Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique et celle de l’Economie numérique lançaient le 17 mai 2020 la plateforme e-learning. Un outil dont l’objectif est de permettre aux étudiants des universités du Bénin de suivre les cours en ligne surtout en cette période de Covid-19. Une réforme salutaire, mais qui éprouvent de nombreuses difficultés dans sa mise en application.
Salawath est une étudiante en 2ème année de sciences juridiques à la Faculté de droit et de sciences politiques (Fadesp) de l’université d’Abomey Calavi. Assise ce mardi au niveau du jardin botanique du campus les yeux rivés sur son portable, la jeune étudiante jette un coup d’œil sur le document de cours que vient de lui envoyer l’une de ses camarades de classes.
Depuis l’avènement du e-learning, elle dit n’avoir jamais profité de cette plateforme initiée par les autorités béninoises en cette période de Covid-19. « Dès que cela été lancé, je n’avais pas un portable Android. Il m’était alors difficile de me connecter pour avoir accès aux cours en ligne. C’est bien après que je me suis acheté un téléphone Android mais toutes les fois que j’ai essayé de me connecter sur la plateforme, c’était en vain. », t-elle confié.
A coté d’elle, Fabrice étudiant en 3ème année de CBG à la Faculté des sciences techniques (Fast) murmure : « Cette plateforme ne m’a jamais servi en dépit du fait que j’ai un téléphone Android. Toutes les fois que j’ai voulu accéder à la plateforme, c’était pas possible malgré mes nombreuses tentatives. », regrette le jeune étudiant.
Mauvaise qualité de la connexion et coût très élevé de l’Internet
En dehors de la mauvaise qualité de la connexion à Internet, la quasi-totalité des étudiants qui ont pu avoir accès à la plateforme ont critiqué le coût qu’engendre au quotidien cette initiative. C’est le cas de Joseph, étudiant à l’Institut de formation et de recherche en informatique (Ifri). « La mauvaise qualité de la connexion Internet ne me permet pas de suivre les cours normalement comme en présentiel. Parfois les images illustratives sont floues et vous ne comprenez rien de ce qui est dit. ». Une préoccupation que semble partager Dorine, une de ses camarades. Elle autre s’attarde plutôt sur les dépenses à effectuer au quotidien. 《Pour un cours de 3h ou de 4h , je débourse au moins 1500f à 2000f de forfait Internet alors que j’ai parfois deux cours de 3h par jour. Imaginez-vous même. Ce n’est pas du tout facile. », se lamente-t-elle.
Aussi, dénoncent-ils la manière dont les cours sont dispensés, car il est plus difficile de suivre et de comprendre réellement le cours surtout quand on est dans une série scientifique dont la plupart fait recours aux schémas, aux tableaux et autres.
E-learning, du bluff?
Près d’an après le lancement de la plateforme de cours en ligne certaines facultés et spécialités ne s’en sont jamais servi. Pas de cours enregistré ni de documents de cours postés. Pour ceux qui ont tenté l’initiative dans d’autres spécialités, sur près de 600 étudiants, seulement une trentaine étaient en ligne mais tous ne suivent pas le cours jusqu’à la pour insuffisance de forfait Internet ou mauvaise connexion.
Les conséquences
Dans de pareilles situations, on peut déjà deviner les conséquences que cela pourrait avoir sur les résultats de fin d’année. Salawath en a fait les frais l’année dernière. « Je dirai que c’est la raison fondamentale qui a fait que j’ai dû reprendre l’année. Puisque je n’ai rien compris des cours sans explication et sans documents. », a-t-elle confiée toute triste. Les cours en ligne sont donc loin d’être une réalité à l’université d’Abomey Calavi.
Le souhait des étudiants et des responsables d’étudiants des universités est que la plateforme soit améliorée afin de permettre aux étudiants d’y avoir accès plus facilement et à moindre coût pour réduire les cours présentiels surtout que la pandémie du coronavirus est toujours d’actualité dans notre pays.