EMISSION DES PASSEPORTS/ DIFFEREND ETAT BENINOIS- SOCIETE GEB AFRIQUE: LES CONTRE-VERITES DU MINISTRE AGBENONCI
Le patron de la diplomatie béninoise, Aurélien Agbénonci a-t-il les bonnes informations sur le dossier du blocage de l’émission des passeports ? Voici les tenants et dessous d’un dossier. Dans une réunion zoom avec les Béninois de la diaspora et dont une séquence a été diffusée sur la page facebook de Vital Panou le samedi 27 mars, on le voit donner des réponses à peine convaincantes et truffées de contre-vérités à la suspension notée dans la production des passeports.
Par Omer HOUESSOU
Durant cette réunion zoom avec les Béninois de la diaspora, le ministre des Affaires étrangères avait pourtant fait le serment d’être le plus transparent dans ses propos. Ce qui est loin d’être le cas, puisqu’à l’arrivée, le ministre Agbénonci s’est montré plutôt confusionniste, économe de vérités et parfois avec des propos qui frisent bien la diffamation à l’endroit de la société GEB Afrique.
Il convient ici de rétablir quelques vérités que le ministre a choisies délibérément d’obstruer pour blanchir le gouvernement. A certains de ses propos, il convient d’apporter quelques précisions afin que l’on ne prenne pas pour argent comptant tout ce qu’il a dit. Le ministre affirme : « Nous sommes venus trouver une situation où le gouvernement de la République, pas celui de Patrice Talon, pour une raison qu’on ignore a signé un contrat avec un privé à qui il donne la possibilité d’émettre des passeports biométriques ordinaires et cette personne est détentrice de la PKI qui est la clé d’identification qui permet d’émettre des documents sécurisés ». A ce niveau, il convient de préciser certaines choses.
- concernant la clé publique PKI. L’explication du ministre est bien loin de la vérité et des pratiques courantes en la matière. GEB Afrique n’est pas détentrice et ne peut pas détenir une clé publique PKI. Cette dernière est un patrimoine public de sécurisation de données de la Direction de l’Émigration et de l’Immigration (DEI) où elle est logée.
* le contrat entre l’Etat Béninois et la société GEB Afrique remonte à 2002 au temps du président Mathieu Kérékou. Seul l’avenant a été signé en 2014 sous le mandat du président Yayi.
Selon des sources concordantes, à l’arrivée du président Patrice Talon au pouvoir, l’opérateur technologique a été convoqué à la présidence de la République pour remettre la clé PKI. Il leur avait déclaré qu’elle était à la DEI et sur demande, une copie avait été faite et remise à la Direction du cabinet militaire du chef de l’Etat.
Résiliation de contrat
Le ministre poursuit : « Ensuite, ce partenaire privé, de temps en temps, a essayé de faire des chantages parce qu’il avait signé avec l’ancien gouvernement une convention qui fixait, dans les proportions déraisonnables, le montant des passeports ». Ces propos donnent l’impression que le ministre ne maîtrise pas bien le dossier ou à défaut, il essaie par ruse de distiller des contre-vérités dans l’opinion pour empêcher la manifestation de la vérité. Il est important de rappeler ici que le gouvernement du président Patrice Talon n’a signé depuis 2016 aucun contrat avec GEB Afrique. Plus grave, il a fait annuler l’avenant au contrat de concession de type BOT du 07 février 2014 enregistré sous le N° 12 0440-85 par une décision du tribunal de commerce de Cotonou. Comment pouvait-elle (GEB Afrique) continuer à produire des passeports alors que depuis novembre 2020, aucun engagement ne la lie à l’Etat ? Est-ce le fait d’arrêter de produire trois mois après l’annulation de l’avenant qui est le chantage ? Le ministre Agbénonci aurait été plus transparent en brandissant des courriers dans lesquels GEB fait des demandes à l’Etat pour l’augmentation des prix de ses prestations ou a menacé d’arrêter la production des passeports pour quelques raisons que ce soient.
Faut-il le rappeler aussi, les prix que le ministre Agbénonci juge déraisonnables ont été fixés en son temps de commun accord avec les gouvernements Le président Yayi l’a fait au regard de ceux pratiqués dans la sous région et de plusieurs autres paramètres comme le coût des équipements acquis par elle pour les activités.
GEB Afrique brimée triplement
Troisième morceau du ministre : « Brusquement au mois de…nous sommes en mars, il y a de cela trois mois, ce Monsieur (allusion au PDG de GEB Afrique) a décidé de faire un chantage. Il dit : « Si on ne le paie pas tel montant parce que des passeports ont été émis à l’étranger et j’estime que j’ai tel pourcentage et d’autres prétentions, j’arrête ». Il est bien dommage que le ministre tienne des propos aussi graves et diffamatoires sans aucune preuve. La vérité c’est que l’opérateur GEB Afrique a été contacté par le gouvernement qui lui a demandé de mettre des équipements d’émission de passeports à la disposition de certains consulats à l’étranger pour faciliter la tâche à nos compatriotes qui vivent dans ces pays. Elle a donc déployé des équipes dans ces pays et installé les équipements pour cette mission. A sa grande surprise, elle reçoit quelques semaines après la décision du tribunal lui notifiant l’annulation de son contrat. Se sentant brimée, elle demande le paiement des passeports émis depuis plus de deux ans qui n’ont pas été payés sans compter le coup de l’installation des kits dans les consulats étrangers (déplacements des agents et achat et installation des équipements).
Après cela, le 19 novembre 2020 GEB Afrique reçoit d’un huissier envoyé par l’Agent Judiciaire du Trésor (AJT) un commandement d’arrêt des travaux. Le 20 novembre 2020 GEB Afrique répond à l’agent judiciaire par un courrier lui signifiant l’arrêt des travaux. Il était 11H quand un coup de fil nous informe que la Présidence de la République a demandé de continuer l’émission des passeports. Nous avons réclamé un document officiel qui justifie la reprise du travail. A cette demande, nous avons reçu par un huissier un document de l’AJT qui annule l’envoi du premier courrier d’arrêt des travaux en lieux et place de l’ANNULATION DU JUGEMENT du tribunal
GEB Afrique a attiré l’attention que ce courrier ne saurait être une garantie sans que la décision de justice ne soit annulée. Entre temps, le ministre de l’Intérieur nous demande de faire une proposition d’avenant que nous lui avons soumis mais qu’ils ont refusé de signer. Un mois après, il reçoit une proposition de nouveau contrat avec des dispositions qui la pénalisent sur plusieurs plans (durée du contrat huit mois au lieu du volume restant de passeport à établir, régime fiscal supprimé, régime douanier supprimé). Elle a opposé un refus à la signature de ce nouveau contrat et plaide pour que ses amendements soient intégrés avant signature.
Depuis novembre, silence radio jusqu’au 11 février où elle a mis hors tension l’équipement de production du passeport. Mais ceci ne s’est pas passé aussi brusquement comme le dit le ministre. Dans un courrier en date du 21 janvier (soit 20 jours à l’avance) elle a averti le ministre de l’Intérieur qu’elle arrêterait la production des passeports si un nouveau contrat n’était pas vite signé.
En disant : « Cette personne n’a pas hésité à arrêter parce qu’elle voulait faire ployer le gouvernement. », le ministre Agbénonci voulait présenter GEB Afrique comme le bourreau du gouvernement.
Au regard des faits, c’est le gouvernement qui joue à brimer son partenaire, à ruiner un compatriote en résiliant le contrat qui le lie à l’Etat aussi injustement, en ne lui payant pas ce qu’on lui doit et plus grave, en le poursuivant en référé à dédommager l’Etat. Le souci de transparence devrait amener le ministre Agbénonci à donner les noms du nouveau partenaire qui émet les passeports ordinaires, de service et diplomatiques et de celui qu’on accuse aujourd’hui. Selon des sources proches de la société, GEB Afrique ne trouve aucun gène à ce que son nom soit dit publiquement, car elle ne reconnaît avoir commis aucune faute. Depuis bientôt deux décennies qu’elle opère dans le secteur, elle n’a reçu la moindre notification de faute. GEB Afrique, c’est le savoir-faire à revendre. N’en déplaisent à ceux qui veulent ternir son blason d’or.