L'afrique en marche

Editorial de Titus FOLLY/ TALON-MACRON : DES CERTITUDES, DES HYPOTHESES

Editorial de Titus FOLLY/ TALON-MACRON : DES CERTITUDES, DES HYPOTHESES

La marque ‘’Orange’’ a eu la 3ème licence de téléphonie mobile au Bénin. Cette décision intervient alors que Emmanuel Macron ne dit rien sur la situation politique au pays du roi Béhanzin.  Patrice Talon venu au pouvoir à partir du fumier populaire du suffrage universel se maintient-il avec la trilogie dictature, diplomatie, business ?
On est déjà à la veille de la présidentielle au Bénin.  Alors que plusieurs députés français ont donné de la voix pour dénoncer les dérives du  régime de la ‘’Rupture’’,  l’Elysée et le Quai d’Orsay, les ‘’deux têtes nucléaires’’ de la diplomatie française ont opté pour un rideau de discrétion à l’égard de Patrice Talon.
Avec ce silence, tout démontre que Emmanuel Macron n’apportera pas de l’esprit des lois de Montesquieu au chef de l’Etat béninois. Hormis Alpha Condé de Guinée à qui on a remonté les bretelles pour son 3ème mandat, le président français certes très peu condescendant, vitupère de moins en moins contre les présidents africains surtout ceux du ‘’périmètre de sérénité pour les intérêts de l’hexagone’’.
Patrice Talon profite-t-il de la diplomatie anonyme ou de caution à l’autoritarisme de la part de la France ?
Il y a des évidences et il y a aussi des hypothèses. Il faut donc équilibrer des cristaux pour mieux décrypter cette grille de lecture.
On constate que Emmanuel Macron ne tient pas un langage de vérité avec Patrice Talon. Le président français a-t-il visiblement renoncé au droit de savoir et de pouvoir dire avec fermeté à son homologue du Bénin qu’il doit respecter les droits de l’homme, un principe cher à la France depuis 1789.
Mieux, l’expression du silence ou de la discrétion de Macron n’est-elle pas une clé essentielle de la réussite du régime du ‘’Nouveau départ’’ au moment où le peuple est astreint aux déchirements et à la souffrance ?  Conséquence, se taire face à l’amertume paranoïaque de certains qui violent les libertés fondamentales et les droits de l’homme ne conforte-t-il pas les tentations disciplinaires des autres qui parlent de : « non-assistance de la France au peuple béninois en danger » ?
L’autre chose, il faut souligner la docilité du ‘’héros de Cotonou’’ qui rarement a outrepassé son périmètre. A part le dossier de rapatriement des vestiges du Bénin confisqués depuis des décennies en France, Patrice Talon ne provoque pas la mère patrie. Il ne montre pas un pedigree capable de lui permettre de donner des secousses à la Françafrique. Ce détail n’a l’air de rien, cependant, il compte pour beaucoup.
Enfin, on est surtout pétri d’admiration devant la maestria et l’intelligence avec lesquelles Patrice Talon conduit sa diplomatie. Depuis cinq ans qu’il a les rênes du Bénin, il a su définir des éléments clés de sa diplomatie synthétisée. Il conforte tout ceci en les incorporant dans des actions ciblées. Avec conviction et audace, Patrice Talon  à réussir à garder un certain équilibre de ‘’finaud’’ en sauvegardant les anciens intérêts de la France ou en donnant à l’hexagone de nouvelles opportunités. Et en matière de nouvelles opportunités, la 3ème licence de téléphonie mobile attribué lors du conseil des ministres du 24 mars dernier à ‘’Orange’’, la multinationale française n’est pas un acte anodin.  Avant ‘’Orange’’, du mirador du palais de la Marina, on a vu la légion étrangère française qui a pris d’assaut la présidence de la République et qui y travaille à des postes clés. L’euphémisme disgracieux de ‘’désert de compétences’’ évoqué  par Patrice Talon n’a été qu’un prétexte. A l’instar des autres régimes dictatoriaux africains, le Bénin a aussi ses ‘’snipers du dictateur’’.
Comme on le voit, Patrice Talon est venu au pouvoir à partir du fumier populaire du suffrage universel. Cependant, tout démontre qu’il se maintient avec la trilogie dictature, diplomatie, business.  En attendant, le peuple béninois continue de boire le boillon de l’autoritarisme jusqu’à la lie.
La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.
Journal L’Afrique en Marche du mercredi 31 mars 2021
 

Bénédicte DEGBEY

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