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L’ Editorial de Titus FOLLY : Mauritanie : Entre Candide et Cicéron.

(Acte 1, Et si on libérait Mohamed Ould Abdel Aziz ? )

Alchimie au point, divination en coin… Mohamed Ould Abdel Aziz, l’ancien président de Mauritanie a quitté le pouvoir. Il a cru bien faire en confiant les rênes de l’Etat à son dauphin trié du lot et choisi à juste titre, Mohamed Ould El-Ghazaouani. Au regard des dernières contingences, l’ancien homme d’Etat n’a-t-il pas perdu son pari, celui d’être tranquille après avoir désigné le dauphin qu’il fallait ? Pourquoi son plan de passage de témoin à son dauphin tout désigné a-t-il foiré? Analyse dans l’exercice de l’éditorial du jour.  

Le diable s’est introduit dans le camp des vieux généraux-copains, complices, compagnons, compères. Mohamed Ould El-Ghazaouani, n’a pas lésiné sur les moyens pour embastiller Mohamed Ould Abdel Aziz qui n’a pas fini de boire le calice jusqu’à la lie. Les dernières et croustillantes révélations relatives au «Nouakchott Leaks », auraient permis de retrouver Mohamed Ould Abdel Aziz au cœur d’un vaste réseau de détournement de fonds publics. D’où la poursuite contre lui et qui le prive de sa liberté de mouvement depuis quelques jours. 

Au nom de la lutte pour la bonne gouvernance, obliger les gens en dépit de leur posture à rendre gorge est une démarche principielle qu’il faut saluer.

 Cependant, Mohamed Ould Abdel Aziz serait-il embastillé s’il n’avait pas contesté la vision démocratique étriquée de son successeur ?  

Pour mémoire, j’ai l’intime conviction que le malheur de Mohamed Ould Abdel Aziz a commencé en novembre 2019 quand il s’est revêtu d’une tenue étrusque pour donner lors d’une conférence de presse la mise sous tutelle de leur parti commun.

 Ce jour-là, il a ventilé des secrets d’Etat par la cheminée. En feuilletant l’almanach, il a déploré dans des termes très acerbes, l’hérésie des députés et des conseillers municipaux et régionaux de l’Union pour la République (le parti de la majorité présidentielle qu’il a légué). 

Ce personnel politique de l’UPR dans une sorte d’allégeance au nouveau patron de Nouakchott a dit urbi que le président Mohamed Ould El-Ghazaouani est l’unique référence du parti au pouvoir. Et à l’ancien président de rappeler que la Constitution interdit au chef de l’État de diriger ou de contrôler l’UPR. 

Mohamed Ould Abdel Aziz a-t-il signé son arrêt de mort lors de cette conférence tonitruante? 

 « Certains groupes parmi les acteurs politiques dans notre pays se sont délibérément inscrits dans une dynamique de piétinement et de violation des lois de la République en créant un nouveau concept qui ferait du président de la République en exercice la référence du parti. Le président ne doit pas avoir la mainmise sur le parti. C’est une conception de folie, satanique, une conception irresponsable », a-t-il dit en substance lors de cette déclaration. 

 En somme, une manière de dire que son successeur n’a pas le droit de récupérer le patrimoine politique commun comme une puissante rampe de lancement. 

 En laissant à la postérité, cet édit fort, Mohamed Ould Abdel Aziz a-t-il provoqué le cassus belli ? Et dès lors, peut-on lier ce réquisitoire à l’adversité qu’il vit maintenant ? 

 Certains observateurs après avoir analysé sous toutes les coutures, les faits et gestes des deux hommes d’Etat jurent sans ambiguïté que tout ce qui se passe actuellement à l’endroit de l’ancien président de Mauritanie n’est qu’un règlement de comptes.  

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Il faut donc libérer Mohamed Ould Abdel Aziz an nom de ces couches de peinture qui se superposent sur le plan politique.

Bénédicte DEGBEY

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