Une fois le serment terminé à Porto-Novo le 23 mai 2021, l’opinion s’attendait à l’annonce de la nouvelle équipe gouvernementale. Ce n’est pas le cas contrairement à 2016 où Patrice Talon a bouclé son exécutif, deux heures de temps après son serment. Les difficultés de Talon seraient de plusieurs ordres.
La formation du gouvernement cette fois-ci s’est-elle transformée en une course de haies pour Patrice Talon? Tout porte à le croire au regard de certains éléments d’appréciation.
Il y a d’abord selon nos sources, la difficulté pour Patrice Talon d’avoir de très bons profils pour remplacer certains partants à des postes très sensibles. Cette difficulté découle surtout de la réticence de certains compatriotes en fonction à l’étranger. Ils ne veulent pas laisser leur poste pour rejoindre la ”Rupture » en pleine turpitudes et en plein ”confinement diplomatique”. A cette étape, nos recoupements font état de deux ministères de souveraineté dont les pressentis hésiteraient. Rappelons au passage que dans tous les pays du monde, il existe quatre ministères de souveraineté. Il s’agit de l’Intérieur, des Affaires étrangères, des Finances et de la Défense.
Et du fait du refus de la légion étrangère, pour Patrice Talon, il n’est pas question de remplacer certains des actuels titulaires par des moins que rien.
Plusieurs équations
L’autre difficulté pour le chantre de la « Rupture » émane des propositions à lui faites par les partis alliés et de la mouvance présidentielle.
En ce qui concerne les partis alliés ( PRD, UDBN et Moele-Bénin), certains pressentis choisis par la hiérarchie de ces partis seraient contestés par la base. Mieux, certains très proches de Patrice Talon auraient des filleuls à adouber autres que les « ministrables » ayant eu l’onction du sommet de ces partis.
Dans le même cadre, il y a les propositions des partis BR et UP qui divisent les lieutenants de Patrice Talon. C’est le même scénario. Ici, la guerre des clans fait rage. On sort l’artillerie lourde contre le partenaire devenu adversaire, car « ministrable ». On lui sert ses performances électorales lors de la présidentielle du 11 avril dernier, performance en sorte de rase-mottes pour le disqualifier.
Patrice Talon serait en outre confronté aux ambitions démesurées de certains membres de son équipe de campagne. Ce qui a engendré une atmosphère délétère entre certains actuels ministres et des conseillers du chef de l’Etat.
Dans ce contexte, il ne faut pas passer sous silence la détermination de nombre d’actuels ministres qui font des pieds et des mains pour ne pas partir.
Sans oublier que l’équilibre régional, est un principe qui vaut tout son pesant d’or à chaque remaniement. Des procès d’intention fusent déjà contre certains départements qualifiés « d’enfants gâtés de Talon I », départements qui doivent revoir actuellement leurs ambitions à la baisse.
Patrice Talon doit aussi gérer le retour en grâce de certains anciens ministres très proches de Boni Yayi, son prédécesseur devenu ennemi viscéral.
Comment Patrice Talon parviendra-t-il à surmonter toutes ces difficultés?