Euro 2020 /Bilan : L’apothéose d’une compétition réussie ?

La 16ème phase finale de la coupe d’Europe de football a rendu son verdict ce dimanche 11 juillet 2021 avec le sacre de l’Italie à Londres. De cette finale au match d’ouverture, les quatre coins du monde ont vibré au son d’une compétition rythmée par des équipes pleines de talents et d’envies de gratter le ciel continental. Que retenir au terme de cette compétition ?

Ce championnat d’Europe a été l’occasion pour les Nations jadis sous estimées de déstabiliser de façon inimaginable, la hiérarchie du football en Europe.

On a eu la preuve qu’il y a une dynamique organisationnelle qui, de plus en plus se fait plus sérieuse sur le continent avec des envies les plus tranchées de certaines Nations comme la Suisse, l’Ukraine, et l’Autriche de rompre avec la disette et de s’introduire de plus belle dans le palmarès continental.

Pour d’autres, ce fut bien l’occasion de refaire surface après plusieurs décennies de traversée du désert à l’image de la République Tchèque (ancienne Tchécoslovaquie) et même du Danemark, champion d’Europe en 1992. Cette performance a évidemment fait sauter des géants qui ont dans leur ensemble déçu pour le charme du football.

L’Italie, la renaissance après l’élimination pour la Russie.

Invincible pendant 27 matches avant son premier match contre la Turquie dans cet Euro, l’Italie a aligné une série de sept matches sans défaite dans ce 16ème championnat d’Europe de football pour un total de 34 matches sans défaite, un parcours ponctué par le sacre continental.

La ‘’Squadra Azzura’’ a su se défaire de ses adversaires grâce à une solidité tactique et technique au cœur d’un collectif particulièrement huilé. Avec la touche spéciale de Roberto Mancini, l’équipe transalpine autrefois rugueuse et très défensive s’est façonnée en une équipe ultra offensive avec une verticalité de rêve. Sans surprise, l’Italie est donc montée sur le toit européen pour une deuxième fois de son histoire après son premier sacre en 1968 plongeant ainsi l’Angleterre dans un profond deuil.

Wembley, Gareth Southgate dérouté.

L’équipe britannique aura raté une rare occasion de réécrire une nouvelle page de son histoire. Jamais par le passé, l’équipe anglaise n’a disputé une finale du championnat d’Europe de football. Dans le temple du football à Londres, les Anglais avaient cru au talent de leur équipe, terne au départ, mais très rassurante au fil de la compétition.

Après un début de rencontre héroïque avec l’ouverture du score de Luke Shaw, les « Three lions » ont perdu le rythme pour laisser l’Italie pousser des ailes. Gareth Southgate, lui qui faisait des choix les plus acceptables et décisifs jusque-là, aura été l’ombre de lui-même à une étape où il ne fallait pas en opérant des choix les plus tendancieux pour faciliter la mission italienne.

Et ses trois derniers changements avec à la clef, trois penaltys ratés par ces trois joueurs, l’histoire retiendra que le sélectionneur Southgate a effondré Wembley et que Bukayo Saka a déstabilisé l’Angleterre en tirant le dernier pénalty anglais dans les mains de Gianluigi Donnarumma, élu meilleur joueur de la compétition, offrant ainsi le trophée à l’Italie.

Les satisfactions et déceptions.

Cette édition de l’Euro 2020 a eu le mérite de révéler des équipes et même des joueurs au talent caché. Dans ce registre, l’équipe de la Suisse a certainement écrit sa nouvelle page de son histoire de la plus belle des manières.

Parvenue à s’affranchir de sa poule en qualité de meilleur 3ème derrière l’Italie et le Pays de Galles, la Suisse a frappé un coup de génie face à la France, équipe championne du monde en titre qui se voyait trop belle qu’elle ne l’aurait jamais été. Une fois en 8ème de finale, la remontée spectaculaire de 2 buts en fin de rencontre (3 # 3) pour finalement s’écrouler aux tirs au but a été une leçon de football.

Le Danemark aussi à sa place dans la liste de ces équipes ayant créé de fortes sensations dans ce championnat d’Europe 2020 avec sa qualification en demi-finale malgré l’effondrement de sa star Christian Eriksen victime d’un malaise cardiaque au premier match. Parlant de révélation de talents, mis à part les stars connues, le tchèque Patrik Schick, auteur de cinq buts dans le tournoi en égalité avec le Portugais Cristiano Ronaldo aura été avec le Suédois Emil Forsberg, l’une des révélations les plus attractives de cette compétition qui a consacré la victoire de l’Italie.

Dans l’ombre de ces deux talents, les ukrainiens Roman Yaremchuk et Oleksandr Zinchenko auront joué également de grands rôles dans l’aventure ukrainienne. Mais il ne faut pas aussi oublier les danois Kasper Dolberg et Joakim Mæhle et surtout Kasper Schmeichel, le portier de cette équipe qui été l’artisan un grand rôle dans cette glorieuse aventure des « ‘’Vikings’’. Le jeune attaquant espagnole de FC Barcelone Pedri, 18 ans aura été également l’une des révélations de cet Euro 2020.

Festival offensif pour un nouveau record !

Les buteurs européens devront encore courir derrière de nouveaux records. Cette édition de l’Euro 2020 aura été une édition de tous les records. Porté à 108 buts, l’édition passée en 2016, le nombre de buts inscrits en une phase finale a connu une hausse effroyable. Les attaquants ont frappé très fort en cette édition 2020 portant ainsi ce record à 142 buts. Au total 51 matches pour 142 buts marqués soit une moyenne de 2,78 buts par match ! Après 94 buts lors des 36 matches de poules, les buteurs ont marqué la compétition en inscrivant 29 autres buts à l’occasion des huit combinaisons des 8ème de finale. Ils ont maintenu la légende en se montrant décisifs lors des quarts de finale et des demi-finales en marquant respectivement avec 12 et 5 autres buts portant ainsi le total à 140 buts après 50 rencontres. Les 2 buts de la finale entre l’Italie et l’Angleterre sonnent définitivement le glas de ce festival offensif à l’occasion de ce 16ème championnat d’Europe de football édition 2020.

L’Euro de 1968 rempoté par l’Italie étant l’édition la moins prolifique en buts avec seulement 7 buts marqués en cinq matches, soit une moyenne de 1,40 but par match. Au nombre des 142 buts qui constituent désormais le record de la plus prestigieuse compétition de l’Uefa, Cristiano Ronaldo en a marqué cinq. Malgré l’élimination précoce du Portugal en quart de finale, l’attaquant de 35 ans qui disputait son 5ème Euro a fini en tête des buteurs à égalité avec le tchèque Patrik Schick. Le même joueur, en marquant son doublé contre la France lors de la 3ème journée du groupe F, inscrivait son 109ème en sélection en établissant un nouveau record. Mais mieux encore, ces 2 buts ont permis à l’attaquant portugais de se hisser désormais seul en tête des buteurs par rapport au nombre de buts marqués par un joueur a l’Euro. Avec 14 buts, il établit ainsi ce nouveau record en cinq phases finales, aussi un record, et plus loin, pour 25 matches disputés. Encore un autre record car, l’ancien attaquant madrilène devance désormais ses compatriotes Joao Moutinho et Pepe qui sont à 19 matches en phase finale du championnat d’Europe de football.

Dans le rang des buteurs, soulignons le retour en grâce du Français, Karim Benzema, le Suédois Emil Forsberg, le Belge Romelu Lukaku et l’Anglais Harry Kane aussi très attendus, ont réussi à inscrire quatre buts chacun.

De la première édition en 1960 à la 16ème en 2020 décalée en 2021 pour cause de pandémie sanitaire mondiale, un total de 829 buts sont inscrits et l’édition prochaine en 2024 portera certainement les espoirs de nouveaux records. 

Lire aussi : Euro 2020 / Meilleur joueur : Le titre de Gianluigi Donnarumma ‘’aveugle’’ l’Uefa

En somme, l’Uefa aura réussi le pari organisationnel en dépit de la crise sanitaire mondiale due au coronavirus. Le choix de faire jouer la compétition dans 11 différents pays européens aura été une inspiration réussite. L’Angleterre avec sa génération de talents en devenir, devra elle se forger d’abord pour Katar 2022 et pour l’Euro 2024. 

Par Jérôme TAGNON

Journal L’Afrique en Marche du 13 juillet 2021.