« CONVICTIONS » : Célestine Zanou décortique encore son livre

La démocratie telle que expérimentée au Bénin depuis 1990, est-elle réellement ce qui convient à l’épanouissement des populations et leur ancrage dans des valeurs porteuses du développement de notre pays ? Quel modèle de démocratie pour l’Afrique et les africains ? Au-delà de ces questions fondamentales au menu, la moelle épinière de ce forum numérique s’est focalisée sur d’autres extraits du livre « CONVICTIONS » C’est le cas de l’inculturation aux pages 165-167.
INCULTURATION POUR…
Qu’à cela ne tienne ! Ce qui compte pour chaque nation, quelle qu’elle soit, c’est de réfléchir à adapter le phénomène démocratique à ses propres réalités sans pour autant contrevenir aux minima des Relations internationales.».
Après ces prérequis, Célestine Zanou poursuit dans son livre que : « C’est pourquoi, nous affirmons que la démocratie est d’abord et avant tout une volonté politique de construire ensemble, de la base au sommet, une nation de paix, de justice et de prospérité dans le respect de nos différences et dans un contexte de discipline librement consentie.
Qu’importe le positionnement géographique des pays, les différences doivent constituer la principale synergie qui porte les gouvernants à promouvoir le développement, tout en restant collés aux valeurs endogènes.».
Célestine Zanou inspirant toujours la réflexion laisse à la postérité : « En somme, il nous faut une culture de la démocratie tournée sur nous-mêmes, sans traîtrise ni tricherie, mais défendable partout où besoin sera.
Ainsi, il en va des Nippons, des Anglais, des Germaniques, des Suédois, des Néerlandais, des Américains, des Suisses, etc. Jamais, nulle part, la démocratie n’est d’essence ou un legs héréditaire, mais le fruit d’une adaptation progressive, d’une expérience plus ou moins réussie, d’un acte de foi politique tourné sur le vivant et sur l’existant.».
L’experte s’est attardée sur le cas du continent africain. « En Afrique, l’existant, ce sont les Africains, avec leurs us et coutumes, leurs traditions, sans lesquelles aucun développement véritable n’est possible.
Si même les produits pharmaceutiques – fruit par excellence de la science dure – doivent être adaptés aux patients et selon les climats, comment donc croire qu’il faille invoquer la démocratie – science molle par essence – comme un talisman qui marcherait à tous les coups !
L’Afrique n’a-t-elle besoin de son propre modèle démocratique pour cesser d’être le champ d’expérimentation d’autres modèles étrangers à elle ? D’où, nous serions amenés à développer un plaidoyer pour la conduite et l’approfondissement de la réflexion dans ce sens.
Mais cela passe par une reprise en main stratégique, technique et opérationnelle de l’action de gouvernement dans nos différents pays. Le cadre objectif en serait ainsi tracé.». …
POUR UNE PAIX DURABLE DANS LES URNES
Célestine Zanou a aussi articulé l’équation démocratique avec des exemples édifiants à l’appui: « C’est ma conviction que la résolution correcte de l’équation démocratique en Afrique est l’une des clés de la renaissance politique et économique du continent.
Mais j’ai pleine conscience que les différentes approches ne peuvent se limiter à l’inventaire des retombées structurelles de la fin de la Guerre froide. Et justement à propos de cette guerre, l’ironie du sort a voulu qu’elle fût des plus chaudes sur le continent.
De 1945 à 1990, en effet, l’Afrique a vécu ses pires malheurs depuis la création de l’ONU : l’Apartheid, l’Algérie française, le Congo de Patrice Lumumba, le Biafra, etc., le pillage record de nos sols et sous-sols, la déportation de nos valeurs tant humaines que civilisationnelles, etc.».
Célestine Zanou n’a pas fait une radioscopie de la démocratie mode africaine. Elle n’a pas manqué de faire des propositions. « Aussi, mes propositions tiennent- elles aussi bien du réalisme que de la foi.
Le réalisme sur la démocratie ou plus simplement sur le pouvoir politique en Afrique est tel que, pour résoudre cette équation – contexte, cohérence et pertinence compris -il faudra impérativement changer l’Afrique, non pas seulement par rapport à la Conférence de la Baule ou de tous autres sommets à elle semblables, mais surtout par rapport à l’Afrique elle-même.
Cette Afrique de la Somalie qui sombre depuis 1991, celle du Libéria de l’Ecomog, celle du Togo et du Tchad des années 1990, celle de l’Algérie et du Mozambique de la même période, celle de la Côte d’Ivoire de Marcoussis, celle de la Guinée de 2010, celle du Kenya des années 2000 et 2010, celle de la Gambie de 2017, celle du Bénin de 2019, et celle du Soudan du Sud et du Malawi, pour ne citer que ces tristes Afriques-là.».
« Ainsi, c’est moins à une critique qu’à une autocritique que j’invite. Qu’avons-nous fait de la disponibilité du Peuple africain pendant toute une génération ? Quels ont été les soldes historique, politique, économique et humain de nos ambitions légitimes et illégitimes dans la quête du pouvoir d’État et son exercice sur le continent ?
Or, la cause générale de cette tribulation est, de toute évidence, le déficit de légitimité, c’est-à-dire de démocratie, comme l’exprime si bien Barry Schultz : « Il ne fait pas de doute que la démocratie, dans son sens le plus vaste et le plus général, est la manifestation du principe fondamental de la légitimité issue des élections.», poursuit encore Célestine Zanou.
«Et c’est ma plus grande foi qu’un jour, vaille que vaille, cahin-caha, kayo ou okay, cette légitimité-là triomphera de la légion de perversités des jeux de pouvoir en Afrique !», dit-elle pour conclure ces deux très bonnes pages.
Rappelons que ”CONVICTIONS » a été publié le 28 février 2021 à l’heure du 31 anniversaire de la Conférence nationale du Bénin.
Germain TEKLY correspond en France
Site www.lafriqueenmarche.info du 2 mars 2023 No 367