avant le pouvoir qui lui tend déjà les bras. A moins qu’on ait une surprise de dernière heure.
Il faut aussi signaler que d’autres projets sont déjà dans les cartons. Il y a la promotion de Noureddin Bongo Valentin au Gabon pour remplacer l’actuel président du Gabon, Ali Bongo Ondimba, au cas où. Pour un futur proche adoubement, Noureddin Bongo Valentin a été nommé coordinateur général des affaires présidentielles.
Dans d’autres capitales africaines, des observateurs avertis scrutent ce qui se passe.* On a le cas de la Guinée Conakry avec Mohamed Alpha Condé, fils et conseiller du président Alpha Condé. On est aussi attentionné par ce qui se trame à Brazzaville avec Denis Christel Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville sans oublier Franck Biya au Cameroun.
Quant aux cas qui ont foiré, on peut évoquer celui de Saïf al-Islam, l’un des fils de la fratrie Kadhafi en Lybie et de Gamal Moubarak en Egypte. Même si comparaison n’est pas raison, au Sénégal, la succession dynastique en dépit des grandes manœuvres au profit de Karim Wade, n’a pas été à son terme. On peut s’attarder également sur Karim Kéita qui a été député mais qui était puissant dans l’appareil d’Etat de son père, au Mali.
Avec la prise de pouvoir de Mahamat Déby, l’ambition aveuglée de certains pères de présidents et l’appétence démesurée de succession des fils dans des rôles diffus, controversés, informels, non programmés… risquent encore de se matérialiser.
Titus FOLLY
La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.
Journal L’Afrique en Marche du jeudi 22 avril 2021

Bénédicte DEGBEY

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