BOAD : 50 ans à la sauce béninoise L’Editorial de Titus FOLLY

La Banque ouest africaine de développement (BOAD) célèbre ses noces d’or les 13 et 14 novembre 2023 à Lomé à son siège social. Elle est donc en mode séduction. Quand on dit BOAD, au-delà de ses milliards de F.CFA en prêts, cette institution financière a une résonance particulière pour les Béninois, car elle est pilotée par des Béninois. Dans L’exercice de ce jour, on va feuilleter l’almanach pour mettre en exergue nos compatriotes qui ont dirigé la BOAD.
A l’heure des changements climatiques, je dis comme le pape François : « Notre nature s’écroule.».Préservons-la donc.
Hormis le précurseur et 1er président de la BOAD, Pierre Claver Damiba (1975-1981) et l’intérimaire Issa Coulibaly (2006-2008), cette institution financière a été durant 42 ans sur 50 sous la coupole de cadres béninois. Cette présidence qui incombe aux nôtres découle d’une clause sibylline historique entre les pays de l’UEMOA.
Par ordre, dans la série des Béninois de la BOAD, on a Abou Bakar Baba Moussa (1982-1994); Boni Yayi (1995-2006);
Bio Tchane (2008-2011); Christian Adovèlandé (2011-2020) et Serge Ekoué depuis août 2020.
En 42 ans, comme dans une sorte de carrousel ou de tournoi entre nos concitoyens, qui ovationner?
ENTRE FAITS ET…
Suite à notre participation au sommet de 1999 de Lomé avec Eyadéma Gnassingbé, l’ex président togolais, nous suivons depuis lors davantage les faits et gestes tous les présidents qui se sont succédé. Au brevet des privilèges et sur les abords loquaces des actes de chacun, nous plébiscitons sans trembler, Christian Adovèlandé.
Nommé le 10 février 2011 à Bamako, l’avant-dernier président de la BOAD est un technocrate de la maison. Mais avant, au-delà de ses fulgurances, il a su gravir les échelons et parvenir au sommet de la BOAD.
En effet, au cours de ses deux mandats, il a réussi à impulser des réformes ambitieuses. Mieux, il a été visionnaire surtout par rapport au défi des changements climatiques. Quand il a voulu lancer le Fonds carbone dans le cadre de l’Initiative « Carbone », dans une association CDC Climat du groupe Caisse de dépôt et Proparco (Groupae AFD) et BOAD, beaucoup ont eu un visage entre vermeil et sommeil dans une sorte de sofa. Ils n’ y ont vu qu’une sorte d’aventure ou une occasion de gaspillage des deniers de l’institution.
Au finish, le grand « nombre populacier » n’a pas eu raison de lui. Christian Adovèlandé fut l’un des pionniers de la galaxie bancaire en Afrique à comprendre tôt, les enjeux carbone. C’est ainsi que la BOAD a affiché sa vocation à servir de modèle contre le réchauffement climatique pour ne pas être en retard par rapport à concept qui apparaît aujourd’hui comme un brandon de misère.
…GESTES REMARQUABLES
Un autre fait majeur à son actif a eu lieu le 16 octobre 2019. En effet, Christian Adovèlandé a lancé un « Eurobond » à 830 millions de dollars et à 4,7.% pour une maturité de 12 ans. A cette étape, il n’y a rien d’extraordinaire.
Contre toute attente, à l’annonce de l’accord, ce montant a fait l’objet d’une opération de couverture en Euro. Ce pari gagné avec brio n’est pas à la portée de tous les orfèvres. C’est une question de crédibilité.
Les échos de ce savoir-faire parviennent au roi Mohammed VI du Maroc qu’on ne présente plus sur le continent africain. Le souverain chérifien a donc décidé de l’entrée du royaume au capital de la BOAD pour un million de dollars.
En faisait ce plein-feu sur Christian Adovèlandé, certains vont « naturellement » écarquiller les yeux pour leur champion, Boni Yayi.
En vérité, la vision de Christian Adovèlandé est à l’opposé de celle de Boni Yayi. En effet, l’ex président béninois quand il était au poste, a marqué plus d’un avec sa suffisante générosité. ( Reconnaissons à César ce qui lui revient).
Cependant, son « exemplarité » à se servir de cette institution comme une rampe de lancement pour conquérir la présidence de la République restera pour longtemps dans nos mémoires.
Quant à Serge Ekoué, l’actuel président de la BOAD, j’attends personnellement qu’il sorte de sa torpeur pour vite marquer les esprits, car les années s’envolent et s’éparpillent déjà.
A défaut de visibilité depuis deux ans, on continue de saluer la hauteur d’esprit de Christian Adovèlandé pour le travail abattu.
Site www.lafriqueenmarche.info du 13 novembre 2023 No 529
« La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-la du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.».