( Et la fondation Claudine Talon fait oeuvre utile)
Sans une éducation adéquate sur les menstruations, l’arrivée des premières règles pour une fille peut causer de la peur, de la détresse, de la honte et de l’inconfort. Cela peut aussi contribuer à une baisse de la fréquentation scolaire. Un problème auquel des organisations répondent grâce à une formation sur l’hygiène menstruelle.
Deborah, élève en classe de 5 eme au collège , a été moquée par ses camarades de classe pour avoir eu des taches de sang sur sa tenue vestimentaire de cours. Dès lors, elle a décidé de ne plus aller à l’école pendant ses règles pour éviter l’embarras et la honte que cela provoquait. «Quand ma tenue kaki a été tachée, mes camarades de classe m’ont pointé du doigt et j’ai eu honte. Depuis, j’ai préféré rester à la maison jusqu’à la fin de mes règles», explique Déborah.
Malheureusement, Deborah n’est pas la seule dans le cas. Selon la Banque mondiale, une fille sur 10 en Afrique subsaharienne rate l’école pendant son cycle menstruel. Ce qui équivaut à près de 20% de l’année scolaire. Pour s’attaquer au problème, certaines structures développent une formation sur la gestion de l’hygiène menstruelle afin de mieux préparer les élèves filles, leurs professeurs et leurs parents à gérer les règles et à maintenir les filles à l’école.
Briser le tabou au sein des sociétés.
L’éducation sexuelle, dans de nombreux pays africains, peut être un sujet tabou en particulier dans les zones rurales où il est encore inacceptable que les parents discutent de sujets liés à la sexualité avec leurs enfants. C’est pourquoi, il est introduit le volet gestion des menstrues des filles à travers deux projets : le Projet d’amélioration de l’hygiène et de l’assainissement dans les Écoles, soutenu par la Fondation Claudine Talon, et le Projet d’amélioration de la qualité de l’education en partenariat avec l’Unicef.
«Faire face aux règles est un sujet tabou dans les familles», explique Hortense Saka, directrice d’une école primaire publique à Cotonou. Selon elle, de nombreuses adolescentes ne reçoivent aucune information de leurs parents sur les changements qu’apporte la puberté et leurs règles arrivent alors par surprise, les laissant mal préparées sur la façon de gérer. «Nous avons rencontré de nombreuses difficultés au début à cause de l’éducation sociale que les filles ont reçue. Certains disent que leurs parents ne les laissent même pas dire à quelqu’un qu’elles ont eu leurs règles. »
Il est nécessaire de briser les tabous entourant ce sujet crucial, en présentant la menstruation comme une étape naturelle et saine dans le développement d’une fille et non comme une chose à craindre ou à cacher.
Adapter les infrastructures scolaires.
Une enquête sur la gestion de l’hygiène menstruelle dans les écoles des communes d’Ajarra, Avrankou et Porto-Novo, a révélé qu’environ 15,2% des filles manquaient les cours à cause des moqueries de leurs camarades (29%) et des douleurs dans le bas ventre (69%). Le problème est également aggravé par l’absence d’infrastructures adaptées, comme des toilettes séparées pour les filles.
Sans toilettes séparées (avec des portes qui se ferment en toute sécurité) pour assurer l’intimité, sans moyen d’éliminer les produits sanitaires usagés et sans eau pour se laver les mains, les filles font face à certaines difficultés pour gérer convenablement leur hygiène menstruelle, avec dignité et intimité dans les écoles. Un projet soutient la construction de toilettes séparées pour les filles et veille à ce qu’elles soient également accessibles aux filles handicapées, afin d’assurer l’éducation pour tous.
Éducation à l’hygiène menstruelle
Il est capital dans le cadre de l’éducation à l’hygiène menstruelle de fournir aux filles un soutien et une éducation appropriés de la part de professionnels pour s’assurer qu’elles comprennent leur cycle menstruel et ont accès à des produits d’hygiène. À ce jour, certaines organisations qui s’investissent dans ce sens, distribuent des kits de serviettes hygiéniques aux filles dans des écoles au Bénin. En conséquence, les apprenants comme Deborah sont mieux informées et conseillées sur les règles et les bonnes pratiques.
Deborah avait l’habitude de prendre des bouts de tissu pour absorber ses règles, mais depuis qu’elle a bénéficié du soutien de ces genres de structures, elle a eu des serviettes réutilisables et lavables. «La formation sur les serviettes hygiéniques lavables a été très bénéfique pour moi. Aujourd’hui, grâce à ces serviettes, j’assiste toujours aux cours, même pendant mes règles, et je suis également à l’aise pendant les activités sportives. »
Des formations sur la manière d’orienter les filles dans le besoin vers les centres de santé locaux pour des contrôles et des examens ont été aussi enseignés a certains enseignants. Ces personnes référentes fournissent également des conseils sur la gestion générale de l’hygiène menstruelle et portent l’information aux parents pour qu’ils prennent les dispositions adéquates. Pour assurer la pérennité de cette action et favoriser le changement de comportement, il faut également sensibiliser les mères sur l’importance de la gestion de l’hygiène menstruelle et sur la manière de soutenir leurs filles.
À l’occasion de la Journée de l’hygiène menstruelle célébré le 28 mai de chaque année, il s’avère nécessaire de souligner le rôle important que joue l’éducation dans la réduction des inégalités afin que ce phénomène soit résolu.