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Geolocalisation/ pêche au Bénin : Une réflexion du professeur Agboessi

Geolocalisation/ pêche au Bénin : Une réflexion du professeur Agboessi

La situation du lac Ahémé et de la lagune de Cotonou au scanner
Après sa contribution intitulée ‘’Dragage du Mono et de l’Ahémé. Création d’une voie de passage sécurisée entre le fleuve et la mer’’, Michel Anoumoun Agboessi revient à la charge. Cette fois-ci, il aborde la thématique de la géolocalisation. Une fois encore, ce diplômé en Hautes études de recherches spécialisées (D.H.E.R.S) ‘’Mutations structurelles et politiques de développement’’ de l’Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), avec son style bien régalé, étale sa trame intellectuelle sur la question de pêche. Rappelons que cet expert, est incontestablement l’un des meilleurs en Afrique et dans le monde sur la problématique pêche. Lisez dans les lignes à suivre ladite réflexion.
‘’Geolocalisation’’ et peche au Bénin
La géolocalisation est un outil qui traque les poissons en vue de leur capture en grand nombre. Chaque secteur d’activités de pêche ayant ses particularités propres, la justesse de l’utilisation de cette technologie dans la pêche au Bénin peut s’analyser à l’aune de la pêche maritime artisanale et à celle de la pêche lacustre et lagunaire au sud du Bénin. La géolocalisation pose alors le problème du renouvellement des stocks dans des aires de production de poissons.
Géolocalisation et pêche maritime
Des acteurs de la pêche maritime artisanale résidant à l’extérieur du Bénin sont convaincus qu’il y a du poisson dans notre mer capable de couvrir les besoins du Bénin, de tout le Bénin. La géolocalisation des stocks de poissons serait pour ces pêcheurs artisanaux un formidable atout pour étayer leur assertion.
Les poissons de mer se déplacent en d’immenses bandes et ne connaissent pas les frontières maritimes des États. Ils parcourent souvent des centaines de kilo-mètres au gré des courants marins, des vents et des températures de l’eau. C’est pourquoi nos marins artisanaux, tout en restant dans la zone maritime béninoise, peu-vent capturer beaucoup de poissons si les instruments de la géolocalisation font partie de leurs matériels de production.
Cependant, traquer et pêcher les bancs de poissons nécessite au préalable la sécurisation des sorties en mer et des retours sur terre. C’est pourquoi, ces compa-triotes, malgré leur immense désir de revenir pêcher au Bénin, sont contraints de continuer à exercer à l’extérieur du pays. Si la sécurité réclamée par la diaspora venait à être réalisée, on peut escompter le retour définitif d’au moins 600 barques sur les 800 barques béninoises opérant dans les pays de l’Afrique Centrale. Alors c’est toute une industrie de pêche qui va naître au Bénin et les implications économiques et sociales seront très nombreuses.
Pourquoi le cas des pêcheurs marins expatriés paraît si préoccupant ? Parce qu’ils sont très nombreux à l’Extérieur, plus nombreux que ceux qui résident au Bénin. Ce sont les bras les plus valides qui se sont expatriés. Ils ont un capital de pêche im-pressionnant. Ils ont acquis à l’extérieur des expériences qu’ils n’avaient pas en s’expatriant mais sont en train de prendre de l’âge sans transmettre leur savoir-faire à la génération montante. Si notre État ne se presse pas pour les récupérer, eux et leur savoir-faire, un capital précieux dans ce secteur sera perdu.
Certes, leur réINSERT IGNOREion dans le paysage béninois ne sera pas facile si des me-sures d’accompagnement (micro-finance pour l’équipement dont les instruments de géolocalisation, par exemple) ne sont pas au rendez-vous. Les pêcheurs expatriés bé-ninois ne mendient pas les conditions favorables à la pêche et ne réclament pas l’aumône à l’État. Un partenariat gagnant-gagnant entre ces pêcheurs et l’État paraî-tra bénéfique au pays. Lorsque la C.E.E créa les conditions favorables à ses ressortis-sants de la pêche industrielle installés dans le port de pêche de Cotonou dans les an-nées 70, elle savait ce qu’elle gagnait en retour. Pour nous Dahoméens, la C.E.E nous aidait, puisque cette aide figurait parmi les concours accordés à notre pays. Mais au-cun dahoméen de l’époque n’avait de bateau de pêche et les barques de pêche appar-tenant toutes à des dahoméens n’avaient accès au port de pêche de Cotonou. Il a fallu l’avènement du régime militaire révolutionnaire pour que les Français fuient notre port (impôts) créant ainsi un vide que combleront les pêcheurs artisanaux béninois.
Les meilleurs spécialistes en Afrique de l’Ouest pour la capture en mer du pois-son noble, le ‘’Rouge’’, que nous appelons « Agnanto » sont Ghanéens. Les pêcheurs ma-rins béninois exerçant sur le territoire national comme ceux exerçant à l’extérieur ont recruté certains d’entre eux dans leurs compagnies pour la capture de ce poisson. Et les compagnies de pêche béninoises expatriées ont ainsi appris à se spécialiser dans la capture du ‘’rouge’’ contrairement à celles restées au Bénin. Les pêcheurs bé-ninois expatriés ont de l’expérience à revendre. Mais la géolocalisation n’est cepen-dant pas la solution finale pour leur retour au Bénin. Elle sera un plus pour eux.
Géolocalisation et pêche continentale
Sur les plans d’eau continentale, c’est-à-dire sur les lacs, les lagunes, les ri-vières et les fleuves, le peuplement en poissons se fait en vase clos. L’apport exté-rieur que nous connaissons en mer par la migration des espèces est absent ou si peu présent qu’il est négligeable. Les éventuelles migrations observables sont saisonnières et concernent uniquement les fleuves. Le barrage de Nagbéto offre un exemple : les poissons ne descendent plus vers l’embouchure du Mono à Grand-Popo.
Seule la reproduction constitue l’élément essentiel de la pérennisation des poissons dans nos lacs. Dans ce cas, cette pérennisation d’espèces n’est possible que si les conditions favorables à leur frayère sont réunies et que la surpêche est prohibée. Un lac, le lac Ahémé, et une lagune, la lagune de Cotonou, peuvent retenir notre attention.
Le Lac Ahémé
La géolocalisation est un élément qui amènera inexorablement vers la surpêche alors que l’ensablement et l’envasement du lac détruisent déjà les conditions de re-production du poisson. 125 Smartphones sur le lac Ahémé déjà ensablé et envasé ac-céléreront la pauvreté du lac. Ce lac subira donc deux pressions négatives pour sa fourniture en poissons. On doit faire appel à une bonne police peut aider à la règle-mentation sur le lac afin de limiter les dégâts que causera cette technologie.
Autrefois, la police de pêche était assurée par le ‘’yêhoué’’ (entre autres, le zangbéto) sur certains plans d’eau. Le jour du ‘’Glatin’’ ou jour du ‘’yêhoué’’ interdisait toute activité agricole ou de pêche sous peine de sanctions sévères et ruineuses pour le fautif. À ces époques tout était sous contrôle. Aujourd’hui, les jeunes n’ont plus peur du ‘’yêhoué’’. Ils estiment que « Mourir après un repas vaut mieux que mourir af-famé ». Pour eux, le vaudoun ne peut rien à leur encontre et si d’aventure il pouvait leur causer une nuisance, mieux vaut aller contre les interdits en faisant la surpêche que mourir affamé ou pauvre. La seule possibilité pour les discipliner est une police moderne : la Police des Eaux et Forêts qui dépend de l’État ou alors une police hybride (État et communauté).
Des solutions peuvent être imaginées qui faciliteront la migration des poissons de mer vers le lac Ahémé, mais c’est toute une autre histoire. Au stade actuel, la géolocalisation doit être interdite sur l’Ahémé parce qu’elle ne favorise pas la reproduction de poisson. Au contraire, elle videra le peu de poissons qui restent par une génération d’hommes qui ne pensent pas aux générations futures. Le lac ne sera plus un centre de production de poissons. Il restera aux générations montantes le transport sur le lac, peut-être aussi la plaisance ou le tourisme et aussi G.G. Vickey pour fredonner : « Qu’il est gai de voguer sur le Lac Ahémé quand le temps est serein » ! La lutte des communautés résidant autour du lac Ahémé pour l’interdiction des filets à petites mailles et le démantèlement du système des « acadjas » restera un lointain souvenir pour elles.
Géolocalisation, ‘’Amédékakonou’’ et ‘’Acadja’’
Les filets à petites mailles communément appelé « Amédékakonou » ramas-saient jusqu’au menu fretin pour le bonheur d’un seul individu (d’où l’expression Amé-dékakonou) en empêchant ainsi l’éclosion d’une nouvelle génération de poissons. Ce type de filet fut proscrit. Et la géolocalisation est une version plus pernicieuse que « Amédékakonou » parce qu’elle déniche le poisson alors qu’« Amédékakonou » capture le poisson à l’aveuglette.
L’Acadja est moins pernicieux que Amédékakonou, car il est un système d’éle-vage extensif du poisson au profit d’un individu ou d’un groupe d’individus. Mais il pié-geait le poisson, encombrait le lac, entravait la liberté de la pêche à l’épervier et ne fluidifiait pas la circulation des pirogues. La géolocalisation est pire qu’« Amédéka-konou » qui, à son tour, est pire que l’Acadja. Et l’Acadja n’a pas été accepté. C’est dire ! La lutte menée pour la suppression d’Amédékakonou et des acadjas a été rude. On doit éviter d’arriver à une lutte similaire avec la géolocalisation, car cette fois-ci rien ne matérialise le désordre créé autrefois par les engins précités. Au moins on pouvait identifier les propriétaires de ces engins de pêche. L’utilisateur de la géolocalisation est un fantôme insaisissable, étant entendu que l’arme du crime est presqu’invisible.
La Lagune de Cotonou
L’utilisation de la géolocalisaton sur le Lac Nokoué est mal perçue malgré l’embouchure. Pour favoriser l’exportation des crevettes vers l’Europe (France sur-tout), la C.E.E avait financé l’enrochement de la lagune au niveau de Xwlacodji et un passage étroit a été laissé pour la communication avec la mer. Lorsque, plus tard, les laboratoires européens ont analysé les importations de crevettes provenant du Bénin, il semblerait qu’ils aient découvert la présence de métaux lourds dus à la pollution des eaux du Nokoué. La C.E.E déconseilla alors l’importation des crevettes béninoises en Europe. Les sociétés ‘’Crustamer’’ et ‘’Crustagel’’ fermèrent leurs portes. Mais l’enro-chement, lui, est resté. Nous ne devons pas poser des actes irréversibles sur l’environnement qui appartient à plusieurs générations.
En dépit des raisons scientifiques pour ses bienfaits, cet enrochement fait partie des éléments qui aggravent les inondations dans Cotonou. Avant l’enrochement, quand il y avait inondation, on ouvrait l’embouchure au niveau de Xwlacodji et Cotonou sortait ses pieds de l’eau. Aujourd’hui c’est un étroit passage, certes permanent, qui permet de dégager le trop plein d’eau de pluie de Cotonou vers la mer. L’enrochement a affaibli le débit d’évacuation de l’eau de pluie, même à marée basse. La migration du poisson de mer vers le lac Nokoué est devenue presqu’inexistante pour qu’on tolère la géolocalisation sur cette lagune.
Les Objectifs de Développement Durable prônés par les Nations Unies
La technologie de la géolocalisation sur nos plans d’eau continentaux va à l’en-contre des O.D.D décrétés par les Nations Unies. Prélever des ressources halieuti-ques sans possibilité de les renouveler revient à agir négativement sur notre environ-nement. Notre génération est locataire de la terre et des eaux. Elle passera, d’autres générations suivront la nôtre. Si nous ne pouvons pas ou si nous ne voulons pas créer de la valeur ajoutée sur cet environnement, soyons moins égoïstes et laissons-le tel que nous l’avons hérité. Nous n’avons pas le droit de faire disparaître les espèces que nous avons eu la chance d’avoir à notre naissance. La géolocalisation est destructrice de l’écosystème en milieu aquatique, elle détruit le trésor des futures générations.
Rôle de l’État
L’État est le Maître des eaux et de la terre dans notre pays. À ce titre, il est le Régulateur incontestable des secteurs de production. Il peut et doit favoriser l’émergence des pêches maritime, lacustre et lagunaire. Plus que cela, il doit créer les conditions favorables à l’accroissement des richesses halieutiques.
Le Conseil des Ministres du 15 Avril 2020 a opté pour l’assainissement et le dragage de certains lacs et lagunes au sud du pays. C’est déjà bien que l’État sorte de sa léthargie dans ce secteur. Mais on est très surpris par le choix de la période de l’annonce du projet. Il ne s’agira pas de mettre des engins de dragage sur les lacs et lagunes pour un ‘’travail bien fait et vite fait’’. Ce type d’action que l’État prévoit me-ner sur l’environnement nécessite des études préalables sur le milieu aquatique, sur les impacts éventuels de l’habitat bordant les plans d’eau et sur la réglementation de la pêche. Le désensablement n’atteindra probablement pas la même profondeur sur tout le plan d’eau. Ce type de travaux fait presque toujours appel à au moins trois dossiers : un dossier technique, un dossier financier et un dossier d’exécution.
La volonté de l’État d’entreprendre ces travaux est à saluer, mais notre État ne peut pas se méprendre sur les étapes de réalisation de ces travaux. Et rien ne peut le pousser à leur exécution sans les différentes études, sans la hiérarchisation des étapes. La précipitation peut avoir des effets plutôt néfastes que le mal qu’elle est censée atténuer ou éliminer.
Et pourtant, un dossier technique existe dans les archives de l’État
Une étude technique réalisée pour le désensablement de la lagune de Grand-Popo par les pêcheurs béninois résidant à Libreville doit se trouver dans les archives de la Présidence de la République depuis l’époque de la présidence de Monsieur Nicé-phore SOGLO. Des pêcheurs ont dépêché et payé de leurs poches une société spécia-lisée dans ce genre d’études pour le désensablement éventuel de leur lagune. Les études ont révélé que le désensablement doit respecter le lit du cours d’eau pour limiter les impacts négatifs sur les villages environnants. Ce dossier, technique, n’est compréhensible que par les initiés ; pour des non initiés, c’est du chinois. Le Président SOGLO n’a pas donné suite à ce dossier, même si le bruit avait couru sur sa prédispo-sition à le traiter. On en a entendu parler, d’une manière éphémère, sous la présidence du Général KÉRÉKOU, puis plus rien ; ‘’Silence’’ : on fait de la politique politicienne. L’électorat de Grand-Popo, réduit à sa plus simple expression par l’exode vers les centres urbains et par l’expatriation, est devenu pour des politiciens de la gouvernance au rabais, pas tous, fort heureusement, peu intéressant pour faire le plein de voix aux élections.
Ne créons pas des sources de conflits entre les peuples.
Draguer et assainir le Lac Ahémé en marginalisant la lagune de Grand-Popo re-vient à créer des lendemains conflictuels entre deux zones situées de part et d’autre de la route internationale qui traverse les bords du lac Ahémé, deux zones au destin intimement lié. Les Xwela (populations au bord de l’Ahémé) et les Xwla (populations au bord de la lagune de Grand-Popo) sont de même souche et sont entremêlés. Anticiper les éventuels conflits pour les éviter serait plutôt judicieux. S’il vous plaît, ne draguez pas l’Ahémé sans la lagune de Grand-Popo, ne draguez pas la lagune de Grand-Popo sans l’Ahémé. Les deux plans d’eau forment un tout qu’on ne doit pas sérier comme leurs peuples.
Le dragage de l’ensemble laguno-lacustre est la meilleure option pour la région. Il est nécessaire de justifier l’assainissement du couple Ahémé-lagune de Grand-Popo. Assainir le lac Ahémé créera un mouvement des populations Xwla vers le lac Ahémé. L’exemple du conflit de pêche entre togolais et béninois au barrage de Nagbéto doit être présent dans les esprits. Il n’existe pas de « No man’s land » entre les deux aires Xwla et Xwela. L’apparition de conflits entre une zone prospère et une zone pauvre en poissons se fera tôt ou tard, qu’on le veuille ou non.
Beaucoup de Xwla ont des ascendants plus ou moins lointains dans le pays Xwela comme beaucoup de Xwela ont des parents dans le pays Xwla. Le problème est que tous les peuples autour du lac n’ont pas des relations de sang avec les Xwla, comme tous les Xwla n’ont pas des liens de sang avec tous les peuples lacustres. Les sources de conflits proviendront de la dichotomie des relations de sang au sein de chacune des deux aires si on viabilise une seule des deux aires de production. Assainir le lac Ahé-mé sans la lagune de Grand-Popo posera le même problème qu’à Nagbéto et peut-être plus grave encore.
Il y a plus de 800 barques de pêche expatriées. Elles appartiennent à des Xwla et à des Xwela. Aujourd’hui, draguer le seul lac Ahémé en marginalisant la lagune de Grand-Popo portera préjudice demain aux pêcheurs marins Xwela revenant définiti-vement au pays, car leurs barques ne seront pas amenées sur le lac Ahémé pour aller à la mer ! Le passage sécurisé à la mer se fera tôt ou tard. Mieux vaut tôt pour tout le monde que tard et le pouvoir qui l’assurera entrera dans l’histoire de cette région. La bonne gouvernance ne sera pas « Le déluge après nous ». Notre État a et aura la con-fiance pour ajuster le tir, c’est-à-dire draguer simultanément les deux aires, sauf s’il veut faire passer la diaspora par ‘’Pertes et Profits exceptionnels’’, marginaliser la lagune de Grand-Popo et créer les germes de troubles sociaux pour l’avenir. Ce que personne ne souhaite pour le bien de nous tous.
Des travaux inclusifs ne seront que bénéfice pour l’État
Le dragage du couple lac Ahémé-lagune de Grand-Popo provoquera une meilleure productivité, surtout s’il se double du passage sécurisé entre ce complexe et la mer. Dans ce cas, la réduction du chômage des pêcheurs et des agents de la filière de toutes les pêches sera plus forte, la baisse des importations de poissons entrainera la réduction du déficit de la balance des paiements (l’ECO est en route, même s’il titube) Cette tâche ne sera pas forcément herculéenne pour l’État. Au contraire, sur le moyen et long termes, les fruits de ses efforts développeront toute une région qui aujourd’hui se vide de ses populations.
L’exode et l’expatriation sont des bombes à retardement programmées lors-qu’on ne les intègre pas dans une politique globale. L’État doit vite les désamorcer dès que possible. Le rapatriement de la Côte-d’Ivoire en 1958 a créé l’inflation à Cotonou, celui du Gabon en 1978 a visé des difficultés économiques au Bénin de Kérékou. Même notre voisin immédiat, le Niger a procédé au rapatriement de nos compatriotes. Peut-on minimiser les rapatriements du Ghana, du Nigeria et du Congo-Brazzaville ? Il y a des bénéfices qui ne sont pas toujours financiers. La paix sociale n’a pas de prix. Les travaux dans cette région de pêche lacustre, lagunaire et maritime peuvent tordre le cou à l’exode et à l’expatriation de ses ressortissants et seront bénéfiques sur le plan économique et financier.
Repeupler nos lacs et nos lagunes
Draguer nos lacs et lagunes est nécessaire, mais pas suffisant. L’État doit prendre des dispositions pour repeupler les divers plans d’eau grâce aux bassins d’éle-vage d’alevins à créer au niveau de chaque zone de dragage. Il prendra des dispositions pour introduire les espèces disparues de nos lacs et lagunes (et elles sont nombreuses, ces espèces disparues ou en voie de disparition), comme il aura aussi intérêt à introduire de nouvelles espèces de poissons. L’accroissement des ressources halieutiques doit suivre celui de la population humaine, sinon « Le lion risque de mourir de faim dans une savane où le gibier abonde ».
En tout état de cause, la géolocalisation qui favorise la surpêche sur nos lacs et lagunes est contraire aux objectifs du développement durable (O.D.D) décrétés par la communauté internationale. Son utilisation peut être tolérée pour la pêche maritime artisanale. L’État ne doit pas oublier qu’il y a des travaux à faire en amont (études) et en aval (repeuplement) du dragage de nos divers plans d’eau. C’est pourquoi nous adhérons à la suggestion du professeur René Ahouansou pour la création d’une Agence Nationale de Dragage. Cette agence sera la cellule technique à laquelle l’État se référera ou consultera chaque fois qu’il décidera d’assainir un élément de nos divers plans d’eau.
Michel-Anoumoun AGBOESSI
D.H.E.R.S, Mutations structurelles et Politiques de développement e l’Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne).

Bénédicte DEGBEY

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