Chômage/ Plateformes : Jobs, l’armée des femmes et hommes dits “toutes mains”
Le phénomène prend de l’ampleur et les nouvelles plateformes de job fleurissent depuis quelques temps. Ces plateformes et autres sites Internet mettent chaque jour en relation des jeunes, des particuliers pour assurer des tâches de plus en plus diversifiées. Les domaines concernés sont multiples et variés.
Montage de meuble, débouchage d’évier express, petites réparations, courses, ménage, jardinage, assistance informatique, création et gestion de pages facebook… Telles sont les tâches effectuées chaque jour par des “jobeurs” pour des particuliers en échange de quelques billets.
Cette pratique d’échanges de services autrefois circonscrite au voisinage se généralise avec les plateformes de mise en relation avec des particuliers.
Le travail en freelance est bien en marche et on ne peut plus visible dans cette pratique qui court-circuite le marché de l’artisanat et du service à la personne. Les intermédiaires classiques, agences d’intérim et de services à la personne, artisans et petites entreprises sont oubliés au profit de nombreuses offres en ligne qui savent répondre plus vite et plus simplement aux exigences de la nouvelle économie à la demande.
Cette tendance est le pendant de la démocratisation de la digitalisation, de la géolocalisation, des applications mobiles et de l’essor du travail freelance et des plateformes de mise en relation. « Il me suffit de me rendre sur un site Internet de recrutement et d’appel à candidatures pour les petits boulots pour trouver de quoi m’occuper. Il ne s’agit pas de travail à temps plein mais cela m’aide », confie Julien Kossogbé, étudiant en fin de formation.
Une pratique, des opportunités.
L’idée est assez simple : permettre à des particuliers de faire appel à des prestataires indépendants, via une plateforme, pour effectuer une micro-tâche contre rémunération. Le néologisme “jobeur” renvoie à des femmes ou à des hommes dits “toutes mains”, à savoir amateurs, indépendants ou professionnels, en mesure de prêter main forte sur des missions de bricolage, d’artisanat, de service à la personne. Cette pratique permet aux demandeurs d’éviter des dépenses exagérées sur de menues prestations et réparations et aux ‘’jobeurs’’ d’arrondir leurs fins de mois grâce aux micro-services.
Du micro-service à un véritable job…
Ces dernières années, le nombre de plateformes a augmenté et le ‘’jobbing ‘’ tend à devenir un véritable job pour certains. Si la plupart des ‘’jobeurs’’ n’ont ni statut ni contrat de travail, ils sont de plus en plus nombreux à pouvoir se dégager un revenu respectable par cette seule activité. La possibilité de s’offrir un vrai complément de revenu avec quatre ou cinq jobs par mois. D’autres ‘’jobeurs’’ comme Grégoire qui restent à l’affut des annonces sérieuses y trouvent leurs comptes.
Même si certaines plateformes sont sélectives et s’assurent d’un certain niveau de connaissance, mènent des entretiens téléphoniques et valident la compétence des candidats avant de les mettre en relation avec ceux qui les sollicitent. Cela demeure une opportunité pour celles et ceux qui tiennent à avoir des revenus supplémentaires. « C’est à travers les petits jobs que j’ai pu me trouver un vrai travail. Au début, je n’y croyais pas. Mais je mettais tellement de soins dans ce que je faisais que j’ai fini par me faire remarquer positivement », explique Anthelme Houéssivi.
Le rôle des plateformes…
Les sites de ‘’jobbing’’se font les garants de la relation. Leur mission première est de faire le lien entre l’offre et la demande. Pour séduire les particuliers demandeurs, les plateformes insistent sur les économies possibles par rapport à une prestation de service classique. Le fait de mobiliser des amateurs garantit aux demandeurs une prestation moins onéreuse que celle d’un artisan ou d’un professionnel. Les plateformes ne contractualisent pas officiellement la prestation mais mettent en relation en toute sécurité et légalité les demandeurs et les prestataires, géolocalisent les ‘’jobeurs’’ et les mettent en contact avec un demandeur.
Au début, il y en a qui se rémunèrent en prenant une commission ou une marge de 10 à 30% sur chaque mise en relation. Ces frais de service incluent plus ou moins de charges d’une plateforme à l’autre mais de plus en plus, ces plateformes réussissent à avoir de la publicité afin de couvrir leurs charges. Ce qui est évident, l’explosion du ‘’jobbing’’ est spécifique au développement du travail indépendant.
De plus en plus de personnes, cumulent les jobs ou se mettent à leur compte pour arrondir leur fin de mois ou inventer une façon de travailler qui leur ressemble et correspond mieux à leurs contraintes. Avec le ‘’jobbing’’ qui est désormais en vogue, le modèle social du travail tend profondément vers un changement.
Par Ornela PARAISO .