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Je vote « Adjahoui »  L’Editorial de Titus FOLLY

Je vote « Adjahoui »   L’Editorial de Titus FOLLY

Je vote « Adjahoui »
L’Editorial de Titus FOLLY
Yédénou Kougblénou alias « Adjahoui »a rejoint l’Orient éternel il y a 27 ans ce jour. A cette occasion, un show culturel mémoriel est prévu cet après-midi à Avrankou. Dans l’exercice de L’Editorial du jour, nous saluons la mémoire de ce monument de la musique traditionnelle béninoise.
Pourquoi doit-on magnifier Yédénou Kougblénou « Adjahoui »?
Dans la légion des meilleurs précurseurs de ce rythme, contrairement aux autres, il a fait montre d’un génie de philosophe avec une trame intellectuelle particulière. Il faut écouter par exemple son titre « Thérésa » qui raconte avec maestria, un crime odieux dans toute la complexité d’un dossier juridique depuis le début du procès jusqu’à la pendaison des mis en cause.
Des années…
Mieux, il n’a pas laissé en rade, le son. En effet, à cette époque où « Adjahoui » et consorts officiaient, la digital n’était pas leur contemporain. Pourtant, il a fait un travail acceptable avec son producteur, le Nigérian Albarika Store pour rendre la percussion dans une orchestration acceptable.
En outre, dans la chorégraphie, il faut saluer sa virtuosité par rapport aux pas de danse. Beaucoup ne savent pas que « Adjahoui » est un exceptionnel danseur. Pour mémoire, aux obsèques du patriarche et richissime Xavier Mèhou-Loko à Porto-Novo Gbègo, il y quelques années, il fallait voir « Adjahoui » esquissé des pas de danse. Dans l’antériorité et la résonnance de ce rythme, il n’y avait pas meilleur que lui.
Ces variantes de performances ont fait de Yédénou Kougblénou « Adjahoui » l’ambassadeur béninois de la chanson traditionnelle. Pour nous qui avions eu la chance de faire le tour de certaines capitales, des années après sa mort, des opus quasi séculaires de cet artiste font vibrer encore avec une expression de fierté.
après…
Que fait-on de son héritage? Doit-on se contenter de la palette de ses qualités intrinsèques comme c’est le cas de tous nos illustres musiciens passés de vie à trépas? Doit-on continuer à géminer les larmes pour eux comme c’est le cas le 11 août de chaque année ?
Par rapport aux efforts pour perpétuer l’idéal « Adjahoui », il faut saluer à juste titre l’ONG dénommée : »Groupe de recherche et d’action pour le bien-être au Bénin (Grabe-Bénin). Cette dernière a décidé d’organiser un méga concert live à la gloire de l’icône de la musique moderne béninoise et africaine ce jour à Avrankou. Ce sera à la place des fêtes sise au carrefour de ladite localité.
Chaque année, quand on célèbre le 11 août, on a des regrets manifestes. Ces derniers découlent du fait que les enfants « Adjahoui » continuent leur carrière solo. Ils sont huit, qui au lien de continuer par travailler ensemble le  » Massè gohoun » comme des orfèvres, hélas ne sont pas encore prêts à s’inscrire dans la logique: «Unis, plus forts».
On croise les doigts et on espère que dans les années à venir, les pulsions du Béninois qui fait tout en solitaire finira par disparaître entre les huit héritiers.
A l’heure où le régime de la « Rupture » a le don de « métamorphoser » la citadelle avec une législation foisonnante, on espère qu’un cadre réglementaire plus concret va codifier la carrière de nos rossignols.
Site www.lafriqueenmarche.info du 11 août 2022 No 263
 
« La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.».

Bénédicte DEGBEY