L'afrique en marche

Économie/ Filière nouvelle : Quand le recyclage des pneus usagés nourrit son homme

Économie/ Filière nouvelle : Quand le recyclage des pneus usagés nourrit son homme

Des centaines de milliers de pneus sont abandonnés principalement dans la ville de Cotonou qui encombrent les décharges. Ces montagnes de pneus à ciel ouvert constituent une énorme source de pollution environnementale. En réponse à cette situation, un projet de recyclage a vu le jour. Il permet de recycler des milliers de pneus devenus inutiles.

Juste A. est un jeune entrepreneur qui s’est investi depuis quelques années dans le recyclage des pneus. Sous un soleil de plomb d’un après-midi, le voilà en pleine négociation pour acheter une cargaison de pneus usés qui lui a été apporté.

Après quelques minutes d’échanges, les pneus sont déversés dans son magasin commis pour ce fait. Ces pneus subiront dans quelques jours, une métamorphose pour servir de meubles. C’est en réalité ce dans quoi s’est lancé Juste.

« L’initiative consiste à récupérer ou à acheter des pneus usagers auprès de différents partenaires et collecteurs indépendants. Les pneus sont débités en fonction du modèle de meuble choisi. L’opération de finition consiste à les recouvrir de cuir ou de tissu. Les produits finis sont des meubles de standing, de qualité irréprochable, qui peuvent remplacer aisément les meubles en bois», a-t-il confié.

Dans la galerie des pneus usagés.

Juste travaille avec un gros fournisseur du nom de Crépin qui collecte et traite les pneus usagés à Cotonou depuis près de cinq ans. En 2018, il a pu collecter 89,6% des pneus usagés mis sur le marché. Le reste concernent 8% de déclarants individuels ainsi que 2,4% d’organismes collectifs dans les départements. «Nous allons collecter les pneus parfois chez les vulcanisateurs, où parfois dans les lieux de dépôts de déchets un peu partout à Cotonou et dans les autres contrées du pays. Si nous sommes parvenus à en faire une activité, c’est d’abord pour préserver l’utilisation de bois dans la réalisation des meubles. Cette utilisation n’est pas sans conséquence sur l’environnement, car elle constitue l’une des causes de la déforestation que connaît le pays. Il suffit d’apprécier certaines statistiques. Il y a plus de 40.000 hectares de forêts qui disparaissent chaque année, dont plusieurs espèces végétales rares.».

Une activité porteuse.

«Nos meubles sont à la portée de tous, car ils sont moins chers et plus résistants que les meubles en bois vendus sur le marché», confie Juste. A titre d’exemple, il déclare que le prix d’un guéridon avec sept fauteuils fabriqués avec du bois est de 250.000 FCFA, alors que le prix d’un ensemble de meubles fabriqué avec des pneus est de 150.000 FCFA. «Nos produits ne sont pas attaqués par les termites et ils sont très faciles à nettoyer avec de l’eau. Ils sont donc accessibles à toutes les catégories socio-professionnelles au Bénin ; nous disposons de plusieurs modèles qui offrent un choix large à des prix accessibles.».

Juste précise qu’il a réalisé au cours des trois premiers mois de 2018 une dizaine de meubles. A la suite de séances de sensibilisation et de démonstration des produits auprès la clientèle, plus de 50 commandes fermes ont été enregistrées. Il est nécessaire de sensibiliser la population afin qu’elle adopte de préférence, ce type de meubles en pneus en faisant ressortir les avantages comparatifs.

Difficultés et perspectives

Comme dans tous les secteurs, ils enregistrent aussi des difficultés dans le cadre de leur travail. «Parfois, nous allons pour la collecte et nous ne trouvons rien alors qu’il y a des commandes à satisfaire. Nous sommes obligés de faire recours parfois dans les pays environnants pour nous en procurer et là encore le coût monte.».

Des difficultés qui n’emoussent pas cependant l’ardeur de ces jeunes entrepreneurs. Ils comptent d’ailleurs élargir leurs cibles et faire adopter leurs meubles par les structures décentralisées (mairies, arrondissements et autres ) pour disent-ils équiper leurs jardins et espaces publics, et les entreprises du secteur public et privé.

Par Emeric C. OKOUPELI

Bénédicte DEGBEY

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.