Bio Guerra n’est pas un cow-boy américain

L’Editorial de Titus FOLLY
Où sont passés les spécialistes et chercheurs du département d’Histoire et d’Archéologie de l’Université de Calavi ( le plus illustre parmi eux à nom Didier N’Dah)? Sont-ils fiers de l’effigie de Bio Guerra à Cotonou représenté comme un cow-boy américain ? Analyse dans l’exercice de l’Editorial du jour.
On ne peut nier la volonté politique du régime de la « Rupture » ces dernières années pour une renaissance mémorielle du Bénin. Plus que jamais, Patrice Talon commence par s’inscrire dans la lignée des nationalistes.
Cependant, en voulant réhabiliter Bio Guerra, ne fallait-il pas éviter les stratégies historiques ajustées aux contraintes politiques?
Les constats
En revenant de l’aéroport international de Cotonou ‘’Bernardin Gantin’’, hier lundi 15 août 2022 nous avions eu l’occasion de voir de près le monument dédié à illustre ancêtre qui a combattu la colonisation française.
A l’observation, c’est une représentation qui a l’air d’un cow-boy avec des bottes et un chapeau à l’américaine.
On a donc poussé avec tant d’énergie, l’exhibition de symboles pour ériger un monument avec une approximation de farfadets. En effet, en dépit de la mobilisation des ressources et la diffusion d’une idéologie dominante par rapport à ce programme spécial des sites mémoriels, les erreurs sont là.
Pour les anciens pensionnaires du département d’Histoire et d’Archéologie que nous sommes, Bio Guerra devrait avoir un style boo/baatonnu dans la droite ligne de sa culture d’origine.
Ce qui est loin d’être le cas au regard de ce grand renfort de stéréotypes qui n’est pas en lien avec le tempérament des aïeux.
Depuis lors, on n’a pas vu la ‘’proverbiale ténacité’’ surtout des chercheurs archéologues de l’UAC pour justifier ce forfait. Où sont-ils passés? Sont-ils également dans la trahison des clercs où l’histoire avec son éventail n’est plus une discipline savante ? Ont-ils été associés à cette configuration où la légitimation des pratiques peuvent apparaitre avec moins de clarté ? Ont-ils été mis à l’écart comme c’est le cas ces dernières années où certaines disciplines de recherches sont dans la définition repérable de jeux imbriqués ?
Erreurs
Au-delà de ces interrogations, on ne saurait accepter une certaine logique d’accréditation de la légende nationaliste de Bio Guerra contre l’oppression française et ce pour plusieurs raisons.
D’abord, comme on le voit à quelques encablures de l’aéroport de Cotonou, ce monument n’est qu’une juxtaposition d’éléments matériels. Ce qui est loin des artefacts qui pouvaient mieux représenter la conception de cet héros dans une vision qui tient compte de son vécu.
Ensuite, on ne saurait accepter que Bio Guerra apparaisse aux anges proclamés par ses assassins malgré le vieux contentieux de son grand meurtre.
Si les spécialistes des universités ont démissionné, on peut compter sur les traditionnalistes en pays baatonnu pour relever les erreurs constatées. Bio Guerra ne peut être confondu à un cow-boy américain avec des bottes et un chapeau loin du style boo/baatonnou qui est sa culture d’origine.
Et en la matière, parlant du vécu mémorable de Bio Guerra, à défaut d’associer les spécialistes du département d’Histoire, on pouvait consulter des documents de référence comme celui relatif aux travaux de terrain en 2008 sur cet héros.
Je (la nuance est de taille) persiste et je signe sur la base du peu que je connais que Bio Guerra n’a pas été bien représenté.
Site www.lafriqueenmarche.info du 16 août 2022 No 268
« La vie est belle. Et chaque jour est une vie. Prenons-là du bon côté et demain, il fera beau sur la grande route.».