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Dragage/ fleuve Mono et lac Ahémé : Freiner la rareté du poisson

Dragage/ fleuve Mono et  lac Ahémé : Freiner la rareté du poisson

Dans le fleuve Mono et le lac Ahémé, le poison devient rare. Face à cette situation, notre compatriote Michel Agboessi, diplômé de la Sorbonne en France a abordé le sujet.
Une contribution du professeur Michel-Agboessi
Les importations de poissons, source de maladies et de perte de devises.
L’Europe a connu ces dernières an-nées plusieurs crises, la crise de la vache folle, celle du poulet grippé. Le Brésil aussi a connu sa crise sanitaire de production animale, mais elle ne fut pas aussi médiatisée que celle de l’Europe. La Russie et le Japon ont eu leurs crises sanitaires et on n’en parle pas du tout. Lors de la catastrophe du site nucléaire au Japon, il y a eu fuite d’éléments radioactifs vers la mer. Les navires usines russes et japonais pê-chent et conditionnent les poissons en mer. Ils nous vendent ces poissons con-gelés à des prix très attractifs.
Actuellement, le Bénin n’est pas suffisamment outillé pour la traçabilité des poissons que nous importons. Au cours des cérémonies de baptême, de mariages et surtout d’enterrements, des poissons importés se retrouvent dans nos assiettes. Lorsqu’on sait que les catastrophes nucléaires (au Japon surtout) ont eu lieu tout près de la mer, on se demande si on est à l’abri des surprises désagréables d’ici quelques années lorsqu’on saura la partie masquée de cette catastrophe.
Mais il sera trop tard pour nous de refuser ces poissons qui sont, non seu-lement dans nos assiettes, mais aussi dans notre sang, dans celui de nos en-fants et de nos petits enfants !
En important ces poissons, nous im-portons avec eux les maladies que nous ne savons pas soigner, puisque nos an-cêtres ne les connaissaient pas. Alors, nous sommes condamnés à acheter les produits pharmaceutiques de ceux qui nous ont vendu ces poisons pour traiter ces maladies. Quel gâchis ! Ces maladies sont nouvelles dans nos pays. Si le Sida, l’Ébola existaient au temps de nos ancêtres, alors nous ne serons pas aussi nombreux en Afrique aujourd’hui.

Mais pourquoi ces importations ?
Autrefois les grands foyers de production de produits de pêche étaient le lac Ahémé et la lagune de Grand-Popo. Leurs productions nourrissaient leur monde et le surplus s’exportait au Togo et au Ghana. D’exportateur de produits de pêche, le Bénin est devenu plus tard importateur de ces mêmes produits. Pourquoi ?
Parce que nous n’avons pas entretenu nos divers plans d’eau, nous avons accepté qu’ils s’ensablent, qu’ils s’envasent. Les poissons ne survivent pas dans des eaux sans profondeur, dans des eaux où la frayère est pres-qu’impossible, puisque nous avons dé-truit la mangrove. Nous avons permis aux prédateurs et à nos mauvais com-portements sur l’environnement de briser la chaine de reproduction des poissons. Nous avons programmé notre propre perte.
Il n’y a pas que les importations de poissons
Chaque année, pendant l’hivernage, le Mono provoque des inondations, des destructions de maisons dans nos vil-lages. Les rues piétonnes disparaissent, les maisons en terre de barre s’écroulent et des maladies telles que le choléra, la fièvre typhoïde apparaissent. En effet, dans cette région lacustre, les fosses sceptiques sont presqu’inexistantes et les matières fécales sont directement déversées dans le fleuve. Enfants et femmes sont les premières victimes pendant les crues du Mono.
En 1987, le village Agonnêkanmey a connu un grand émoi. Le directeur de l’école* et un de ses fils, évacués à l’hôpital de zone de Comé, sont décédés. Cause probable de la mort : le choléra. Dans ces conditions, l’arrivée de l’hivernage crée assez de stress chez les chefs de fa-mille, ce qui est mauvais pour leur santé. La navigabilité sur la lagune ne permet pas une bonne mobilité des agents de santé et ne facilite pas les évacuations sanitaires vers les centres hospitaliers appropriés.
Que faire alors ?
Nous pouvons corriger nos erreurs, même si cela devait nous coûter cher. La plus belle assurance-maladie que notre pays peut nous accorder dans la consommation des produits de pêche est d’encourager la production intérieure de poissons. Et l’essor de cette production passe par le dragage de la lagune de Grand-Popo et du lac Ahémé.
Cette opération nous offrira une belle opportunité de réduire considérablement notre dépendance en produits de pêche, de limiter les maladies liées aux importations et aux inondations, de sauvegarder l’habitat, de faire reculer les épidémies cycliques résultant des inondations et de faire disparaître le stress de nombreux chefs de famille à l’approche de l’hivernage.
Coût probable du dragage. Autre suggestion
En 1989, on a estimé le coût du dé-sensablement du fleuve Mono à Grand-Popo à près de sept milliards de francs CFA. C’était avant la dévaluation du franc CFA.
Et nous avions trouvé ce coût très exorbitant. Aujourd’hui, ce coût oscil-lerait probablement entre vingt et trente milliards de francs CFA. Et si on ne réalise pas ces travaux de dragage aujourd’hui, demain son coût triplera ou quadruplera, et c’est toute la région qui va de Sêgbohouê à Agoué qui en souffrirait. Le montant de trente milliards ne doit pas nous faire baisser les bras, puisqu’il existe une solution de rechange. Notre pays peut acquérir des engins de dragage et draguer ses cours d’eau lorsque le besoin se fait sentir.
Il éliminera ainsi le coût des experts et le gain réalisé sera affecté aux sa-laires de nos compatriotes chargés des dragages. Au lieu de faire travailler des étrangers qui se disent experts et qui coûtent extrêmement cher, de contribuer à la baisse de chômage dans leurs pays, notre pays a intérêt à baisser son propre chômage en recrutant nos compatriotes pour ces opérations de dragage. Leur formation ne posera pas problème et sera un plus pour le pays.
Les retombées du dragage
C’est sur le plan économique que les retombées du dragage pourront être surtout palpables.
En effet, le dragage de la lagune de Grand-Popo et du lac Ahémé, en créant un meilleur environnement pour la pêche continentale, réduira le chômage des pêcheurs et des travailleurs de la filière de pêche, freinera l’exode rural ainsi que l’expatriation des bras valides vers des cieux pas toujours très cléments.
Le dragage redynamisera des villages lacustres et redonnera vie à leurs cul-tures. Il aura un effet bénéfique sur le surpeuplement du port de pêche de Cotonou, car beaucoup de pêcheurs re-tourneront dans leurs villages, ou du moins les pêcheurs, candidats à l’utilisation du port de pêche de Coto-nou, se feront plus rares. Au niveau du peuplement halieutique, on verra la réapparition des espèces disparues, on introduira de nouvelles espèces de poissons et on développera d’autres richesses de pêche telles les huîtres et les crabes d’eau. Le réaménagement des sites de production de poissons permettra l’intensification de la pisciculture et l’élevage des crabes de terre.
Le pays, en facilitant la vie de cette partie lacustre de la région, donnera du souffle à l’économie par la diminution du chômage des pêcheurs, l’amélioration de leur mode de vie, l’augmentation de la production inté-rieure brute et l’allègement de la ba-lance des paiements du pays.
Un danger virtuel, mais pas improbable
Une des grandes attentes du dragage est un meilleur arrimage de Grand-Popo au Bénin. Grand-Popo est une ville frontière, située sur une route internationale et sa capitale culturelle et politique est Agbannakin, au Togo, situé à moins d’un kilomètre du Bénin. Donc, Grand-Popo a sa tête au Togo, sa poitrine et ses pieds au Bénin.
Son appauvrissement peut être une source de difficultés d’intégration de la région à la nation béninoise ! L’évolution économique du Togo, où se trouve Agbannakin, peut devenir un miroir attractif. Beaucoup semblent oublier cet aspect de choses. Les exemples dans d’autres pays où le mal développement a prévalu et a conduit à des désastres nationaux, doivent nous guider, surtout que la zone appauvrie est une région de frontière. Le dragage doit servir à la réduction de la fracture entre Grand-Popo et le reste du Bénin.
Améliorer la vie de nos pêcheurs ma-rins artisanaux de l’intérieur
Pour éviter les déboires aux pêcheurs marins artisanaux à l’intérieur du Bénin, le gouvernement doit s’impliquer dans l’amélioration du secteur de la pêche maritime et surtout cesser de procéder aux déguerpissements anarchiques des agents de ce secteur, sous prétexte qu’ils occupent les ‘’Cent pas du Roi’’.
Les ‘’Cent pas du Roi’’ ? La mer les a déjà avalés depuis fort longtemps. Elle a même avalé plus de ‘’ 200 pas’’ dans le domaine du peuple situé avant les ‘’100 pas du Roi’’ ! Et personne ne s’en émeut guère ! Cessons d’agir au Bénin comme le font les ‘’pays amis’’; ceux-là même qui prennent des mesures hostiles contre les pêcheurs étrangers que sont nos compatriotes, et qui oublient que leurs activités leur sont largement favorables.
Créer les conditions du retour et de la réINSERT IGNOREion des pêcheurs marins artisanaux expatriés
S’agissant justement de ces pêcheurs marins que notre absence de politique de pêche a fait expatrier, on les fait déguerpir des bords de l’eau qu’ils ont assainis pendant de longues années parce qu’aujourd’hui cet espace est viable. Alors leurs embarcations ne sont plus en sécurité. Leurs femmes n’ont plus où fumer le poisson. Et souffrez que je vous décrive une partie de la situation de ces marins artisanaux béninois à l’étranger sur un modèle.
Outre le déguerpissement des lieux de production, on ramène officielle-ment à la baisse leurs chiffres d’affaires. La bassine de sardines qui se vendait à trente mille francs a été fixée autoritairement à treize mille francs (57% de baisse) par la Direction des Pêches. S’en est suivi un bras de fer qui a duré six mois pendant lesquels la pêche leur fut interdite. De guerre lasse et la mort dans l’âme, ces pêcheurs acceptèrent de vendre la bassine de sardines à treize mille francs. Ça, c’était au Gabon il y a seulement deux ans.
La carte de pêcheur est demandée lorsque des contrôleurs abordent les barques en mer dans la zone de pêche. Souvent, ces contrôleurs s’intéressent plus à la carte de séjour sur les eaux où ils pêchent. Un équipage compte environ quinze pêcheurs. Si un seul des pêcheurs n’a pas sa carte de séjour en mer, toute la compagnie est pénalisée jusqu’à cinq cents mille francs, voire six cents mille francs et par-fois deux fois dans la même journée par deux équipes distinctes, la deuxième équipe ne voulant rien savoir du premier contrôle. C’est de l’arnaque. En somme, les pêcheurs vivent dans une insécurité totale sur terre et sur mer.
La carte de séjour, vous ne savez pas ce que c’est ! Vous avez de la chance, C’est un cauchemar pour celui qui ne la possède pas. Si vous n’en êtes pas détenteur, vous ne pouvez pas dormir, vous ne pouvez pas sortir de chez vous ni aller chercher à manger, ni aller à l’hôpital vous faire soigner, vous ne pouvez pas avoir le visa pour sortir du territoire et regagner votre pays d’origine.
Et pour se la faire rétablir, outre les documents et la somme à payer (cent cinquante mille francs), il faut partir de chez soi et arriver au service de l’immigration avant 5h30 (du matin, s’il vous plaît). Même en cas de pluie, l’attente se fait à l’extérieur, dans la rue, jusqu’à ce qu’on vienne vous autoriser à rentrer. A 6h15, l’accès au service des cartes de séjour vous est refusé. Et si le délai du rétablissement est dépassé, vous devez payer une amende ‘’honorable’’.
Toute la vie des pêcheurs est soumise aux aléas. Et ils n’ont plus de vie familiale : ils sont condamnés à laisser leurs enfants et parfois leurs épouses au Bénin. Très souvent, ce sont leurs femmes qui paient le tribut de la séparation. Le congé du pêcheur se fait tous les deux ans, voire quatre ou cinq ans. Et c’est en ce moment qu’un enfant peut voir le visage d’un père ou le sourire d’une mère, ou une femme peut revoir le visage d’un mari. Comprenez ce que je veux dire ! La famille est démembrée. Et le regroupement familial à l’étranger est encore plus périlleux que jamais. Beaucoup de pêcheurs ont subi, la mort dans l’âme, des divorces précoces, l’abandon scolaire des enfants restés au Bénin. Le piège se ferme lorsque le pêcheur se trouve une maîtresse dans le pays d’accueil, et surtout si cette dernière a plus d’un amant. C’est le sida ou les MST qui guettent le pêcheur.
On nous dira qu’ils ont choisi. C’est vrai. Est-ce de gaieté de cœur ? Mais que nous leur avons offert pour qu’ils évitent de mener ce type de vie ? À une époque donnée, beaucoup de pêcheurs sont revenus du Congo très affaiblis par la maladie du siècle. Et vous croyez que le Béninois de l’intérieur est à l’abri de cette situation ?
Ils se sont expatriés parce que nous les avons menacés dans notre port de pêche (posez la question à l’ancien MI-SON de la période ‘’révolutionnaire’’), nous avons cherché à les déloger de leur habitat (Route des Pêches), nous avons détruit un pan de leur quartier à Xwlacodji et nous les avons rendus dans des situations précaires dans leur propre pays (pire que les SDF). Ce fai-sant, nous donnons bonne conscience aux ‘’pays amis’’ qui accueillent nos compatriotes et qui les maltraitent. Pouvait-on encore mieux faire pour donner des exemples à nos ‘’amis’’ ?
Le désensablement et la suppression des obstacles pour gagner la haute mer sont une nécessité économique et financière.
Voilà ce qui justifie le désensable-ment de la lagune, mais aussi la créa-tion d’une voie de navigabilité entre la mer et le fleuve Mono à Grand-Popo. C’est une nécessité économique. C’est aussi une mesure destinée à soulager les finances de l’État en minimisant la perte de devises (Balance des Paiements). C’est une mesure sanitaire pour la population béninoise. C’est une mesure destinée à gommer les mesures antisociales décidées et exécutées contre les pêcheurs marins à Cotonou. Tout ceci milite pour que le pouvoir politique se penche sur ce secteur longtemps délais-sé, voire méprisé.
Eu égard à tous ces problèmes dans les pays d’accueil, la tendance de beaucoup de pêcheurs au Congo et au Gabon est au retour et à la réINSERT IGNOREion au Bénin. Il faut situer le nombre de barques béninoises dans ces deux pays de l’Afrique centrale autour de huit cents. Si on ajoute celles du Cameroun et de la Guinée Équatoriale, nous tournerons autour de mille embarcations béninoises. La volonté du retour est plus forte que jamais, surtout avec l’enrochement programmé pour la protection de la côte béninoise au large de Grand-Popo. Nous avons intérêt à prévoir le retour de nos compatriotes, sinon ils ne nous pardonneront pas les larmes de crocodile en cas de mauvaise tournure des événements, puisque certains pays de l’Afrique centrale ont reçu la Palme d’Or du rapatriement de masse.
Des exemples de protection des pêcheurs existent sous d’autres cieux
Le retour sera favorisé par la facilité des sorties en mer et des retours sur terre grâce à un port de pêche à Grand-Popo, annexe du projet de l’enrochement à Grand-Popo. Des exemples existent déjà : à Aného, au Togo, les embarcations peuvent arriver de la mer et accoster sur la berge du lac sans danger. À Kribi, au Cameroun, la même solution existe pour permettre aux barques d’atteindre la mer sans danger. En Guinée Équatoriale, les pêcheurs ont la facilité d’aller en mer et de regagner la terre sans confrontation avec les vagues.
Les pêcheurs expatriés pensent que si la volonté politique existait, ils pourraient, eux aussi, bénéficier des conditions favorables au développement de la pêche maritime. C’est pourquoi ils ont suggéré qu’au niveau de la Bouche du Roy (embouchure à Grand-Popo) un enrochement intelligent pour faciliter une route maritime entre la mer et la lagune, ainsi la berge lagunaire serait un abri naturel pour leurs barques. Nous, nous pensons que pour favoriser le retour et la réINSERT IGNOREion des pêcheurs expatriés et aussi pour arrêter l’hémorragie des bras valides vers d’autres cieux, il est urgent de pro-grammer la création d’un port de pêche fluvial dont l’entrée se situerait à la Bouche du Roy et dont les quais longeraient la berge du fleuve Mono depuis la Bouche du Roy jusqu’à Honkihoué. Ce port accueillera des barques de la pêche artisanale et plus tard des bateaux de pêche industrielle et les retombées économiques seront nombreuses et non négligeables pour le Bénin.
Les avantages des mesures à prendre ne sont pas négligeables
Les avantages de cette solution, favorisée par l’enrochement en cours le long de la côte béninoise d’Avrékété à Hillacondji sont, à première vue, en faveur du pêcheur marin. Mais cette solution est bénéfique aussi pour l’État. Les prises maritimes vont augmenter contribuant à diminuer les importations trop importantes de poisson au Bénin. Par conséquent, la sortie des devises diminuerait et soulagerait la Balance des Paiements du pays.
Le port de pêche actuel est devenu trop exigu pour une population qui a été multipliée par au moins dix, depuis 1974. Cet espace, occupé par des pêcheurs depuis près de 50 ans, n’a connu qu’un seul aménagement, non pas du fait de l’État béninois, mais par la générosité intéressée du Japon. C’est à l’État béninois de protéger ses citoyens et de favoriser leurs activités économiques. Le désengorgement de ce port sera un avantage incontestable.
Les activités annexes que sont le fu-mage, la conservation, la transforma-tion des produits halieutiques, leur commerce et leur transport vers des centres urbains absorberaient une par-tie du chômage. La migration de la population vers Cotonou engorgé diminuerait considérablement et on pourrait même observer le phéno-mène inverse.
Le Bénin ne perdra plus de bras va-lides des artisans pêcheurs sous d’autres cieux. Le plus grand peuple pêcheur migrant au sud du Sahara est le peuple béninois. Les plus grands foyers de pêcheurs Xwla sont sur toutes les côtes africaines : Guinée-Conakry, Côte-d’Ivoire, Nigeria, Guinée Équatoriale, Cameroun, Gabon, Congo-Brazzaville. Si les autres peuples de pêcheurs africains ne sont pas aussi dispersés que les nôtres, c’est que leurs États les protègent et les encadrent.
Il y a plus de barques béninoises à l’étranger qu’au Bénin et il y a plus de navires étrangers pêchant dans nos eaux que de barques béninoises dans le port de pêche de Cotonou. C’est le paradoxe de notre vie, de notre État. Et l’étranger remercie nos pêcheurs artisanaux en les humiliant, en les spoliant et parfois même en leur arrachant la liberté, voire la vie.
Les récentes études et statistiques montrent que la consommation du poisson est plus saine que celle de la viande, en tout cas jusqu’à ce qu’on découvre le poisson « fou », le poisson « grippé » ou le poisson « radioactif ». Un port de pêche en eau profonde coûterait cher. Les moyens de l’État sont limités, mais nous souhaitons profiter de l’opération de la protection de notre côte pour un passage à la mer sans danger, sans confrontation avec les vagues.
La particularité du poisson de mer est qu’il contient de l’iode qui empêche l’apparition du goitre. C’est pourquoi, nous demandons à notre État de protéger les activités de la pêche maritime, de protéger le peuple béninois en lui faisant consommer plus de poisson que de viande. Alors, les pêcheurs marins s’engageront à braver les flots et à ramener, si le Dieu le veut, des poissons sur la terre ferme.
En faisant un passage protégé pour les barques entre la mer et la lagune, tous les villages côtiers de Grand-Popo auront leurs débarcadères. Les chances d’introduire des maladies provenant des pays d’accueil deviendront presque nulles. L’action des pêcheurs sera posi-tive sur le produit intérieur brut, sur la balance des paiements du pays.
Le ballon est dans le camp du gouver-nement (près de six ministères concer-nés).
Qu’en pense l’État ? Va-t-il aider les pêcheurs de la pêche lagunaire et ma-ritime à l’aider pour la santé du peuple béninois, pour sa Balance des Paiements, pour l’augmentation de son P.I.B, pour lutter contre le chômage des milliers de Béninois du secteur ?
Personne ne comprendrait qu’un pays qui a l’océan à ses pieds et de nombreux cours d’eau soit contraint à importer du poisson, alors qu’il laisse les chalutiers étrangers piller dans ses eaux maritimes des ressources halieu-tiques dont il a besoin pour nourrir son peuple. Une politique de développement rural doit s’étendre aussi au secteur de la pêche maritime pour être complète et intégrée.
« L’efficacité d’une arme dépend de l’armurier ! ». Les pêcheurs sont les armes, ils seront efficaces si l’armurier qu’est l’État le veut.
Cotonou 04 Décembre 2019.
Michel-Anoumoun AGBOESSI
Diplômé en Hautes Études de Re-cherches Spécialisées (D.H.E.R.S)
‘’Mutations Structurelles et Politiques de Développement’’de l’Université de Paris I (Pan-théon-Sorbonne)

Bénédicte DEGBEY

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