L'afrique en marche

L’Editorial de Titus FOLLY : 23 milliards, Culture avec fard. 

Le régime Talon a frappé un joli coup, un bon coup. Il bénéficiera de la part de l’AFD, 23 milliards de F CFA pour la construction du musée destinée à accueillir les vestiges culturels béninois gardés en France depuis plus d’un siècle. Quand une si importante somme tombe dans l’escarcelle du régime Talon dans un contexte particulier, peut-on empêcher le ‘’clan seigneurial’’ d’être euphorique ? Analyse dans l’exercice de l’éditorial du jour.

Quand on a 23 milliards de F CFA dans un contexte électoral toujours en ébullition, que fait-on ? Il faut pavaner ! A raison, le pouvoir de la ‘’Rupture’’ s’appuie donc sur les différents ressorts cassés pour faire du marketing et prendre un bol d’air. Ce qui est normal quand on est voué aux gémonies et qu’on peut profiter de l’importance des espaces et des publics français et béninois pour retrouver un brin de crédibilité, il faut le faire.

Doit-on blâmer le pouvoir du ‘’Bénin révélé’’ pour cela ?

Cette aide de l’Agence française de développement est une remarquable bouée d’oxygène pour le gouvernement béninois. Aux contributions rassemblées, mais revendicatives ici et là par Patrice Talon, le fils maternel de la famille Guédègbè (une grande famille d’Abomey), ne peut que s’estimer heureux. Il a eu le beurre et l’argent du beurre.

Mieux, cette contribution sous des angles différents confirme l’expression d’une fécondité culturelle. Sans oublier que cette dernière l’est, grâce à Patrice Talon qui a juré d’examiner la question du retour de ces vestiges comme la priorité des priorités.

Et voici le chantre de la ‘’Rupture’’ qui avait un savoir ‘’profane’’ et qui sans récupérer d’artéfacts de l’empire français dépouilleur lors de la domination territoriale du Dahomey placer de bons pions.

Mais le comble, il se fait que Patrice Talon, malgré la proximité détestable avec la politique béninoise actuelle réussit à bénéficier des droits de l’histoire. On était loin de penser que le rapatriement de ces vestiges, pourrait profiter à l’exécutif béninois contesté à l’interne comme à l’extérieur.

De ce fait, hasard de calendrier ou pas, cette manne tombe pour la ‘’Rupture’’ à un moment idéal. D’où la diffusion de cet ‘’exploit’’ avec naturellement un tapage de cirque et avec une mise en scène de couronnements.

Mis au ban des accusés, voilà comment les concepts modernes relatifs aux rituelx peuvent profiter à un lien d’exercice du pouvoir autoritaire. Et voici Patrice Talon qui réussit son coup. Le débat, ne porte plus sur la dictature ambiante à Cotonou, mais sur la dextérité à positionner la culture sur les seuls points de vue contingents et convergents. Aux acteurs de la ‘’Rupture’’ de nous dire s’il y a une interdépendance entre les deux domaines.

 Vers une renaissance culturelle ?

Mais une chose est certaine, la pensée culturelle de Patrice Talon tend à engendrer une ‘’renaissance’’ économique et culturelle. Tout ce qu’on connaissait de Patrice Talon avant sa prise des rênes en 2016, c’est qu’il avait un fort lien avec les arts. A chacune de ses descentes dans un pays, il allait d’abord visiter un musée certainement au-delà d’un savoir ‘’profane’’. Le voici aujourd’hui sous des angles droits d’une morale transcendante déterminée par les impératifs à la fois culturels et économiques sur un damier politique.

Depuis cinq ans, on constate cet idéalisme culturel et socio anthropologique de plus en plus fort et qui est greffé à un idéalisme économique. Mieux, tout se fait avec une palette de statistiques même s’il faut déplorer l’intrusion des versants politiques écrits une manière romanesque comme on le constate depuis ce week end.

Malgré les aspérités du régime de la ‘’Rupture’’, voilà 23 milliards pour construire une architecture seigneuriale qui réconforte à plus d’un titre Patrice Talon.

Il suffit de constater le tapage qui est fait grâce à cette enveloppe de l’AFD qui confère à la fois une dynamique méthodologique et une pertinence scientifique. Il faut cependant regretter que tout ceci soit propulsé par des calculs politiques.

Lire aussi : BRÈVES : BIENS CULTURELS DÉTENUS À L’ÉTRANGER, 42 MILLIONS $ POUR SOUTENIR LE BÉNIN.

Au regard de tous ces cristaux, le régime Talon ne peut s’empêcher de jubiler. Au décompte final, on a compris la leçon, celle de nous dire que les rares raccords à angles droit de ce régime doivent nous indiquer que tout n’est pas perdu pour Patrice Talon.

La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.

Journal L’Afrique en Marche du jeudi 07 juin 2021.

Bénédicte DEGBEY

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.