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Centenaire/ Parti communiste chinois : Au-delà des muscles de la Chine.

Centenaire/ Parti communiste chinois : Au-delà des muscles de la Chine.

(L’Empire du milieu, un danger pour le monde?)

Le Parti communiste chinois a célébré son centenaire, le jeudi 1er juillet dernier à Pékin sur la place ‘’Tiananmen’’. A cette occasion, la Chine a montré ses muscles. « Le peuple chinois s’est levé », a dit Xi Jinping, le president chinois. Le reste du monde entier doit-il vivre le coeur serré devant cette montée en puissance de l’Empire du milieu qui devient une menace réelle?

On a vu sur la place ‘’Tiananmen’’, à l’occasion de ce centenaire, le président Xi Jinping triomphant. Mieux, on l’a vu vanter l’essor « irréversible » de la Chine, jadis colonisée et désormais deuxième puissance mondiale. « Le temps où le peuple chinois pouvait être foulé aux pieds, où il souffrait et était opprimé, est à jamais révolu », a-t-il lancé.

Triomphe après les dominations étrangères.

Après des allusions aux guerres de l’Opium, au colonialisme occidental et à l’invasion japonaise, Xi Jinping a loué le Parti communiste chinois (PCC) pour avoir permis l’augmentation du niveau de vie et restauré la fierté nationale.

«Le peuple chinois s’est levé», a proclamé le leader chinois devant une foule de jeunes et de membres du parti réunis sur la place ‘’Tiananmen’’. Xi Jinping a également rappelé la dynamique qui a permis de sortir des centaines de millions de Chinois de l’extrême pauvreté en quelques décennies. Et en cela, le leader chinois n’exagère en rien. Jusqu’au début de ce siècle, la Chine a fait des bonds inestimables dans tous les secteurs. (Nourriture, énergie, transports, agriculture, industrie… ). Dans ce pays tout a bougé.

Fondé par une poignée d’intellectuels en juillet 1921 à Shanghai encore divisée en concessions étrangères, le PCC dirige sans partage la Chine. Ce pays aujourd’hui entend continuer à s’imposer sur la scène internationale.

Rappelons que le centenaire du Parti fait l’objet depuis des mois d’une intense campagne de propagande. Le PCC cherche à lier sa légitimité au développement prodigieux de la Chine et du peuple chinois. Mais devant la montée en puissance de la Chine, les autres grands du monde doivent-ils dormir sur leurs lauriers?

La Chine, un danger permanent pour les autres?

Les observateurs avertis répondent sans difficulté. Le premier et recent cas est relatif à ce qui s’est passé avec la pandémie de covid-19 en décembre 2019. Que Xi Jinping et les autres dirigeants du PCC le veuillent ou non, la Covid-19 a commencé en Chine, puis a déferlé sur le monde. Un an après, on a eu plus de trois millions de morts dans le monde surtout aux USA et au Brésil. Jusqu’à present, l’humanité tout entière ne s’est pas encore remise de cette pandémie.

Cas Covid-19 et front militaire.

Face à cette situation, la Chine a orchestré sa propagande pour écrire et récuser les accusations contre elle. Ce pays, face aux réquisitoires, a fait dans la sidération contre le nouveau virus.

Sur le plan militaire, avec ses velléités expansionnistes territoriales, la Chine affiche boucuscule tout en mer de Chine du Sud, Pékin fait prévaloir ses ambitions et empiète sur les eaux territoriales des autres. Que fera les USA face aux appétits maritimes de la Chine ? Doit-on craindre une confrontation entre la Chine et les Etats-Unis d’Amérique?

Quid du regard belliqueux de la Chine sur Taiwan? Fera-t-elle main basse sur ce pays si Xi Jinping en fait une priorité. Les USA laisseront-ils la Chine franchir le pas?

Le pays de l’oncle Sam est conscient de la montée en puissance militaire de la Chine. Pour cela, les Etats Unis veulent investir 20 milliards de dollars dans le secteur militaire dans les meilleurs délais.

Economie et propriété intellectuelle.

La Chine n’est pas épargnée par sa vision souvent étriquée sur le plan de la propriété intellectuelle, Mieux, sa stratégie en ce qui concerne la G5 et sa fibre optique ne fait qu’engendrer un tir groupé de critiques.

L’économie sera également un terrain de rivalités entre les USA et la Chine. L’empire du milieu qui est la deuxième puissance économique mondiale désire déposséder les Etats-Unis de son parapluie de première puissance. Une volonté farouche qui devrait se heurter à deux écueils de taille.

La Chine ambitionne de dépasser les États-Unis en 2049, année du centième anniversaire de la mort de Mao Zedong. Le cap est donc placé et la Chine a déjà pris rendez-vous. Ce défi est-il réaliste au regard des écarts trop grands entre les deux pays ?

Certes, les progrès économiques réalisés par la Chine sont divers et immenses. La Chine a endigué la pauvreté, et dans plusieurs secteurs, l’industrie atteint les standards internationaux. Avec le gigantesque projet de la ‘’Route de la Soie’’ qui a réussi de plus en plus la prise de contrôle discrète des entreprises étrangères avec un arsenal de moyens.

Toujours dans ce domaine, de nombreuses entreprises chinoises rivalisent avec les gafas américaines. Elle démontre qu’elle dépasse certaines entreprises européennes dans le numérique.

L’’administration américaine est consciente du danger que représente la Chine.

Au regard des objectifs chinois avec l’élan qui se poursuivra avant la date fatidique de 2049., les Etats Unis ne croiseront pas les bras, bien au contraire surtout grâce à la formidable machine technico-financière de l’actuelle première puissance mondiale (USA) qui n’est pas prête de s’arrêter.

L’appel de Joe Biden, l’actuel locataire de la Maison Blanche qui prévoit des milliards de dollars dans les secteurs d’avenir est un signe avant-coureur qui démontre que l’oncle Sam ne dormira pas sur ses lauriers pour garder sa puissance. Et la tradition du ‘’soft power’’, la priorité des priorités démontre à plus d’un titre que les Américains sont prêts à tout faire pour garder leur supériorité.

Dans le ‘’hard power’’ contrairement au ‘’soft power’’, les prouesses de la Chine pourraient lui permettre un jour d’égaler les États-Unis dans le domaine militaire et industriel, deux composantes importantes du ‘’hard power’’.

Cependant, dans le domaine du ‘’soft power’’ paraît autrement difficile. Le ‘’soft power’’ américain force l’admiration par sa capacité de frappe. Les Etats-Unis ont d’autres atouts grâce à la langue anglaise. Il en est de même en ce qui concerne la densité technologique extraordinaire de la production cinématographique de Hollywood et des studios Disney.

Violations des droits de l’homme.

Si sur le plan externe, la Chine suscite des inquiétudes de déstabilisation, sur le plan interne, elle ne rassure guère sa propre population.

Sur le plan des libertés, hormis le “goût d’ailleurs” qui consiste à donner à des millions de personnes, la possibilité de voyager et d’aller découvrir les réalités extérieures, la Chine fait comme la Corée du Nord. La censure et les médias sont des points noirs de la politique de domestication du peuple chinois. Le cas dramatique des Ouighours donne même l’impression selon les experts des droits de l’homme qu’on assiste à une épuration ethnique.

A part les citoyens de l’Empire du milieu, il suffit de jeter un regard sur ce qui se passe ces derniers jours à Hong Kong pour comprendre que la Chine n’est pas un exemple en matière de démocratie et du respect des droits de l’Homme.

La Chine changera-t-elle de cap afin de quitter le viseur des autres qui l’accusent de destabilization? Dans sa bulle du fait de ses succès économiques, ne sera-t-il pas difficile de la voir quitter sa posture de provocatrice?

Murielle Kai MENSAH.

Journal L’Afrique en Marche du 5 juillet 2021.

Bénédicte DEGBEY

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